Lutte contre les taupes – 06 mars 2024

Une fin d’hiver favorable à l’infestation par les taupes
Maitriser dès maintenant la qualité et la quantité de ses fourrages

 

Lutte contre les taupes : Les taupinières ont un impact sanitaire, mécanique et agronomique qui peut être important. Pour mettre en place une lutte efficace, il convient de bien connaitre la biologie des taupes. On choisira alors la technique la plus adaptée.

La biologie de ce mammifère fouisseur est souvent méconnue et suscite de nombreuses légendes.

Une prise en compte des caractéristiques biologiques…

La taupe européenne (Talpa europeae) est partout présente en Europe. Elle fréquente des habitats variés avec une préférence pour les prairies ou les terrains forestiers. Adulte, elle mesure de 12 à 16 cm et pèse de 60 à 120 g avec une femelle plus petite que le mâle. Elle présente un corps cylindrique avec une queue courte (2 à 4 cm), au cou peu marqué, aux « mains » développées en forme de pelle et armées de griffes. La fourrure, constituée de poils perpendiculaires à la peau, lui permet de progresser dans les galeries sans se trouver à « rebrousse-poil ».  La femelle met bas au printemps, une portée annuelle de 3 à 4 petits. Sa longévité est de 5 ans maximum. S’il est acquis que la taupe est quasiment aveugle, tous ses autres sens sont extrêmement développés. Elle possède un sens du toucher particulièrement performant, avec des vibrisses sur la tête, les pattes et la queue. Au niveau de la peau, elle a de petits organes tactiles, les plaques de Pinkus, et au niveau du museau les organes de Eimer. Cela lui permet de sentir le moindre mouvement dans son environnement ou les mouvements d’air. Son ouïe est difficile à évaluer, car si la taupe fuit au moindre son, cela peut aussi être lié aux vibrations enregistrées dans le sol. L’odorat est l’autre sens très développé chez la taupe. Contrairement à une idée bien ancrée, elle n’est pas hémophile.

… et de son régime alimentaire

Uniquement carnivore, ses besoins alimentaires sont élevés, environ son propre poids de nourriture par jour, dont plus de 90 % sont représentés par des lombrics. Elle peut repérer l’odeur d’un ver de terre à 6 centimètres ou à travers 10 millimètres de terre. Pour les femelles, les besoins sont accrus au printemps suite à la mise bas de leurs petits. Elle chasse en utilisant un réseau de galeries qui s’articule à partir de galeries principales, plus profondes et utilisées de manière permanente, souvent par plusieurs générations de taupes. Elles sont situées le long des murs, des fossés, de rangées d’arbres ou de clôtures. Le nid, qui sert de refuge à la taupe, est raccordé à ces galeries principales et situé souvent sous un obstacle naturel. A partir de ces galeries permanentes, la taupe creuse ses galeries de chasse, temporaires et le plus souvent moins profondes. Elles ne sont creusées et parcourues que par un seul individu et ne sont pas réutilisées. Lorsqu’elle creuse ses galeries de chasse, la taupe évacue les déblais sous forme de taupinières et sa capacité de fouissage est d’environ 20 m par jour. L’ensemble du réseau a une longueur de 100 à 200 m. La taupe est un animal territorial avec marquage olfactif. Son aire de vie peut varier considérablement en fonction des ressources alimentaires, de 300 m² dans un secteur riche en vers de terre à 3.000 m² dans une zone plus pauvre.

La principale difficulté du piégeage est de choisir le bon emplacement. Pour être efficace, il faut les installer sur les galeries principales, que les taupes utilisent plusieurs fois par jour.

Un impact important sur les prairies…

Au printemps, l’augmentation de ses besoins et la présence en surface des lombrics (période humide) font que les galeries de chasse vont être plus nombreuses d’où une prolifération des taupinières. Chacune faisant de 30 à 50 cm de diamètre, multiplié par le nombre, la perte en herbe devient conséquente. Selon une étude, la zone couverte par les taupinières varie de 4,3 à 11,2 % de la surface totale. Cette terre extraite du sol peut contribuer au mécanisme d’érosion dans les zones de moyenne montagne. Les taupinières sont ensuite colonisées par les agrostis, au dépend du ray-grass et du trèfle blanc et favorisent également l’implantation de chardons. En période de sécheresse, les galeries contribuent à abaisser l’humidité du sol et elles profitent à un rongeur bien connu, le campagnol terrestre (ou rat-taupier) qui les utilise pour se déplacer et étendre sa colonisation. Et les dégâts matériels peuvent être importants (usure des outils de récolte des fourrages, bris de glace…). La perte totale due aux taupes peut atteindre 50 €/ha sur une exploitation.

… et la qualité des fourrages

Mais le problème sanitaire principal est la contamination des fourrages par la terre lors de la fauche. Cela entraine une baisse de l’appétence, et pour les ensilages d’herbe, cela favorise le développement de bactéries telluriques, les clostridies butyriques, au détriment des bactéries lactiques. Le pH ne descend pas suffisamment et le fourrage chauffe, favorisant le développement de bactéries pathogènes comme Clostridium perfringens ou Listeria monocytogenes. Au final, l’ensilage est de moins bonne qualité, moins appétent et peut même s’avérer toxique. Pour limiter ce phénomène, il faut étaler les taupinières avant la pousse d’herbe mais c’est une charge de travail supplémentaire pour les éleveurs.

Source GDS 03 Pierre GRANGE: La présence de taupinières conduit à une baisse de la récolte de fourrages, une usure prématurée du matériel et une contamination par de la terre avec développement de bactéries butyriques.

La lutte chimique pour les grandes surfaces…

Si on doit traiter de grandes surfaces, l’emploi de phosphure d’aluminium reste la solution principale mais cela nécessite un local adapté, de la traçabilité, une distance des habitations et son utilisation devient de plus en plus réglementée :

  • Pour le traitement des surfaces agricoles, il est indispensable de disposer du Certiphyto individuel, du certificat de fumigateur renouvelable tous les 5 ans et de l’agrément annuel PH3 de l’entreprise à demander avant le 31 décembre de chaque année à la DRAAF Nouvelle-Aquitaine (sral-fumigation.draaf-nouvelle-aquitaine@agriculture.gouv.fr)
  • Pour le traitement taupicide des zones non agricoles privées et publiques où les taupinières peuvent causer des dégâts, telles que les infrastructures ferroviaires (terre‐plein, voies ferrées, ballast, etc.), les barrages et les digues, les complexes sportifs, les jardins et les parcs, les aérodromes et autres types d‘aires techniques, le Certibiocide est nécessaire ainsi que le certificat individuel et l’agrément d’entreprise.

… et le piégeage pour les petites surfaces

Le piégeage était la technique historique mais il conserve tout son intérêt pour des chantiers de moindre importance et s’il est pratiqué par un manipulateur expérimenté, les résultats sont probants. Les dispositifs mécaniques sont les plus classiques : piège à pince simple ou double, piège tube ou demi-tonneau, piège vertical, piège de Bavière… Tous ces dispositifs ont fait la preuve de leur efficacité. Il existe également des pièges pyrotechniques, la déflagration neutralisant instantanément l’animal. Pour le particulier, ces dispositifs sont certainement les plus adaptés car ce sont les plus simples à mettre en œuvre. Ils doivent en revanche être employés avec précaution, les déclenchements intempestifs pouvant conduire à des mutilations sur les doigts.

Mécaniques ou pyrotechniques, simples ou doubles, tous les pièges fonctionnent, leur efficacité dépendra surtout de l’expérience de l’applicateur.

… qui nécessite une bonne technicité

La principale difficulté du piégeage est de choisir le bon emplacement. Pour être efficace, il faut les installer sur les galeries principales, que les taupes utilisent plusieurs fois par jour. Sur de petites parcelles, on les posera principalement en périphérie, si la prairie est plus grande, il faut également en mettre au centre. Une fois la galerie repérée, elle est ouverte sur 30 à 35 cm, les extrémités de la galerie sont nettoyées et le piège est mis en place, un de chaque côté pour les pièges simples. Le port de gants est indispensable pour déjouer l’odorat de la taupe. Le dispositif est ensuite recouvert avec une motte de terre ou une pierre plate, afin d’éviter toute entrée de lumière ou d’air qui alerterait la taupe et le piège est contrôlé au moins une fois par jour. Le piège doit être placé de manière à attraper la taupe par le milieu du corps afin d’avoir une mort le plus rapide possible. S’il n’a pas fonctionné après quelques jours, il faut revoir son emplacement ou sa technique.

La lutte contre les taupes, une pratique nécessitant matériel et expertise

La taupe constitue un sujet de préoccupation, que ce soit pour les éleveurs, les collectivités ou les particuliers. Farago Creuse et son équipe de 8 techniciens propose de la prestation ponctuelle ou du contrat en passages illimités lors d’infestation constatée. Les techniciens sont formés à toutes les techniques et choisissent la plus adaptée au contexte. La pose de piège est accessible à tous avec un minimum de formation et un investissement minime. Nous proposons tous les types de pièges, mécanique ou pyrotechnique comme le DétaupeurND. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter ou venez échanger avec nous lors de notre Journée Portes Ouvertes le 9 mars 2024.

Aurélien LEGRAND – FARAGO Creuse
Dr Boris BOUBET – GDS Creuse

 imprimer cet article imprimer cet article