Point de situation DNC – FCO – MHE
DNC – FCO 3 et 8 – MHE : La France continentale est confrontée à ces 4 maladies touchant les ruminants. L’impact clinique est variable suivant les virus et les espèces cibles. Cet article vous propose de faire un état des lieux et de répondre aux questions les plus courantes sur ces pathologies.
Depuis l’arrivée de la FCO 8 en 2007 en France, plusieurs maladies vectorielles se succèdent sur les ruminants, provoquant des vagues de signes cliniques et de mortalité, et entrainant de nouvelles exigences réglementaires et aux mouvements.
Quelles sont les caractéristiques de ces maladies ?
- La Dermatose Nodulaire Contagieuse bovine (DNC) est provoquée par un virus de la famille des Poxvirus. Elle ne touche que les bovinés et si la transmission directe est décrite (abreuvoir), elle se fait principalement par des insectes hématophages (stomoxes, taons). Le virus reste actif environ 24 h sur les pièces buccales des insectes mais beaucoup plus longtemps dans l’environnement ou dans les croûtes des animaux. Les déplacements de ces insectes restent limités, ce qui explique une progression « en tache d’huile » autour des foyers avec un risque maximal pour les voisins de pâture. Le risque majeur de transmission à distance est lié au déplacement d’animaux infectés, parfois asymptomatiques.
- La Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) et la Maladie Hémorragique Épizootique (MHE) sont provoquées par des virus de la famille des Orbivirus, identifiés par leur sérotype (36 pour la FCO, 7 pour la MHE). Elles touchent tous les ruminants avec un impact clinique variable. Il n’y a pas de transmission directe, ce sont des moucherons piqueurs, les culicoïdes femelles, qui diffusent la maladie. Les femelles piquent tous les 3 à 4 jours et c’est à l’occasion de ce repas de sang que se fait la contamination. La survie (une vingtaine de jours en moyenne), l’activité (principalement du crépuscule à l’aube) et la dispersion de ces moucherons piqueurs sont fortement influencées par les variables météorologiques telles que la température (au-dessus de 15 °C), l’humidité, la phase lunaire… Ils se déplacent de 2 à 5 km par jour mais beaucoup plus par grand vent ce qui explique la très large diffusion de ces maladies.
Quels sont les signes cliniques observés ?
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- Pour la DNC, après une incubation variable (4 à 14 jours mais parfois beaucoup plus), le premier symptôme est une forte hyperthermie avec signes généraux (abattement, anorexie) et les lésions cutanées apparaissent ensuite : hérissement des poils, suivi par l’apparition de nodules durs, arrondis et indolores, de 0,5 à 6 cm de diamètre, préférentiellement sur la tête (pourtour des yeux et du mufle), le cou, les membres et la mamelle.
- Pour la FCO et la MHE, les symptômes sont très semblables quel que soit le virus. Après 1 semaine d’incubation, les premiers signes cliniques apparaissent : hyperthermie, abattement, difficultés de locomotion, ulcérations dans la bouche avec hypersalivation, difficulté à s’abreuver, œdème de la face et langue « bleue » (FCO chez les ovins), croûtes sur le mufle, jetage et lésions sur les trayons (surtout sur les bovins). De nombreux animaux peuvent être malades et on observe plus de clinique sur les animaux adultes que sur les jeunes. La difficulté à boire explique la plupart des mortalités, le drenchage des animaux pouvant s’avérer nécessaire pendant plusieurs jours. La circulation des virus a également un impact majeur sur la reproduction, avec des animaux non gestants, des avortements et les virus de FCO ayant la capacité de passer la barrière placentaire, cela entraine la naissance de nouveau-nés malformés (hydrencéphalie, micrencéphalie…).
Surveillez vos animaux matin et soir et si vous observez des signes cliniques évocateurs, contactez votre vétérinaire sanitaire pour confirmer la suspicion et, le cas échéant, faire une déclaration auprès de la DDETSPP.
Pourquoi la législation est-elle différente pour ces maladies ?
Votée en 2016, la Loi Santé Animale (LSA) européenne est entrée en application en avril 2021. Pour toutes les espèces, les différentes maladies présentes sur le continent ou identifiées comme des menaces extérieures ont été classifiées de A à E en fonction de leur gravité, de leur contagiosité et de leur impact sur la filière.
- La DNC est inscrite sur la liste des maladies de catégorie A (maladie absente de l’Union Européenne et à éradication immédiate), comme la fièvre aphteuse par exemple. La gestion d’un foyer passe par des mesures sanitaires, avec dépeuplement des bovins du lot, nettoyage, désinfection et désinsectisation complet du site en trois phases successives, mise sous surveillance des cheptels en lien épidémiologique et définition d’une zone de protection et d’une zone de surveillance. Ces mesures sont complétées par des restrictions strictes aux mouvements et la mise en place d’une vaccination des zones réglementées.
ZR 1 et ZR 2
63 communes « en avance de phase » viennent de basculer en Zone Vaccinale (ZV). Il s’agit des communes en bleu turquoise ci-dessous.
Mouvements Zone Indemne vers Zone Vaccinale : possible sous condition de vaccination à l’arrivée de l’animal
Mouvements Zone Vaccinale vers Zone Indemne : les conditions pour les mouvements sont les suivantes :
- Les bovins de l’envoi et tous les autres bovins détenus dans la même unité épidémiologique sont vaccinés depuis au moins 28 j à la date de l’expédition et se trouvent dans la période d’immunité ou sont couvertes par l’immunité maternelle ;
- Les bovins de l’envoi et tous ceux détenus dans la même unité épidémiologique sont soumis à un examen clinique favorable par le vétérinaire sanitaire qui atteste de la date de vaccination des animaux ;
- Les bovins de l’envoi sont détenus au sein de l’élevage d’origine depuis au moins 28 jours (ou depuis leur naissance) ;
- Aucun foyer depuis au moins 3 mois dans un rayon de 20km autour de l’établissement d’origine des animaux -> Acquis pour les 63 communes
- Tous les bovins détenus dans la ZV dans un rayon de 50 km autour de l’élevage sont vaccinés depuis au moins 60 jours et se trouvent dans la période d’immunité ou sont couverts par l’immunité maternelle -> Acquis pour les 63 communes
- LPS requis
Zone vaccinale vers autre EM : idem + accord de l’Etat Membre (discussions en cours notamment avec Italie et Espagne)
La liste des 63 communes qui viennent de basculer en ZV sont disponibles sur le site internet de la DRAAF AURA : https://draaf.auvergne-rhone-alpes.agriculture.gouv.fr/dermatose-nodulaire-contagieuse-bovine-a6240.html
ZR 4
Un foyer de dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) a été confirmé tard hier soir dans le Jura (commune d’Ecleux, proche du Doubs).
Ce foyer induit une ZR4 comprenant une grande partie du Jura et une partie des départements limitrophes : Doubs, Côte-d’Or, Haute-Saône et Saône-et-Loire.
Les départements du Jura et du Doubs ont des communes en zone de protection.
Les autres départements ont uniquement des communes en zone de surveillance sur une partie de leur territoire. La ZR4 est attenante à la ZR1 et ne déborde pas sur la Suisse.
Les arrêtés préfectoraux fixant les mesures et la liste des communes concernées par cette nouvelle zone réglementée (ZR4) ont été publiés cette après-midi et sont d’application immédiate. En particulier, les mouvements de sortie de bovins de la ZR4 pour l’élevage sont interdits.
Les bovins détenus en ZR4 (environ 350 000) seront vaccinés contre la DNC.
Le site internet de la DRAAF Bourgogne-France-Comté sera très prochainement mis à jour avec la liste des communes de la ZR4 et une carte.
https://draaf.bourgogne-franche-comte.agriculture.gouv.fr/
Dans l’attente, vous voudrez bien trouver en PJ la liste des communes à date en ZR4.
La liste des communes pourrait évoluer à la marge en début de semaine, la liste/carte des communes sur le site de la DRAAF fait foi.
ZR 5
Un foyer de dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) a été confirmé ce jour dans l’Ain en zone indemne : ce qui induit une ZR5 qui coupe une fraction de la ZR1 et de la ZR2.
Cette ZR5 concerne les départements : Ain, Saône-et-Loire, Jura, Rhône et Isère. Les bovins détenus en ZR5 seront vaccinés contre la DNC.
Les arrêtés préfectoraux (AP) fixant les mesures et la liste des communes concernées par cette nouvelle zone réglementée (ZR5) ont été publiés ce soir et sont d’application immédiate. En particulier, les mouvements de sortie de bovins de la ZR5 pour l’élevage sont interdits. Le site internet de la DRAAF Bourgogne-France-Comté sera très prochainement mis à jour avec la liste des communes de la ZR5 et une carte.
Par ailleurs, dans le Jura, deux nouveaux foyers de DNC ont été détectés, les 13 et 14 octobre, dans la commune d’Ecleux, où un premier foyer avait été confirmé le 11 octobre.
ZR 3
La situation est évolutive en Espagne : un 3ème foyer a été déclaré ce jour à proximité du 1er foyer, sans impact sur la taille de la ZR3 des Pyrénées-Orientales.
Vous trouverez ci-dessous la fiche de sensibilisation DNC mise à jour, a destination de tous les éleveurs bovins.
Important!
DNC plaquette d’info éleveur
Important!
DNC plaquette d’info éleveur
Warning!
Plus que jamais, la vigilance de tous est indispensable, éleveurs par la surveillance quotidienne de leurs animaux, vétérinaires par la déclaration de toute suspicion à la DDETSPP, opérateurs commerciaux par le respect des règles aux mouvements. En cas de manquement, l’impact est considérable, que ce soit pour l’éleveur foyer mais également pour tous les éleveurs de la zone réglementée.
- La FCO est classifiée C (surveillance et restrictions aux mouvements, éradication facultative). La France métropolitaine étant entièrement déclarée infectée de FCO 3, 4 et 8, il n’y a plus de mesures de gestion des mouvements sur le territoire national mais des exigences à l’exportation demeurent (vaccination, réalisation de tests et/ou désinsectisation des troupeaux).
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- La MHE est classifiée D (surveillance et restrictions aux mouvements). Historiquement peu connue, son impact clinique avait certainement été sous-évalué lors de son classement. Une partie de la France n’étant pas encore en zone régulée, les exigences aux mouvements concernent à la fois cette zone et les exportations.
Pour les pays tiers, chacun fixe ses exigences, qui peuvent évoluer en fonction de la situation sanitaire. Les autorités françaises négocient en permanence avec nos interlocuteurs pour permettre l’exportation de nos animaux et des denrées alimentaires.
Quelle est la situation sanitaire à ce jour ?
- Les premiers foyers de DNC ont été identifiés fin juin dans les Savoie. Dans cette zone, il n’y a pas de nouveau cas depuis plus d’un mois et on a enregistré 78 foyers dans 46 élevages (un foyer = un lot épidémiologique) pour moins de 2.000 animaux éliminés (45 foyers avec moins de 10 animaux). Les mesures ont fait la preuve de leur efficacité et les restrictions aux mouvements vont se lever progressivement. Les nouveaux foyers du Rhône et en Espagne viennent rappeler que toute entorse à ces règles fait courir des risques très importants à tous .
- En Creuse, on enregistre quelques foyers de FCO 3 et 8, la Bretagne et la Normandie, historiquement peu touchées, sont les zones les plus impactées.
- Pour la MHE, la situation sanitaire est stable, avec un virus qui circule très peu.
Comment me protéger de ces virus ?
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- Peu de mesures ont fait preuve de leur efficacité sur les vecteurs. Sur les stomoxes, on peut intervenir en limitant les gîtes de ponte (paille ou aliments décomposés, écoulements de lisiers, proximité des tas de fumiers) et l’emploi de larvicides semble la mesure la plus intéressante. Les insecticides utilisés classiquement sur les ruminants ont une efficacité limitée, à n’utiliser qu’en cas de présence avérée de la maladie à proximité. Concernant les moyens de transport, la désinsectisation reste fortement recommandée.
- Le vaccin pour la DNC est réservé aux zones régulées. Pour la FCO et la MHE, plusieurs vaccins existent et leur efficacité est incontestable. La vaccination reste la mesure la plus efficace à mettre en œuvre et, en concertation avec votre vétérinaire, vous choisirez le vaccin et les valences à utiliser en fonction du contexte épidémiologique. Vacciner votre cheptel reproducteur, c’est protéger votre outil de travail avec une vaccination qui peut être faite par l’éleveur.
- Comme pour toute maladie, une bonne conduite d’élevage (alimentation adaptée, application des mesures de biosécurité, gestion raisonnée du parasitisme…) permet d’avoir une bonne réponse vaccinale et de réduire l’impact de la maladie sur le cheptel.
D’autres virus restent des menaces pour la France : FCO 1 en Espagne, FCO 5 en Sardaigne, FCO 12 dans le nord de l’Europe. Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter votre vétérinaire, notre site internet ou venez nous rencontrer lors des réunions cantonales du 13 novembre au 2 décembre.
Dr Boris BOUBET
GDS Creuse