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Les 5 sens des bovins – 02 mai 2025

Les 5 sens des bovins, pour comprendre le comportement de vos animaux

Les bovins, des animaux sensibles : Comme tous les ruminants, les bovins ont des particularités sensorielles que tout éleveur devrait connaitre pour mieux appréhender la manipulation de ses animaux.

Un animal qui refuse d’avancer dans un couloir, de sauter une rigole ou qui tape sans raison apparente, ce sont autant d’indices d’un stress environnemental qu’il est possible d’éviter avec la connaissance des caractéristiques sensorielles des bovins.

Un champ de vision binoculaire limité…

La vue est le sens le plus utilisé chez les bovins, elle représente plus de 50 % des informations sensorielles traitées. La position latérale des yeux leur procure une vision périphérique très étendue (330°) avec une grande sensibilité aux mouvements, jusqu’à 900 mètres. C’est une caractéristique commune à toutes les « proies », cela leur permet d’identifier rapidement un prédateur et de fuir. En revanche, leur capacité d’accommodation est lente et avec des mouvements brusques, ils voient les images de manière saccadée. A l’avant, la vision binoculaire, plus précise et permettant d’apprécier les reliefs et les distances, est du coup limitée (25° à 50°), devenant de plus en plus floue après l’épaule. Il existe deux zones « aveugles », juste devant le mufle et derrière les postérieurs. Et plus l’animal est stressé, plus les yeux se rétractent et s’enfoncent dans les globes oculaires, réduisant le champ de vision. En pratique, on essaiera de limiter les mouvements amples et d’aborder l’animal par le quart avant.

Vision des bovins (Le Point vétérinaire)
Les bovins ont une vision panoramique très large (330°) mais monoculaire, la vision binoculaire étant retreinte (25° à 50°). Il existe deux zones « aveugles », juste devant le mufle et derrière les postérieurs.

… et une vision des couleurs limitée

La structure de leur rétine confère aux bovins une forte sensibilité à la lumière, particulièrement marquée lorsque l’on passe de l’ombre à la lumière et avec un temps d’adaptation 6 fois plus long que pour l’Homme. Les bovins semblent mieux distinguer les couleurs chaudes que froides mais ils ont peu de cellules rétiniennes d’identification des couleurs. À ce jour, on considère que la vision des couleurs est sans doute peu utilisée et qu’ils sont plus sensibles à une variation d’intensité lumineuse, notamment avec les couleurs qui reflètent la lumière (blanc, rouge, jaune…). Au quotidien, on conseille de leur laisser le temps de s’adapter aux variations de luminosité (entrée – sortie de bâtiments) et de porter des vêtements de couleurs sombres (noir, bleu, vert, marron) moins susceptibles de les effrayer.

Une grande sensibilité auditive…

Les bovins sont très sensibles aux sons aigus et aux ultrasons, et sont capables d’entendre des bruits de faible intensité comme une feuille qui tombe au sol. La localisation de l’origine du son est en revanche peu précise, ils doivent tourner la tête pour s’adapter et orienter leurs oreilles. Les animaux connaissent parfaitement les bruits familiers (voix de l’éleveur, tracteur), rassurants car souvent signes de distribution alimentaire. Ils seront en revanche particulièrement méfiants face à tout bruit inconnu, nouvel intervenant dans l’élevage par exemple. En bâtiment, la présence d’un fonds sonore permanent comme la radio évite l’effet de surprise lors de la survenue d’un bruit inattendu (arrivée de l’éleveur par exemple). Sur les laitières, il a été démontré qu’une musique lente calme les vaches et efface le stress lié au fait d’être enfermé dans une étable, stimule la production d’ocytocine et augmente la quantité de lait d’environ trois quarts de litre par jour. Plus globalement, lors de la manipulation, on évitera de crier et le matériel de contention est de plus en plus souvent équipé de dispositifs en caoutchouc pour limiter les sons métalliques.

… et olfactive

L’olfaction des bovins serait quinze fois plus sensible que la nôtre. Chaque vache a une odeur différente, ce qui leur permet de se reconnaître entre elles. Et le troupeau ne vous reconnaît pas mais il reconnaît votre odeur ! Elle est rassurante alors que celle des visiteurs est plutôt perturbante, les intervenants transportant en plus l’odeur des animaux qu’ils ont touchés.  Les bovins possèdent un dispositif spécifique, l’organe de Jacobson, qu’ils utilisent lorsqu’ils font du flehmen ; l’encolure est tendue, la lèvre supérieure retroussée et ils aspirent de l’air la bouche semi-ouverte. Cela leur permet notamment d’identifier très finement les phéromones de la reproduction ou de stress, animales comme humaines !

Le flehmen (Wikipedia)
Les bovins possèdent un dispositif spécifique, l’organe de Jacobson, qu’ils utilisent lorsqu’ils font du flehmen. Cela leur permet notamment d’identifier très finement les phéromones de la reproduction ou de stress, animales comme humaines !

Des capacités gustatives comparables aux autres espèces

Les bovins disposent des mêmes récepteurs que l’Homme permettant de discriminer les goûts primaires : salé, sucré, acide et amer. Ils apprécient le salé et le sucré et on utilise cette appétence dans la conception des Aliments Minéraux et Vitaminés (AMV). Pour le sel, les animaux ont la capacité à s’autoréguler. Pour le sucré, on retrouve les mêmes phénomènes de « gourmandise » que chez nous, ce qui peut expliquer des niveaux de consommation variables suivant les individus. A l’inverse, ils apprécient peu l’amertume, souvent associée à des plantes toxiques notamment. Cette sensibilité gustative est particulièrement manifeste avec l’abreuvement, avec une baisse de la consommation dès 2,5 g de matière fécale par litre d’eau et une baisse de l’ingestion de matière sèche à partir de 5 g/l. On retrouve également cet impact avec le nettoyage des abreuvoirs, si on passe d’un nettoyage tous les 15 jours à un nettoyage hebdomadaire, on gagne 4 % de croissance sur les veaux et même 7 % avec un nettoyage quotidien.

Un toucher apaisant au garrot et à la base de la queue…

Une fois l’effet de stress lié au contact surmonté, la palpation ou le grattage des animaux dans des zones précises comme le garrot et l’attache de la queue semblent avoir un effet apaisant et diminuent la perception de la douleur. L’installation de brosses est d’ailleurs fortement recommandée dans les stabulations. Les bovins étant des animaux grégaires, le toilettage mutuel est un comportement fondamental dans un troupeau et il induit une baisse de la fréquence cardiaque. Quant aux veaux, il faut les toucher le plus tôt possible après la naissance, idéalement avec des contacts dits « positifs », donc sans douleur ni cri. Une fois plus âgés, ils seront ainsi plus faciles à manipuler.

… et une grande capacité à masquer la douleur

La sensibilité à la douleur est la même que dans les autres espèces mais s’exprime moins ou plus tardivement dans le comportement et la posture. Comme chez toutes les proies, exprimer un signe de faiblesse peut déclencher l’attaque du prédateur. C’est un point très important et pour toute intervention potentiellement douloureuse sur les animaux (vêlage, césarienne, écornage, intervention sur le pied…), il faut l’anticiper avec administration de sédatifs, anesthésiques ou anti-inflammatoires. Les bovins sont également très sensibles aux courants électriques du fait d’une résistance plus faible, accrue en zone humide. Cela permet d’avoir des dispositifs de clôture très performants, mais à l’inverse, il faut rester très vigilant sur les courants parasites très fréquents en élevage et d’origines diverses (courants de fuite, décharges électrostatiques, induction magnétique ou électrostatique…).

Prendre en compte ces éléments pour mieux comprendre les bovins

Il est impossible de se mettre totalement à la place des animaux mais la connaissance d’éléments anatomiques permet de mieux comprendre et anticiper le comportement des animaux. Rester calme, ne pas effrayer les animaux par des gestes ou des couleurs trop lumineuses et interagir régulièrement pour qu’ils s’habituent à l’Homme sont les gages d’un troupeau facilement manipulable. Tous ces éléments sont également à prendre en compte dans la conception des installations de contention. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à échanger avec votre vétérinaire, nos services ou votre technicien Farago.

Dr Boris BOUBET
GDS Creuse