Le suivi sanitaire de la faune sauvage en Creuse, des résultats encourageants
Faune sauvage creusoise è Les animaux sauvages étant potentiellement vecteurs de maladies pour les animaux domestiques et l’Homme, un suivi régulier a été mis en place en 1996, en complément des dispositifs réglementaires. La situation est satisfaisante en Creuse même si le portage de brucellose porcine par les sangliers nécessite une vigilance particulière de la part des éleveurs de porcs plein air.
Le groupe de travail creusois Fédération Des Chasseurs (FDC23), GDS, service vétérinaire de la DDETSPP, Direction Départementale des Territoires (DDT23) et Terana, s’est réuni le 16 mai pour faire le bilan de la campagne de surveillance 2024/2025. Les participants tiennent à remercier le réseau de chasseurs assurant la collecte de matériel biologique sur des animaux prélevés à la chasse. Le suivi triennal (tuberculose sur les cervidés, brucellose sur les sangliers) repris au niveau régional pour les cerfs (tuberculose), l’actualité sanitaire (Aujeszky sur les sangliers) et les obligations règlementaires (trichine sur sangliers) ont axé les recherches. Pour la trichine, de nouveau, les 85 résultats sont négatifs (financement DDETSPP).
Une alerte sur les populations de chevreuil dans le cadre du réseau SAGIR
SAGIR est un réseau de surveillance épidémiologique des oiseaux et des mammifères sauvages terrestres en France. Il est fondé sur un partenariat FDC, laboratoires vétérinaires départementaux et Office Français de la Biodiversité (OFB). Ses objectifs sont de :
- détecter précocement l’apparition de maladies nouvelles pour la faune sauvage,
- détecter les agents pathogènes transmissibles à l’Homme et/ou partagés par la faune sauvage et les animaux domestiques,
- surveiller les effets aigus non-intentionnels de l’utilisation agricole des produits phytopharmaceutiques,
- caractériser dans le temps et dans l’espace les maladies des oiseaux et des mammifères sauvages.
Les autopsies ont concerné pigeon, cygne, lièvre, renard, blaireaux, sangliers, cerfs mais surtout chevreuils. Il est observé à l’échelle nationale une baisse du nombre de chevreuils et de leur état général. Une étude est en cours et la problématique pourrait être liée à l’écologie de l’espèce, en lien avec le réchauffement climatique. Cela modifie l’accès à certaines ressources alimentaires des chevreuils et on retrouve dans le rumen des fruits forestiers germés ou du feuillage peu habituel générant un déséquilibre dans la physiologie de la digestion.
Un suivi tuberculose de la faune sauvage avec les réseaux SAGIR et SYLVATUB
La situation épidémiologique de la tuberculose bovine en France montre une très faible prévalence en élevage mais avec une proportion importante des cas en Nouvelle- Aquitaine (plus de 60 % des foyers nationaux). Dans les zones où la maladie est implantée, des animaux sauvages peuvent se retrouver infectés. Pour identifier le plus précocement possible une infection de la faune sauvage, un réseau de surveillance (Sylvatub) est mis en place. Le niveau départemental est fonction du risque vis à vis de cette maladie. Le niveau 3 est appliqué dans les départements où elle présente une prévalence relativement élevée et où il est nécessaire de caractériser davantage la circulation de la maladie dans la faune sauvage. Le niveau 2 est appliqué selon les éléments suivants : mise en évidence récente de cas de tuberculose bovine dans la faune sauvage, détection de foyers bovins de façon régulière ou avec une augmentation d’incidence ou proximité de zones classées en niveau 3. Le niveau 1 est attribué aux autres départements dont la Creuse.
Des actions complémentaires en Creuse
En raison de la situation particulière de la tuberculose dans notre région et de la sensibilité du cheptel creusois en élevage plein air majoritairement, le choix a été fait de mettre en place une surveillance spécifique dans le cadre du suivi triennal. Sur la campagne 2024/2025, des prélèvements ont été effectués sur 41 cerfs et 49 chevreuils, tous les résultats se sont avérés négatifs (financement GDS Creuse).
Une surveillance brucellose porcine sur les sangliers…
Identifiée de longue date sur les sangliers, la prévalence de la brucellose porcine est évaluée tous les 3 ans. 54 animaux ont été prélevés et la situation est stable, avec un taux de positivité d’environ 25 % cette année (financement GDS Creuse). Ces résultats et la découverte d’un foyer en élevage en Haute-Vienne viennent rappeler la nécessité pour les élevages de suidés en plein-air de mettre en place toutes les mesures de biosécurité et notamment la mise en conformité des clôtures. Cette maladie étant une zoonose, les personnes manipulant des sangliers doivent respecter les mesures d’hygiène de base.
La brucellose porcine est endémique dans la population de sangliers creusois. Cela constitue une menace pour les élevages de suidés plein air, comme le démontre la contamination d’un élevage du 87.
… et Aujeszky après des alertes sur les sangliers
En raison de cas récurrents de maladie d’Aujeszky dans des départements limitrophes, un suivi est effectué pour cette maladie depuis 5 campagnes. Tous les prélèvements se sont avérés négatifs (financés par la DDETSPP23). Cela ne permet pas d’exclure tout risque de contamination, l’échantillonnage étant limité, mais la prévalence est probablement très faible.
La sérothèque départementale, un outil pour la recherche
Depuis des années, les prélèvements sanguins acheminés au laboratoire d’Ajain sont stockés afin de permettre une reprise ultérieure si des recherches sur une pathologie venaient à être décidées. Cette collection s’est enrichie cette année de 31 sérums de chevreuil, 29 de cerf et 50 de sanglier, pour un total de plus de 1.600 échantillons conservés.
Important!
Maladie d’Aujeszky, un vaccin chien en cours d’évaluation
C’est une maladie virale qui affecte principalement le porc et le sanglier. La France est indemne de maladie d’Aujeszky en élevage mais elle circule sur les sangliers dans plusieurs départements. Cela nécessite de la vigilance pour les élevages plein air.
Elle n’est pas dangereuse pour l’homme mais peut affecter les carnivores (chiens, chats) et les ruminants, elle est alors systématiquement fatale en quelques heures à jours avec comme signe clinique caractéristique un prurit démentiel. La contamination des chiens survient généralement lors d’action de chasse, suite à l’ingestion de viandes ou de viscères d’un sanglier contaminé, ou suite à la morsure ou au léchage de plaie d’un sanglier contaminé.

(Source FDC de la Creuse)
La maladie d’Aujeszky est transmissible au chien et mortelle. Il ne faut dons pas leur donner de restes de vénerie et une vaccination des chiens exposés au risque est désormais possible, vous pouvez vous rapprocher de votre vétérinaire.
Un vaccin inactivé contre cette maladie (AUSKIPRA-BK® du laboratoire HIPRA) a obtenu une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) pour le chien. Une étude a été réalisée entre 2021 et 2023 dans l’Aube, département à forte prévalence sur les sangliers (22 %). Tous les chiens ont été vaccinés avec deux injections à 3 semaines d’intervalle et ont développé des anticorps, toujours présents 1 an après la primovaccination. La plupart des chiens ont présenté des anticorps neutralisants suite à la vaccination, en baisse 6 mois après l’injection. Au moins un chien a survécu à une contamination par le virus sauvage et un chien vacciné est en revanche décédé malgré une vaccination effectuée 6 mois plus tôt. Une autre étude a été effectuée dans la Drôme sur la campagne 2022 – 2023, 960 doses de vaccins ont été utilisées et les résultats sont équivalents.
Les résultats de ces études sont encourageants, avec une bonne innocuité et une bonne efficacité vaccinale chez le chien, si elle est effectuée juste avant la saison de chasse. Depuis février 2025, le laboratoire HIPRA a renforcé le protocole de primovaccination, avec 3 injections à 3 semaines d’intervalle. Compte-tenu du conditionnement (40 doses), la vaccination de groupe est à organiser avec son vétérinaire.
Le suivi sanitaire de la faune sauvage, un outil utile pour tous
En complément de SAGIR et SYLVATUB, la surveillance sanitaire de la faune sauvage, en place en Creuse depuis 1996, permet le recueil de données au regard du statut du gibier en matière de zoonoses et de maladies communes aux espèces sauvages et domestiques. Il représente un outil d’alerte éventuelle pour les gestionnaires de la faune sauvage et de la santé humaine et animale, d’où sa poursuite en 2025/2026 avec son adaptation en fonction des besoins (trichine, Aujeszky et tuberculose sur les sangliers, parasitose et BVD sur les chevreuils, parasitose et FCO sur les cerfs). N’hésitez pas à nous contacter pour tout commentaire, suggestion ou demande.