Journée biosécurité au Lycée agricole Ahun – 07 février 2024

La biosécurité
Un élément essentiel dans le métier d’éleveur

Journée biosécurité : Dans le cadre du partenariat lycée agricole d’Ahun – GDS Creuse, une journée sur le thème de la biosécurité en élevage s’est déroulée au lycée le 30 janvier 2024.

Organisée en partenariat avec GDS Creuse, l’équipe pédagogique du lycée et le personnel de l’exploitation, cette sensibilisation a concerné plus de 200 apprenants du lycée agricole.

La biosécurité, protéger une population animale, l’homme et l’environnement des agents infectieux

Une rapide présentation en salle a permis aux apprenants de se familiariser avec les grandes notions de biosécurité (biosécurité = sécurité contre les agents biologiques). « La biosécurité désigne l’ensemble des mesures préventives et réglementaires visant à réduire les risques de diffusion et transmission de maladies infectieuses chez l’homme, l’animal et le végétal ». Elle comprend les infrastructures, les techniques, les pratiques d’hygiène avec une triple finalité : santé animale, sécurité sanitaire des aliments et santé humaine. Elle peut se décomposer en 5 axes (cf. illustration) : faire que le pathogène ne rentre pas et ne circule pas dans un troupeau, ne sorte pas de ce troupeau, n’infecte pas l’homme et ne persiste pas dans l’environnement.

6 ateliers pour présenter les mesures de biosécurité et leur mise en œuvre sur l’exploitation du lycée

La ferme du lycée propose 4 productions animales : bovin lait, bovin viande, ovin et porcin. Depuis 2014, un plan global a été mis en place au lycée agricole d’Ahun, en partenariat avec GDS Creuse et les vétérinaires du cabinet d’Ahun, avec la mise en œuvre des mesures de biosécurité sur ces différents cheptels. 6 ateliers pédagogiques, animés par des salariés de GDS Creuse, des professeurs du lycée et du personnel de l’exploitation, ont été organisés en circuit permettant aux apprenants de faire le tour des productions et de découvrir pour chacune d’elle les grandes règles de biosécurité et les mesures concrètes mises en place sur le lycée.

Au cours de cette journée de sensibilisation du 30 janvier, la mise en pratique de la biosécurité en élevage a été présentée à plus de 200 apprenants du lycée agricole d’Ahun. Elle s’est appuyée sur les mesures déjà mises en œuvre sur l’exploitation via 6 ateliers regroupant toutes les productions animales du lycée, bovins, ovins et porcins.

Le pathogène et l’Homme, focus sur les zoonoses

L’expression « agents pathogènes » désigne l’ensemble des agents infectieux transmissibles : bactéries, virus, parasites et champignons. L’Homme intervient à deux niveaux dans le risque lié à la transmission de ces maladies. Il peut être vecteur passif par le portage de microbes sur les vêtements mais principalement sur les bottes. Cela impose la mise en place de lave-bottes ou de pédiluves à l’entrée des ateliers, qui peut être complétée par un changement de tenue ou le port de cottes jetables. Il peut être également un vecteur actif de pathogène (exemple de la grippe humaine qui peut se transmettre aux porcins). Mais l’Homme peut aussi être victime de zoonoses au contact de ses animaux (salmonelle, fièvre Q, teigne, grippe porcine ou aviaire…). Cela impose le respect de mesures de précautions : lavage fréquent des mains, tenue dédiée à l’élevage, port de gants pour les interventions comme les vêlages, les délivrances ou les fouilles rectales, port de masque lors d’épisode respiratoire dans les élevages hors sol.

Les animaux, principaux vecteurs d’agents pathogènes

Les agents pathogènes sont adaptés à leur hôte et les animaux restent le vecteur principal de maladies. Pour se prémunir, un certain nombre de mesures sont nécessaires : isolement 15 jours minimum et dépistages lors de l’achat d’animaux, mise en place de double-clôtures pour éviter les contacts avec le voisinage ou les sangliers pour les élevages porcins, gestion des nuisibles et mise en place d’un plan de dératisation, éloignement des animaux domestiques, à l’exception du chien de travail. Le risque concerne également tous les véhicules ayant transporté des animaux et qui n’ont pas été désinfectés, ou l’épandeur à fumier.

En cas de problèmes sanitaires, un enregistrement rigoureux des traitements effectués

Le médicament n’est pas un produit comme les autres, il doit être utilisé en maitrisant la législation. La seule personne habilitée à le prescrire est un vétérinaire et la délivrance est encadrée par les textes : au chevet d’un animal malade ou sur présentation d’une ordonnance dans le cadre de la prescription hors examen clinique. Les médicaments doivent être stockés dans un endroit propre, à l’abri des variations thermiques (au réfrigérateur pour les vaccins et certains antibiotiques) et il faut prévoir leur élimination. GDS Creuse met en relation les éleveurs avec un prestataire pour éliminer les Déchets d’Activité de Soins (DAS) comme les aiguilles, les lames de bistouris et les Médicaments Non Utilisés (MNU). Enfin, tous les soins doivent être enregistrés dans un carnet sanitaire, avec les ordonnances et à conserver 5 ans minimum.

La maladie n’est pas une fatalité !

Si beaucoup d’agents pathogènes sont présents dans toutes les exploitations, le déclenchement d’une maladie est le plus souvent le résultat d’un déséquilibre entre microbes et défenses immunitaires. L’éleveur peut limiter la survenue de ces épisodes pathologiques en mettant en œuvre des mesures de prévention. Le point principal est l’alimentation, et en tout premier l’eau en quantité et de qualité, l’équilibre des rations et la complémentation en oligoéléments et vitamines. Si des pathologies ont été identifiées les années précédentes, on mettra en œuvre des mesures de vaccination ciblées. Les parasites affaiblissant les animaux, un plan de gestion sera à raisonner avec votre vétérinaire. Enfin, les animaux seront placés dans un environnement propice à leur bien-être. Les très jeunes animaux sont beaucoup plus fragiles et ont des besoins spécifiques, que ce soit en matière de confort ou de transfert immunitaire. La prise précoce du colostrum est un point déterminant pour leur avenir.

Des problématiques communes à la production ovine

Comme pour toutes les espèces, il convient de rester extrêmement vigilant lors des mouvements d’animaux. On échangera avec le vendeur sur son historique sanitaire et des prises de sang peuvent apporter des informations complémentaires. Pour se prémunir de la gale et au moindre doute, il faudra traiter les animaux suivant un protocole précis (isolement et double injection de produits acaricide). C’est une production également très concernée par la problématique de résistance des strongles aux antiparasitaires. Lorsque j’achète des animaux, une coprologie et un isolement systématique permettent de déterminer s’il faut traiter les parasites issus de l’élevage d’origine.

Un focus sur l’atelier porcin

Depuis très longtemps, les filières porcines (comme avicoles) ont mis en œuvre des mesures de biosécurité. L’exploitation est découpée en zone d’élevage, zone professionnelle et zone publique avec des mesures adaptées au risque. Le passage par un sas, avec changement de chaussures, de vêtements et lavage des mains est obligatoire pour aller au contact des animaux. Les sangliers pouvant transmettre la brucellose, la maladie d’Aujeszky et potentiellement la fièvre porcine africaine, les élevages plein air doivent mettre en place des double-clôtures pour se protéger des intrusions et des contacts. L’atelier du lycée a permis d’observer comment ces mesures sont mises en œuvre et vécues au quotidien par tous. Et cela marche ! Cet atelier est celui qui utilise le moins d’antibiotiques sur l’exploitation.

 

Des mesures nécessaires pour l’éleveur et utiles pour la collectivité

L’application des mesures de biosécurité permet de limiter les pathologies en élevage avec leur corolaire de pertes économiques, surcharge de travail et anxiété pour l’éleveur, mais également de sécuriser la chaine alimentaire (ICA) et de limiter l’usage de médicaments permettant de lutter contre l’antibiorésistance et la résistance aux antiparasitaires. Le lycée agricole d’Ahun est très engagé dans cette démarche, ce qui permet de sensibiliser les apprenants au quotidien. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter ou votre vétérinaire.

Marien BATAILLE – Dr Boris BOUBET
GDS Creuse

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