AG de GDS France – 17 mai 2023

AG de GDS France
Un rapport d’orientation sous le signe de l’adaptation aux évolutions de l’élevage

Assemblée Générale (AG) de GDS France : Le 14/04/2023, les GDS de France étaient réunis en AG à Tours. Au-delà des aspects réglementaires de ce rassemblement, des ateliers ont permis d’échanger sur la gestion globale de troupeau et les impacts du réchauffement climatique sur les risques sanitaires.

GDS France a accueilli les participants à Tours lors du Congrès organisé cette année dans la région Centre – Val de Loire. Ce rassemblement des GDS permet aux éleveurs de tous les départements d’échanger sur la politique sanitaire en France et en Europe. En clôture des travaux, Christophe MOULIN, Président de GDS France depuis 2020 mais également éleveur et Président du GDS de l’Indre, a présenté les grandes orientations de GDS France pour l’année 2023.

Un vaste réseau de structures de proximité

« Durant ces trois années, notre 1er objectif était de conforter le maillage territorial et renforcer les liens entre l’ensemble des maillons du réseau des GDS. Le déplacement des élus du Bureau et des membres de l’équipe de GDS France de façon à aller à la rencontre des GDS départementaux dans le cadre de la démarche PROGRES a permis de mieux coordonner le rôle et les missions de chacune de nos structures, qu’elle soit européenne, nationale, régionale ou départementale. Je suis persuadé que notre unité, ce réseau fort et structuré, sera demain notre force pour aborder les opportunités et affronter toutes les menaces, qu’elles soient sanitaires, économiques, climatiques ou géopolitiques. Notre réseau, déjà fort de ses 1.000 éleveurs élus et 800 collaborateurs, va s’enrichir encore en 2023 et je me réjouis de pouvoir travailler très bientôt avec cinq nouveaux GDS ultra-marins : la Martinique, la Guadeloupe, la Nouvelle-Calédonie, la Guyane et la Polynésie. Je suis persuadé que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. Nous avons également travaillé ensemble sur l’amélioration de notre organisation et de nos méthodes de travail. La priorité a été donnée aux modalités de fonctionnement des différentes instances au sein du réseau et à la création d’espaces de concertation.

Une nécessité pour tous, l’adaptation au changement climatique et la gestion globale de troupeau

L’une des forces de notre réseau, vous le savez, c’est notre capacité à nous adapter. Nos actions devront, demain, nécessairement prendre en compte les enjeux liés au changement climatique. On parle beaucoup de souveraineté alimentaire…cela paraît évident mais pas de souveraineté alimentaire sans éleveurs ! Éleveurs que l’on doit accompagner dans cette transition. Nous devons ensemble répondre au défi climatique (en matière d’adaptation, d’atténuation et d’anticipation), et au défi agroécologique pour préserver santé, bien-être animal et biodiversité. Dans cette « approche globale », préventive et multidisciplinaire, le sanitaire est l’élément fédérateur des différentes compétences mises en œuvre avec l’objectif de maintenir les animaux en bonne santé et de relier l’environnement à l’animal. Il s’agit là d’une véritable opportunité pour notre réseau, pour répondre aux nouveaux besoins des éleveurs, de façon cohérente et décloisonnée.

La biosécurité des troupeaux, plus que jamais au cœur de nos préoccupations

Nos actions devront nécessairement prendre en compte également les enjeux liés à l’amélioration de la biosécurité en élevage. Beaucoup d’efforts ont été déployés par le réseau des GDS sur ce sujet pour accompagner les éleveurs dans cette démarche, de façon pragmatique et efficiente. Pour cela, il faut connaître les éleveurs, leurs réalités. Et il n’existe pas un seul modèle de biosécurité ! C’est pour cela que nous proposons des mesures de biosécurité adaptées à chaque situation, à chaque production, à chaque contexte, à chaque élevage…Mais il faut aussi savoir se dire que les élevages ne deviendront jamais des forteresses hermétiques ! L’éleveur ne peut assumer, seul, les risques et les conséquences vis-à-vis de la faune sauvage, si cette dernière est trop dense et/ou contaminée. À cet égard je remercie la DGAL et l’OFB pour le lancement d’une expérimentation vaccinale sur le blaireau comme outil complémentaire dans la lutte contre la tuberculose bovine. C’est un projet ambitieux qui va dans le bon sens et qui reçoit le soutien entier de GDS France. La biosécurité est l’affaire de tous, et elle profite à tous. Je tiens aujourd’hui à le réaffirmer : les coûts liés à la biosécurité ne peuvent pas être supportés exclusivement par les éleveurs. Nous devons trouver un modèle économique juste et pérenne, avec l’appui des filières et de l’État.

Une réaffirmation de la place de l’État aux côtés des éleveurs

Ce changement de modèle économique doit également concerner le financement des actions déployées par les GDS et FRGDS. Certaines de nos actions concernent des missions déléguées par l’État, qui concernent l’ensemble des éleveurs. À ce titre, nous attendons de l’État qu’il trouve le véhicule juridique permettant de sécuriser les actions mises en œuvre, pour ceux qui ne respectent ni la règlementation, ni son financement. Il n’est pas concevable de faire peser les coûts de surveillance obligatoire sur les seuls éleveurs adhérents. Le réseau des GDS ne pourra pas continuer de travailler dans ces conditions et nous attendons un geste fort de l’État avant le début de la prochaine campagne.

Un nouveau modèle à construire pour maintenir le maillage vétérinaire en zone rurale

Autre modèle qui doit évoluer…celui du vétérinaire sanitaire. Vous le savez, les vétérinaires sont des partenaires historiques des GDS et nous travaillons au quotidien avec eux pour porter nos projets ambitieux. Là encore, le modèle doit évoluer pour s’adapter aux nouveaux besoins des éleveurs, aux aspirations des nouvelles générations de vétérinaires et aux attentes sociétales. Une réflexion délocalisée va se tenir dans les prochaines semaines sur les missions et la rémunération du vétérinaire sanitaire, dans les quatre écoles vétérinaires. Ces réunions délocalisées avec des éleveurs, des vétérinaires et les services déconcentrés de l’État devront se tenir sans tabou. Nous devons engager des discussions de fond autour des droits mais aussi autour des devoirs des vétérinaires sanitaires. Les propositions devront être pragmatiques, terrain, et efficaces, dans l’intérêt de tous. N’ayons pas peur de bouger les lignes ni de faire évoluer la règlementation française ! Collectivement nous devons nous assurer de la mise en œuvre de bonnes conditions pour les vétérinaires afin que le travail soit réalisé avec la qualité attendue, dans le respect de tous.

Vers la finalisation de l’assainissement IBR et l’avancée du programme BVD…

Notre réseau est reconnu par les éleveurs et nos partenaires pour son expertise et son expérience dans la surveillance, la prévention et la lutte contre les maladies animales. Je souhaite souligner ici le travail réalisé par les GDS sur les programmes IBR et BVD.

La reconnaissance européenne du programme d’éradication IBR obtenue en novembre 2020 et qui implique un objectif d’éradication en 2027 est l’un des projets ambitieux porté par notre réseau. Les résultats sont là, la proportion de cheptels indemnes progresse, mais nous devons tenir le rythme et accélérer le calendrier de renforcement des mesures, qui portent essentiellement sur les contraintes aux mouvements pour les bovins non indemnes.

Concernant la BVD, après deux années d’application généralisée du programme de lutte, l’avancée rapide de l’assainissement se confirme, avec moitié moins de nouveaux foyers entre les deux dernières campagnes et un tiers d’IPI détectés en moins. Le travail au sein du réseau des GDS se poursuit pour se rapprocher des exigences de la Loi de Santé Animale dans la perspective d’une demande de reconnaissance de programme auprès de l’Union Européenne pour l’ensemble du territoire continental.

… avec une nécessaire réglementation sur la gestion des mouvements

Je vous cite aujourd’hui l’IBR et la BVD car nous avons des ambitions européennes pour ces deux maladies et elles illustrent un point important. Pour éradiquer une maladie…pas de miracle. On ne peut pas surveiller et lutter contre une maladie sans une maîtrise des mouvements des animaux. Et il faut être honnête c’est notre talon d’Achille ! Pour avancer sur la gestion des mouvements, nous avons fait le choix d’investir sur un système d’information performant et réactif, et initier un projet informatique permettant de franchir une étape importante pour la sécurité sanitaire de la ferme France et de ses exportations en facilitant la gestion des flux pour les acteurs de la filière bovine. À ce titre, je tiens ici à remercier les opérateurs commerciaux pour la qualité des échanges lors des réunions de travail que nous avons pu avoir ces derniers mois. Les dernières marches vers l’éradication sont toujours les plus difficiles car il faut aller chercher les derniers foyers. Là encore, nous avons besoin d’un État fort, pour gravir ces dernières marches. Nous attendons l’appui de la DGAL pour dégager des moyens humains pour que les services déconcentrés puissent faire appliquer les mesures de police sanitaire prévues dans la règlementation sanitaire. Nous ne pourrons tenir l’échéance de 2027 pour l’IBR qu’à cette condition. On ne peut pas laisser quelques éleveurs réfractaires mettre en péril les efforts collectifs déployés depuis plusieurs années par la collectivité des éleveurs et ternir l’image de la France vis-à-vis de ses partenaires internationaux.

Une orientation multi-espèces reconnue

Enfin, je me réjouis de voir que la reconnaissance du réseau s’ouvre dorénavant au multi-espèces. En pisciculture par exemple, la gestion des mouvements est tout aussi cruciale pour éviter l’introduction de pathogènes, comme dans toutes les espèces. Les travaux menés de concert par GDS France avec les acteurs de la filière et du sanitaire ont permis de signer le Pacte d’engagement sanitaire des opérateurs commerciaux à l’occasion du SIA 2023, le jeudi 2 mars, avec l’Association Française des Professionnels de la Pisciculture d’Étangs, Étangs de France, GDS France puis un importateur national. Ce pacte constitue une belle avancée pour l’aquaculture française.

En conclusion, je veux souligner la chance et la reconnaissance qui sont les miennes, de travailler, de construire avec les élus et les équipes de notre réseau dont l’implication est remarquable. Je veux ici les en remercier. »

Les orientations fixées par notre structure nationale sont conformes à celles présentées lors de l’AG de GDS Creuse et nous confortent dans notre engagement départemental pour tous les éleveurs. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter.

Marien BATAILLE – Dr Boris BOUBET
GDS Creuse