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Diagnostic et prévention de l’infécondité en élevage bovin allaitant (3/3) – 20 mai 2020

Diagnostic et prévention de l’infécondité
Observer attentivement, agir rapidement

Infécondité en élevage allaitant => Toute action préventive repose d’abord sur l’appréciation du degré d’infécondité initiale du troupeau en prenant en compte l’ensemble des critères définis précédemment.

 En présence d’infécondité du troupeau, il convient de vérifier si elle est le fait de l’ensemble des vaches ou si elle découle d’une situation hétérogène.

Identifier les individus pénalisant la fécondité du troupeau et rechercher leurs caractéristiques communes

L’analyse vise à identifier les individus pénalisant la fécondité du troupeau et à rechercher leurs caractéristiques communes. La période du vêlage peut les singulariser par rapport aux autres : si les vaches à mauvaise fécondité ont mis bas, en général après la date moyenne du lot considéré, les causes sont plus vraisemblablement pathologiques (infertilité) ; si elles ont vêlé tôt, les causes les plus probables sont zootechniques : mise à la reproduction des premières vêlées tardive par rapport au vêlage, déficits alimentaires prolongés à la fin de la gestation ou au début de la lactation.

Diagnostiquer précocement toute dégradation des performances de reproduction

Dans un deuxième temps, l’objectif est de porter le diagnostic d’infécondité au moment même de la dégradation des performances de reproduction, c’est à dire lorsque l’on s’aperçoit que moins de vaches risquent d’être fécondées dans les délais souhaitables.

Corriger les facteurs d’infécondité au fur et à mesure de leurs manifestations grâce à une observation attentive et avec une action rapide

Deux attitudes de l’éleveur vont conditionner la réussite de la gestion de la reproduction :

Avoir une alimentation adéquate deux mois avant, deux mois après le vêlage

Dans notre approche de l’alimentation de la vache allaitante, deux éléments complémentaires sont à prendre en considération :

La conjonction de ces deux éléments détermine la période où il faudra concentrer le suivi de l’alimentation de la vache allaitante, à savoir de deux mois avant à deux mois après le vêlage.

Adapter sa régie alimentaire à l’évolution des périodes de vêlages

Etant donné l’évolution des périodes de vêlages dans certains élevages, cela demande une adaptation de l’alimentation en fonction de ces modifications en prenant en compte les particularités de saison : composition de la ration en matière de taux de matière sèche et de fibres, de densité et de type d’énergie ou d’azote, d’apports de macroéléments ou d’oligoéléments… Les vaches allaitantes ont des besoins en minéraux majeurs relativement limités. Quelle que soit la qualité de l’herbe et qu’il s’agisse de prairie naturelle ou temporaire, les teneurs en P et Ca sont suffisantes pour une vache allaitante. Il n’y a donc pas à se préoccuper de complémentation phosphocalcique au pâturage. Parmi les fourrages, de nombreuses graminées conduisent à des apports insuffisants, la situation étant un peu meilleure pour les fourrages issus de prairies permanentes. Les légumineuses sont mieux pourvues en calcium, phosphore et magnésium. Par contre, pour le sodium (sel), la complémentation est nécessaire pour tous les bovins, toute l’année. Pour les oligoéléments, le risque de carence est élevé dans la plupart des situations, une complémentation est donc nécessaire. Il faut aussi tenir compte d’un élément qui interfère sur le métabolisme : les infestations parasitaires, en particulier, la fasciolose (grande douve), en cas de pâturage sur des prairies humides à l’automne.

Contrôler l’involution utérine de toute vache ayant présenté un vêlage à risque

Il est nécessaire, avant la mise à la reproduction (1 à 1,5 mois après le vêlage) de faire un contrôle de l’utérus, notamment de son involution, sur les vaches ayant eu un vêlage difficile ou une pathologie post-partum. Les catégories de vaches à contrôler seront modulées en fonction de l’analyse du bilan de reproduction. Ce contrôle a pour but de détecter et de traiter suffisamment tôt les endométrites et simultanément de vérifier l’activité ovarienne. Il est conseillé l’intervention systématique, les pathologies utérines post-partum étant partiellement détectées par l’éleveur. Le contrôle se pratique en 1 à 2 interventions regroupant les femelles en fonction de leur date de vêlage.

Faire examiner toute vache non-vue en chaleur 3 mois après son vêlage ou présentant un 3ème retour en chaleur

L’anœstrus est l’un des troubles de la reproduction les plus fréquents chez les vaches allaitantes. Lorsqu’il n’est pas en relation avec l’allaitement ni avec l’absence de taureau, il révèle une situation subpathologique liée à une luminosité insuffisante en stabulation, à des stress d’origine climatique, ou, le plus souvent, à des déficits énergétiques pendant la période de stabulation ou à la mise à l’herbe. Les vaches non-vues en chaleur dans les trois mois qui suivent le vêlage doivent faire l’objet d’un examen spécifique pour vérifier l’activité ou non des ovaires, par palper rectal, pour appliquer assez rapidement une gestion appropriée. Toute vache présentant un 3ème retour en chaleur ou un retour en chaleurs plus de 60 jours après la précédente mise à la reproduction fera l’objet d’un examen le jour des chaleurs.

Mettre en place un suivi de reproduction

La fécondité du troupeau est un élément déterminant de la rentabilité d’un élevage allaitant. Une bonne gestion de la reproduction adaptée à la conduite de l’élevage du troupeau allaitant est donc nécessaire. Celle-ci comprend :

L’utilisation de ces outils sera adaptée à chaque élevage en fonction :

En conclusion, en cas de suspicion, agir sans attendre

Face à toute suspicion d’infécondité dans son troupeau, un état précis de la situation s’avère nécessaire pour pouvoir initier une analyse précise et engendrer un plan d’action adapté. Pour tout renseignement complémentaire, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou GDS Creuse.

Dr Didier GUERIN
GDS Creuse

 

Retrouvez le dossier « Maîtrise de la reproduction en élevage allaitant » dans le chapitre « Reproduction » de l’onglet « Actions – BOVINS »