Les échinocoques
Deux parasites méconnus qui peuvent contaminer l’homme
L’échinococcose : Provoquée par deux parasites de la famille des ténias, cette maladie rare reste encore méconnue. L’application de mesures de prévention simples permet de gérer le risque zoonotique.
Les échinocoques sont des vers plats de la famille des ténias. L’adulte est un parasite des renards ou des chiens, et, plus rarement, des chats. Si les échinocoques ne sont pas bien dangereux pour nos animaux de compagnie, leur forme larvaire peut être à l’origine de symptômes graves chez les ruminants ou chez l’Homme.
Important!
Echinococcus multilocularis
Un parasite du renard, plus rarement du chien et du chat
L’adulte est principalement un parasite du renard. Ses œufs microscopiques sont disséminés dans les crottes et peuvent être déposés sur les plantes, les baies sauvages, le sol et même sur les légumes du jardin. Les œufs du parasite sont ingérés par des petits rongeurs, comme les campagnols par exemple. Les parasites forment alors des kystes dans le foie. Les renards se contaminent à leur tour en mangeant les rongeurs infectés. Les chiens (et plus rarement les chats) qui chassent peuvent se contaminer de la même façon.
Une diffusion liée aux déplacements des renards
Historiquement, on rencontrait ce parasite dans le Massif alpin, la survie des rongeurs prairiaux étant favorisée par le couvert neigeux hivernal. Il a ensuite été disséminé par les renards et on en retrouve dans toute la moitié nord de la France et dans les pays d’Europe centrale et de l’Est. L’expansion au sud du parasite semble limitée par la faible résistance des œufs en milieu sec. En Creuse, une étude en cours indique une prévalence importante qui doit inciter chasseurs, cueilleurs et promeneurs à la vigilance (cf. encadré).
(Source FDC23) En France, les données manquent et un programme de dépistage des renards est actuellement en cours. Un échantillon de 100 prélèvements uniformément répartis sur le département de la Creuse a été programmé. Avec une prévalence de 42 % de positifs sur 33 renards analysés, les premiers résultats semblent indiquer une implantation déjà importante de ce parasite sur notre territoire, un point complet sera fait à la fin de l’étude.
Une maladie humaine, l’échinococcose alvéolaire
Ce sont les œufs qui sont dangereux pour les humains. L’ingestion peut se produire en mangeant des légumes ou des baies souillés, ou en portant à la bouche des mains non lavées. Les larves d’E. multilocularis se développent alors dans le foie et sont responsables de la maladie appelée échinococcose alvéolaire. C’est une maladie rare (une quinzaine de cas diagnostiqués par an, essentiellement dans l’est de la France) mais grave. Les signes cliniques apparaissent en général entre 5 et 15 ans après l’ingestion des œufs du parasite. La maladie se traduit par de la fièvre, une douleur abdominale, des troubles de la digestion, parfois une jaunisse. Le foie est progressivement détruit par une lésion d’aspect tumoral et sans traitement ou en cas de diagnostic tardif, cela entraîne le décès du malade. Le traitement est difficile : il faut essayer de retirer chirurgicalement les parasites, ce qui n’est pas toujours possible. Les médicaments antiparasitaires empêchent le développement du parasite mais ne les tuent pas, il est donc nécessaire de les prendre à vie. Les personnes les plus touchées sont les agriculteurs, les chasseurs et les travailleurs forestiers.
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Echinococcus granulosus
Un parasite du chien et du mouton
Le ver adulte est un parasite de l’intestin du chien et plus rarement du chat. La présence d’échinocoques adultes dans l’intestin n’a, dans la très grande majorité des cas, aucune conséquence. Il est d’ailleurs impossible de savoir si son animal est porteur de ce type de vers sans faire une analyse de ses crottes. Les œufs évacués dans les crottes de chien peuvent être avalés par des animaux lorsqu’ils se retrouvent sur l’herbe. Les moutons sont les plus fréquemment contaminés, mais les vaches, les chèvres et les porcs peuvent également être atteints. Une fois avalés par un herbivore, les œufs se transforment en larves qui forment des kystes volumineux dans les organes internes (poumons et foie principalement). Les chiens se recontaminent en mangeant les viscères crus de ces animaux.
Un parasite globalement sous contrôle
On rencontre ce parasite plutôt dans le sud de la France et les pays d’Europe du Sud. Les chiens de berger, qui peuvent parfois avoir accès à des carcasses de mouton, sont particulièrement exposés. En France, avec l’identification et la destruction des abats contaminés à l’abattoir et l’augmentation des traitements antiparasitaires sur les chiens, il semble que l’incidence de la maladie soit plutôt en régression.
Une maladie humaine, l’hydatidose
La contamination des humains se produit par ingestion d’œufs déposés par les chiens sur des végétaux ou en portant à la bouche des mains salies (manipulation d’excréments de chien, jardinage, caresses à un chien ayant des œufs sur le poil). Les larves d’E. granulosus se développent surtout dans le foie et les poumons, mais peuvent aussi gagner d’autres organes comme les yeux ou le cerveau. La maladie chez l’Homme s’appelle échinococcose cystique ou hydatidose, c’est une pathologie grave mais rarement mortelle. Après plusieurs années, les signes cliniques apparaissent, variant en fonction des organes touchés : hépatite, troubles respiratoires, troubles neurologiques… Le traitement est chirurgical : il s’agit de retirer l’ensemble des kystes, ou, si ce n’est pas possible, d’essayer de les détruire sous échographie. Un traitement antiparasitaire peut aussi être instauré, mais le risque de rechute persiste.
Des mesures de prévention communes à ces deux pathologies
Des gestes simples suffisent pour prévenir l’échinococcose humaine :
- Porter des gants à usage unique et un masque pour manipuler les renards et autres animaux infectés, vivants ou morts, ainsi que leurs excréments,
- Eviter de consommer des légumes crus provenant de jardins accessibles à des renards ou des fruits sauvages crus provenant d’un endroit potentiellement souillé par des renards infectés. Le lavage ne suffit pas, il faut absolument les cuire avant de les manger (conditions de cuisson : 10′ à 60°C, 5′ à 70°C ou 1′ à 100°C, la congélation domestique (-18°C) est sans effet),
- Se laver les mains à l’eau chaude et au savon après tout travail impliquant un contact avec de la terre potentiellement contaminée (travaux agricoles, de jardinage, …) ou après avoir brossé ou caressé un chien ou un chat ayant séjourné dans une région à risque,
- Vermifuger toutes les 4 semaines avec un médicament actif sur ce parasite, tel que le praziquantel, les chiens et les chats pouvant manger régulièrement des rongeurs.
Une action de sensibilisation au risque nécessaire
Encore trop souvent méconnues, ces pathologies potentiellement zoonotiques nécessitent de la communication, surtout dans nos régions rurales. Nous travaillons en ce sens avec la Fédération Départementale des Chasseurs, l’Office Français de la Biodiversité et les services de la DDETSPP. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à revenir vers nous.
DMV Boris BOUBET
GDS Creuse