La prévention de l’infécondité en élevage allaitant (3/3) – 05 juin 2024

Prévention de l’infécondité
Observer attentivement, agir rapidement

Infécondité en élevage allaitant (3/3)  : Toute action préventive repose d’abord sur l’appréciation du degré d’infécondité initiale du troupeau en prenant en compte l’ensemble des critères définis précédemment

(articles du 22/05/2024 et 29/05/2024).

 Comme nous l’avons vu, la conduite de troupeau joue un rôle majeur dans la gestion de la fécondité en élevage allaitant.

Avoir une alimentation adéquate de deux mois avant à deux mois après le vêlage…

Dans l’approche de l’alimentation de la vache allaitante, deux éléments complémentaires sont à prendre en considération :

  • Le délai d’action de toute modification alimentaire. Globalement, un délai de deux mois est à prendre en compte entre l’apport ou le retrait d’un nutriment et son plein effet sur l’animal. Cela implique que l’apport par rapport aux périodes où les besoins sont augmentés devra être anticipé.
  • Le deuxième est spécifique à la vache allaitante. Sa période de forts besoins se situe en fin de gestation et début de lactation (pour assurer une lactation suffisante et une fertilité adéquate).

S’il faut maintenir les animaux en bon état toute l’année, la conjonction de ces deux éléments détermine la période où il faudra concentrer le suivi de l’alimentation de la vache allaitante, à savoir de deux mois avant à deux mois après le vêlage.

… avec une adaptation en fonction des périodes de vêlages

Etant donné l’évolution des périodes de vêlages dans certains élevages, cela demande une adaptation de l’alimentation en fonction de ces modifications en prenant en compte les particularités saisonnières : composition de la ration en matière sèche et fibres, densité et type d’énergie ou d’azote, apports de macroéléments ou d’oligoéléments… Les vaches allaitantes ont des besoins en minéraux majeurs relativement limités. Une complémentation hivernale en Aliment Minéral et Vitaminé (AMV) permet de « recharger » les animaux, notamment en calcium et phosphore, le stockage étant principalement osseux. L’apport au pâturage n’est intéressant que s’il n’y a pas eu de cure hivernale (plein air intégral par exemple) ou s’il y a des besoins spécifiques (magnésium à la mise à l’herbe). Par contre, pour le sodium (sel), la complémentation est nécessaire pour tous les bovins, toute l’année. Pour les oligoéléments, le risque de carence est élevé dans la plupart des situations, une complémentation est donc nécessaire en préparation au vêlage ou à la reproduction. Il faut aussi tenir compte d’un élément qui interfère sur le métabolisme, les infestations parasitaires, en particulier, la fasciolose (grande douve), en cas de pâturage sur des prairies humides.

Contrôler l’involution utérine de toute vache à risque…

Il est conseillé avant la mise à la reproduction (1 à 1,5 mois après le vêlage) de faire un contrôle de l’utérus. Cet examen a pour but de vérifier son involution, de détecter et de traiter suffisamment tôt les endométrites et, simultanément, de vérifier l’activité ovarienne. Les vaches à contrôler seront choisies en fonction de l’analyse du bilan de reproduction et sur les vaches ayant eu un vêlage difficile ou une pathologie post-partum, ou sur la totalité du troupeau, les pathologies utérines post-partum étant souvent sous-diagnostiquées. Le contrôle se pratique en 1 à 2 interventions regroupant les femelles en fonction de leur date de vêlage.

… et examiner toute vache non-vue en chaleur 3 mois après son vêlage ou présentant un 3e retour en chaleur

Les vaches non-vues en chaleur dans les trois mois qui suivent le vêlage doivent faire l’objet d’un examen spécifique pour vérifier l’activité ovarique, par palpation transrectale, pour appliquer assez rapidement une gestion appropriée. L’anœstrus est un des troubles de la reproduction les plus fréquents chez les vaches allaitantes. Lorsqu’il n’est pas en relation avec l’allaitement ou l’absence de taureau, il révèle une situation sub-pathologique, liée à une luminosité insuffisante en stabulation, à des stress d’origine climatique, ou, le plus souvent, à des déficits énergétiques pendant la période de stabulation ou à la mise à l’herbe. Et toute vache présentant un 3e retour en chaleur fera l’objet d’un examen le jour des chaleurs pour en déterminer la cause.

Corriger les facteurs d’infécondité au fur et à mesure de leurs manifestations grâce à une observation attentive et avec une action rapide

Deux attitudes de l’éleveur vont conditionner la réussite de la gestion de la reproduction :

  • Observer attentivement : l’appréciation de l’état corporel aux différents stades physiologiques de la vache, l’observation des chaleurs, la détection de toute anomalie… constituent les éléments de base permettant une gestion adéquate de la reproduction du troupeau. Une attention toute particulière sera portée au taureau lors de monte naturelle, et notamment de la qualité des onglons qui peuvent nécessiter un parage préventif. Le 1er élément de réussite incontournable s’avère donc être la qualité du suivi quotidien de l’éleveur que rien ne peut remplacer.
  • Agir rapidement : lors de détection d’un facteur de déséquilibre (problèmes alimentaires, difficultés au vêlage, retours en chaleurs…), l’action corrective demande à être rapide sous peine de détérioration des performances de reproduction. Plus l’action corrective sera longue à être mise en place, plus son efficacité sera tardive. L’objectif est de porter le diagnostic d’infécondité au moment même de la dégradation des performances de reproduction, c’est à dire lorsque l’on s’aperçoit que moins de vaches risquent d’être fécondées dans les délais souhaitables.


Mettre en place un suivi de reproduction

La fécondité du troupeau est un élément déterminant de la rentabilité d’un élevage allaitant. Une bonne gestion de la reproduction adaptée à la conduite de l’élevage du troupeau allaitant est donc nécessaire. Celle-ci comprend :

  • Un contrôle des reproducteurs mâles avant la saison de monte,
  • Une alimentation adaptée des vaches à tous les stades de gestation pour maintenir une NEC autour de 2,5,
  • Un contrôle d’involution utérine 1 à 1,5 mois post-partum afin d’assurer une détection précoce des infections utérines qui peuvent être traitées de façon efficace à ce stade,
  • Un contrôle des vaches infertiles : vaches à chaleurs récidivantes ou en anœstrus,
  • Un constat de gestation avec un double objectif : détecter précocement les vaches et les génisses non-gestantes pour choisir une politique de réforme et alloter les animaux en fonction du stade de gestation pour une conduite précise du rationnement et une bonne gestion sanitaire. Ceci n’est possible que par un constat de gestation précoce. Le test de gestation sur sang (dosage des PAG (protéines associées à la gestation)) sur les tubes de prophylaxie peut être un complément pratique.

L’utilisation de ces outils sera adaptée à chaque élevage en fonction :

  • Du bilan de reproduction du troupeau et de son analyse, en s’appuyant par exemple sur le BSE prérempli GDS Creuse, disponible sur WebGDS,
  • Des objectifs de l’éleveur et des facteurs de risques de l’élevage,
  • Des déséquilibres ou événements survenant entre deux saisons de vêlage ou au cours de la saison.

Source : Idele

En conclusion, en cas de suspicion, agir sans attendre

Face à toute suspicion d’infécondité dans son troupeau, un état des lieux de la situation s’avère nécessaire pour pouvoir effectuer une analyse précise et engendrer un plan d’action adapté. Pour tout renseignement complémentaire, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou GDS Creuse et sa filiale Farago Creuse pour les parages.

Dr Boris BOUBET
GDS Creuse

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