- GDS Creuse - https://www.gdscreuse.fr -

Les mouvements chez les ovins – 18 novembre 2020

Les mouvements chez les ovins
Une méthode simple
Etre vigilant est indispensable

 

J’introduis des moutons => Comme dans toutes les espèces, l’introduction d’un nouvel animal présente un risque sanitaire. Chez le mouton, l’éleveur introducteur va s’appuyer sur l’historique de l’élevage d’origine, l’examen des animaux introduits, le billet de garantie conventionnelle ovin et des analyses, avec une grande vigilance par rapport aux parasites.

Lors de l’introduction d’ovins dans son cheptel, je respecte les points de contrôle suivants.

J’échange avec le vendeur

Cette étape incontournable permet de recueillir de nombreuses informations : le troupeau est-il sous appellation « indemne de brucellose ovine », quand ont été effectuées les dernières prophylaxies, les animaux ont-ils été déparasités et avec quel protocole, l’éleveur a-t-il connaissance de pathologies dans son troupeau ? Je m’assure également de disposer d’un document de circulation pour transporter les animaux.

J’examine avec attention les animaux

Ce recueil d’éléments s’accompagne d’un examen des animaux pour déterminer leur état général. Une attention particulière est à porter à l’état de la dentition en relation avec l’âge annoncé des animaux, à la mamelle des brebis et aux testicules des béliers. Je vérifie également si les animaux sont correctement identifiés.

Je vérifie l’absence de myiase

Deux mouches provoquent des myiases ovines en France : Lucilia sericata responsable des myiases classiques et Wohlfahrtia magnifica qui constitue une nouvelle menace. Leur développement dépend de la réceptivité de l’hôte, du système d’élevage, des conditions climatiques et de la situation géographique. Cette pathologie, très ancienne, s’étend pour plusieurs raisons synergiques : changement climatique et réchauffement de la planète, développement du plein-air, agrandissement des troupeaux, main d’œuvre se raréfiant entraînant des difficultés de surveillance.

Lucilia sericata se localise plutôt dans la laine avec les larves de stade 2 et 3 à l’origine des lésions. En lacérant la peau, elles creusent des galeries. La toison montre des zones lainées humides, brunâtres et d’odeur fétide avec des centaines d’asticots. La présence d’une tache brune doit alerter. En écartant la laine, des mèches tombent et les asticots sont visibles. L’été est la période à risque maximale et les zones à inspecter sont le rectum, la vulve, le fourreau, la base des cornes, les pieds ou les plaies de tonte.

Découverte en 2012 dans la Vienne, son extension a été rapide sur 3 départements : Vienne, Haute-Vienne et Charente. La mouche est présente de mi-mai à fin octobre suivant les conditions climatiques. Elle est attirée par tout écoulement de liquides physiologiques (sang, sérosité, sécrétions vulvaires), d’où les principales localisations des lésions : espaces interdigités, vulve, nombril, plaies. Wohlfahrtia dépose directement des larves, ces asticots d’environ 1 à 1,5 cm attaquent les chairs en creusant des galeries parfois jusqu’à l’os et provoquent des lésions profondes. Les animaux les plus touchés sont les ovins mais des cas sont également observés sur les bovins ou les chiens.

La propagation de cette myiase se fait par le déplacement des mouches dans les foyers, mais également lors de mouvements d’animaux porteurs des asticots. L’acheteur doit examiner tous les animaux, avec une attention particulière des zones à risque (pieds et vulves sur les brebis). Le risque est plus important l’été mais la période d’activité de Wohlfahrtia s’étend du printemps à l’automne.

Je reste prudent vis-à-vis des maladies abortives

Quatre maladies principales ont été identifiées comme responsables d’avortements chez les moutons : fièvre Q, chlamydiose, salmonellose et toxoplasmose. Une fois l’épisode abortif passé, certains animaux peuvent rester porteurs sains et ils présentent ainsi un risque de contamination du cheptel lors d’introduction. Pour se prémunir de ces maladies, le vendeur et l’acheteur vont signer un billet de garantie conventionnelle ovin. Sur ce document, le vendeur indique les éventuels évènements abortifs survenus pendant les 5 dernières années et les mesures sanitaires mises en place. Si une vaccination a été réalisée, elle doit être signalée car elle pourrait interférer dans les résultats des analyses sérologiques. Sur des animaux adultes, des prises de sang sur un échantillon d’animaux permettront de rechercher une éventuelle circulation de fièvre Q, chlamydiose ou salmonellose, avec une prise en charge de 50 % pour les adhérents GDS Creuse. Dans l’attente des résultats, les animaux resteront strictement isolés.

Je gère les parasites internes

Les ovins peuvent être contaminés par de nombreux parasites internes : strongles (Haemonchus, Trichostrongylus, Teladorsagia…), ténia, petite douve… L’arsenal thérapeutique se restreint et on constate l’émergence de résistances de plus en plus importantes sur les strongles dans un premier temps et plus récemment sur le ténia. Lorsque l’on introduit un animal, il est porteur de parasites potentiellement résistants aux antiparasitaires et qui risquent de contaminer les pâtures. Cela nécessite donc une attention particulière. Une coprologie va permettre de déterminer les traitements à effectuer. Si elle est effectuée selon les préconisations (10 prélèvements individuels, mélange réalisé au laboratoire), vous bénéficierez d’une prise en charge de 50% par GDS Creuse. S’il faut déparasiter les moutons introduits, il faudra surtout les isoler quelques jours, le temps que les œufs des parasites soient totalement éliminés et enfin gérer les fumiers produits pour ne pas les épandre sur des parcelles de pâture. Une coprologie de contrôle peut également être faite pour vérifier si le traitement a été pleinement efficace.

Je gère le risque lié à la gale

Parmi les trois gales (gale des pattes, gale de la tête ou noir museau, gale du corps) pouvant être rencontrées chez les ovins, la gale du corps est la plus fréquente et la plus grave. Elle est due à un acarien (Psoroptes ovis) qui vit sur la peau et qui se nourrit de débris de peau et de lymphe. Elle se caractérise par l’apparition, sur plusieurs ovins du même lot, de démangeaisons, de plaques de laine arrachées au niveau des flancs et du dos et d’une peau enflammée, couverte de croutes et épaissie. On observe également des animaux qui portent la maladie sans symptômes et qui sont les plus dangereux. La maladie peut apparaître dans un troupeau suite à l’achat (ou le prêt) d’un mouton porteur, au mélange de moutons de différents cheptels lors de mise en pâtures en commun, de foires ou concours ou l’utilisation de matériel en commun. Il faut noter que les acariens de la gale du corps peuvent survivre plusieurs semaines dans le milieu extérieur. Lorsque l’on introduit un nouveau mouton dans son troupeau, même s’il semble sain, il faut le maintenir isolé du reste du troupeau pendant au moins 30 jours et en cas de doute, lui faire une injection d’un produit efficace contre la gale du corps dès son arrivée, voire renouveler cette injection 7 à 10 jours (selon le produit utilisé) après la première.

 

La vigilance à l’introduction, une composante essentielle de la biosécurité, base de notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! »

La vigilance à l’introduction concernant les différentes maladies n’a qu’un objectif, apporter une sécurité pour l’élevage où arrive (ou revient) l’animal. C’est à chacun de rester attentif afin de s’assurer de ne pas introduire de pathologie, en n’oubliant jamais la règle de base, l’isolement. Chaque situation a ses particularités, vous pouvez vous rapprocher de votre vétérinaire qui vous conseillera sur la conduite à tenir. Pour toute information complémentaire, consultez l’onglet « Actions – OVIN » sur notre site www.gdscreuse.fr et n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire sanitaire ou nos services.

Marien BATAILLE – Dr Boris BOUBET
GDS Creuse