Diarrhées néonatales 1/3 – Immunité du veau – 09 novembre 2012

L’immunité du veau, un facteur essentiel
Une évaluation prise en charge par GDS Creuse

 La protection du veau pendant les 1ères semaines de vie dépend de la qualité du transfert colostral. Depuis 2010, une prise en charge des analyses permettant son évaluation est proposée par GDS Creuse.

 L’avenir du veau se joue dans les 1ères heures qui suivent sa naissance. Dans l’utérus, le fœtus se trouve sous haute protection, à l’abri des agents infectieux. A la naissance, un envahissement brutal de son tube digestif par les microorganismes se réalise alors qu’il est totalement dépourvu de défenses immunitaires, d’où la nécessité, pour le veau, de naître dans un milieu le moins contaminé possible (cf. prochaine article) et d’absorber correctement le colostrum afin de se constituer un capital immunitaire.

L’avenir sanitaire du veau fonction de la qualité du transfert immunitaire

Un élément clé de la 1ère période de vie du veau s’avère être le colostrum, sa quantité, sa qualité, son absorption et sa bonne utilisation par celui-ci. Le veau nait sans défenses immunitaires, il lui est donc indispensable d’absorber des immunoglobulines en quantité et qualité suffisantes. Ces anticorps, apportés par le colostrum, lui permettent de se défendre contre les agents infectieux présents dans l’élevage pendant les 1ères semaines de vie. Il existe une relation directe entre les taux de mortalité et de morbidité au sein d’un élevage et la concentration d’anticorps du veau à 24/48 heures. La concentration minimale nécessaire se situe de 15 à 20g/L de sérum. Les veaux privés totalement de colostrum présentent une mortalité voisine de 90%.

Une bonne préparation du colostrum par la mère à assurer

L’origine des anticorps du colostrum est double, une partie provient du sérum et passe dans la mamelle, le reste est synthétisé dans la glande mammaire. Le transfert débute 2 à 3 semaines avant le vêlage. Ce mécanisme qui s’accélère dans les jours qui précèdent le vêlage permet le passage de quantités considérables d’anticorps du sang vers la mamelle (jusqu’à 1,5 kg). En conséquence, la période de tarissement doit être au minimum de 30 jours. Pour une synthèse adéquate du colostrum, la mamelle doit être saine d’où l’importance du dépistage de la prévention et du traitement des mammites de tarissement. Le colostrum correspond au liquide qui se trouve dans le pis au moment du vêlage. Ensuite, la sécrétion lactée s’effectue et la composition du colostrum se modifie progressivement. La concentration en immunoglobulines est divisée par deux à chaque traite. Donc, toute vache ayant fait l’objet d’une traite avant le vêlage (veaux voleurs, perte de lait…) sera repérée afin d’apporter un colostrum de remplacement à son veau.

Une prise de colostrum qui doit intervenir rapidement

Dans les heures qui suivent la naissance, le veau doit absorber au minimum 40 ml par kg de poids vif de bon colostrum. Le veau ne sera protégé que lorsque son intestin aura absorbé assez d’immunoglobulines. La capacité d’absorption des immunoglobulines colostrales par la muqueuse intestinale est maximale à la naissance. Il est donc indispensable que le veau ingère le colostrum dès les premières heures de vie. Quand on sait que la capacité d’absorption de l’intestin diminue d’autant plus vite que l’animal a subi un stress plus important, on comprend que plus le veau a souffert à la naissance et plus il doit recevoir rapidement du colostrum (dans les deux heures qui suivent).

Une tétée spontanée à faciliter, une surveillance rapprochée à effectuer

La tétée spontanée du veau est d’autant plus précoce qu’il est, avec sa mère, libre de ses mouvements. Dans ces conditions, le veau est capable d’absorber les quantités de colostrum nécessaires à sa protection : 1.5 L dans les deux 1ères heures et 4,5 L dans les 12 heures. Un ensemble de facteurs peut toutefois entraver la tétée spontanée du veau. Une surveillance est donc indispensable. Les interventions sont nécessaires en cas de vêlage difficile : rapprocher le veau de sa mère pour qu’elle puisse le lécher, bouchonner le veau, lutter contre l’anoxie, le réchauffer, l’aider à se lever, à trouver le trayon.

Une distribution artificielle de colostrum à déclencher tôt en cas de besoin

La distribution artificielle du colostrum se limite, en élevage allaitant, aux veaux qui ne peuvent obtenir par la tétée un transfert colostral suffisant, soit du fait de leur mère (colostrum insuffisant, mamelle, comportement), soit parce qu’ils sont eux-mêmes trop faibles. En élevage laitier, les veaux, restant avec leur mère jusqu’à la 1ère traite, ont la possibilité de téter pendant les 1ères heures. Le surplus de colostrum de 1ère traite sera distribué dans les heures qui suivent. La 2ème distribution de colostrum intervient au plus tard au moment de la 2ème traite. La distribution doit ensuite être poursuivie, pendant au moins 3 jours pour renforcer la protection locale de l’intestin du veau. Du 3ème au 8ème jour, on peut adjoindre du colostrum au lait. Lors d’utilisation de la sonde œsophagienne, dans la mesure où il est présent, on prendra soin de respecter le réflexe de succion et de faire progresser la sonde en fonction des mouvements de succion du veau. Si le veau n’est pas stressé, l’absorption intestinale est élevée.

Le contrôle du transfert immunitaire, un outil indispensable à mettre en place

Le transfert d’immunité s’apprécie par le dosage des globulines sur un pool minimum de 5 veaux âgés de 2 à 6 jours et ne présentant pas de signes de maladie (diarrhée, grippe…). C’est un test collectif qui permet d’avoir une image du transfert d’immunité. En cas de résultats défavorables, l’analyse des causes portera sur les différentes étapes du processus de synthèse de la vache (alimentation, parasitisme…) à l’absorption par le veau (veaux faibles, veaux voleurs…). Le contrôle de la qualité du colostrum permettra de situer le niveau du problème, mauvaise production de la mère et/ou mauvaise absorption du veau. Il se réalise grâce au pèse colostrum qui indiquera l’état mauvais, moyen ou bon de la concentration en immunoglobulines du colostrum testé.

Un investissement financier et une sensibilisation technique de manière individuelle par GDS Creuse

La quantification du transfert immunitaire lors de toute apparition de maladie dans l’élevage est donc essentielle. Face à la sous utilisation de cet outil, nous avons décidé :

  • De poursuivre la prise en charge des analyses du transfert immunitaire.
  • En relation avec les vétérinaires, de renforcer la sensibilisation à l’utilisation de cet outil.

Ainsi, tout éleveur et son vétérinaire ayant réalisé une analyse sur un jeune veau (diarrhée, grippe…) seront contactés pour les inciter à mettre en place un contrôle du transfert immunitaire.

Pour tout renseignement complémentaire, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou GDS Creuse.

Dr Didier GUERIN
GDS Creuse

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