Rentabilité en élevage allaitant – 13 décembre 2013

La rentabilité en élevages bovins allaitants
Des enjeux aux leviers d’action

Journée GDS Creuse/GTV 23 => Pour la 14ème journée annuelle, l’ensemble des vétérinaires intervenant sur le département de la Creuse était invité à s’informer sur la « rentabilité dans les élevages bovins allaitants, des enjeux aux leviers d’action ».

Dans un objectif d’approche collective du troupeau, depuis 2000, des outils ont été construits par GDS Creuse en relation avec les vétérinaires et mis à disposition des éleveurs. La journée 2011, intitulée « L’approche collective du troupeau, le passage à l’acte », a vu la réalisation d’une plaquette d’offre de services des vétérinaires, fruit d’une réflexion collective de GDS Creuse, du GTV 23 avec les vétérinaires du département.

Pour la mise en place de ces services, des connaissances complémentaires sont nécessaires. Après le bâtiment d’élevage et son implication sanitaire en 2012 (cf. article du 30/11/2012), l’approche économique a été investiguée ce 05 décembre.

La rentabilité dans les élevages bovins allaitants, des enjeux aux leviers d’action

Dans un contexte de dérégulation des marchés et de volatilité des prix, s’intéresser à la compétitivité de son atelier est crucial. Fort de l’expertise acquise au sein du dispositif Réseaux d’élevage qu’il anime en partenariat avec les Chambres d’agriculture et de son implication dans les réseaux internationaux, l’Institut de l’Elevage propose depuis 2010 une méthode nationale de calcul et un ensemble de ressources à disposition des conseillers et des éleveurs sur les coûts de production en élevages herbivores.

La 14ème journée GDS Creuse/GTV 23, intitulée « Rentabilité dans les élevages bovins allaitants, des enjeux aux leviers d’action » s’est attachée à expliciter cette méthodologie et investiguer ce qui pouvait être apporté aux éleveurs par GDS Creuse et les vétérinaires.

En matinée, Emma Sanne (Institut de l’Elevage – Service production de viande du bassin Limousin) a développé le contexte de production, les enjeux de rentabilité, la méthode des coûts de production et les systèmes à forte efficacité économique en viande bovine. L’après-midi, Delphine Guichette-Debord (Chambre d’agriculture de la Creuse) a présenté les actions de conseil technico-économique mises en place en Creuse. La journée s’est terminée avec une intervention du Dr Nicolas Athanassiadis, Président du GTV 23, sur les apports de la coopération GDS Creuse – vétérinaire dans ce contexte (cf. encadré).

Le contexte de production en viande bovine, la rentabilité au cœur des enjeux

La production bovine française est une activité aussi prépondérante que diversifiée, elle constitue un poids lourd de la production européenne. Une vache allaitante européenne sur 3 est française, le Français est le 1er consommateur européen avec 25 kg par habitant et par an. Le revenu par travailleur se situe autour de 15.000 € avec une situation qui s’est dégradée depuis 2007, une conjoncture plus favorable en 2012 avec des résultats fragiles et, en 2013, une conjoncture encore élevée avec une pause dans la hausse des charges.

Un contexte mondial porteur dans la durée, des déséquilibres offre/demande, des menaces et des opportunités à l’export

Les marchés sont perturbés par des déséquilibres entre l’offre et la demande. Ainsi, la France consomme en majorité de la femelle et produit plutôt du mâle, d’où l’importation de femelles laitières allemandes. La France et l’Union Européenne présentent une consommation et une production en diminution, d’où l’intérêt, d’une part, du potentiel vaches allaitantes qui pallie la baisse des laitières et, d’autre part, des perspectives à l’exportation. L’export présente de réelles opportunités : marchés périméditerranéens, marchés de niche « gastronomie française » (Asie et Moyen-Orient) (races allaitantes). Des menaces sont également apparues avec une érosion des commandes des clients historiques en maigre (Italie) et en viande (Italie, Grèce, Union Européenne). Elément fortement positif, le marché mondial est porteur de façon durable avec des prévisions de hausse constante du prix mondial de la viande bovine.

Une réforme de la PAC plutôt favorable aux éleveurs du bassin allaitant

La PAC en pleine réforme, avec une nouvelle structuration du 1er pilier et un 2nd pilier renforcé, devrait être plutôt favorable aux éleveurs du bassin allaitant. Rappelons que l’orientation politique sur les prix des aliments à la consommation fait que la PAC, ce sont des soutiens indispensables aux élevages qui représentent 30 à 50 % du chiffre d’affaires, plus de 100 % du résultat, cela représente 100 € par citoyen européen et par an.

Les coûts de production, une approche technico-économique de l’atelier bovin

Cette méthode permet de déterminer le coût de production en euros par unité produite, pour l’atelier bovin allaitant : le kg de viande vive. Il est réparti par poste de charges (travail, foncier et capital, frais de gestion, bâtiments, mécanisation, frais d’élevage, achats d’aliments), ce qui permet son analyse plus technique. On observe des profils différents entre exploitations, une forte variabilité du coût de production… et donc des marges de progrès.

Du coût de production à la rémunération de l’éleveur : une moyenne semblable entre les systèmes, une forte variabilité intra-système

La rentabilité de l’atelier bovin viande est la résultante de la différence entre les recettes (produits vendus + aides) et les charges (coûts de production) spécifiques de cet atelier. La rémunération moyenne permise s’avère semblable entre les systèmes (1 SMIC par UMO exploitant) avec une forte variabilité intra-système (de -0,5 à 2,5 SMIC par UMO exploitant). Les marges de progrès portent sur les coûts de production mais aussi fortement sur les niveaux de produits (productivité numérique et croissance des animaux).

Un socle commun pour dégager une performance économique de l’exploitation

Sur les 461 fermes suivies dans le cadre des Réseaux d’élevage bovin viande, 20 ont été choisies pour leur forte efficacité économique en viande bovine. Une enquête qualitative a été menée pour comprendre leur fonctionnement. Il en ressort le profil suivant. Ces éleveurs sont « complets », ils essaient de ne rien laisser au hasard. Ils présentent une bonne productivité des animaux, des investissements raisonnés et progressifs pour assurer cette productivité, une bonne efficacité des intrants, une satisfaction dans l’exercice du métier et une recherche d’amélioration avec comme mot d’ordre, l’optimisation. Pour plus d’information consultez www.idele.fr => domaines techniques/économie et gestion de l’exploitation/coûts de production.

La productivité numérique et la croissance des animaux, forte marge de progrès, son analyse, la 1ère étape de la « Sanitaire’ Attitude »

Ainsi, la productivité numérique et la croissance des animaux constituent des leviers d’action majeurs sur les niveaux de produits. La 1ère étape de la « Sanitaire’ Attitude » consiste en une analyse du bilan de reproduction et sanitaire de son troupeau (cf. article du 01/03/2013). Ainsi, cette méthodologie participe au renforcement de notre coopération pour un troupeau sain, sûr et rentable. Elle demande donc à être perpétuée et amplifiée. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter ou consultez votre vétérinaire.

Dr Didier GUERIN – GDS Creuse

 

 

 

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