Salmonellose bovine – 18 mars 2016

La salmonellose bovine
Vigilance et respect des mesures sanitaires

Salmonellose bovine en Creuse : Des cas de salmonellose bovine en Creuse apparaissent de manière régulière. Face à ce phénomène, la vigilance et le respect des mesures sanitaires de base permettent de limiter considérablement l’impact.

La salmonellose est mondialement connue. Notre département a été confronté à cette problématique en 1995/1996 et 2005/2006 avec une cinquantaine de foyers par an. Aujourd’hui, de 5 à 10 cas sont observés annuellement avec un impact dans l’élevage fortement dépendant des mesures mises en place au début de l’apparition de la maladie.

Une bactérie résistante infectant de nombreuses espèces

Les salmonelles sont des bactéries qui vivent à l’origine dans le sol et l’eau. De là, elles colonisent le tube digestif de nombreuses espèces d’animaux domestiques ou sauvages (mammifères, oiseaux, reptiles, insectes …) et des êtres humains. Très résistantes dans le milieu extérieur, elles peuvent survivre de 50 à 100 jours dans l’eau et plusieurs mois dans les couches superficielles du sol ou les déjections. On compte plus de 2.500 types de salmonelles. Presque toutes sont pathogènes pour les ruminants. Citons, parmi les plus fréquemment rencontrées chez les bovins : Salmonella Typhimurium, S. Dublin et S. Montevideo. De nombreuses salmonelles peuvent faire avorter les vaches. Une des plus régulièrement abortive est Salmonella Dublin.

Une contamination par voie orale, une maladie inaperçue à mortelle

Les salmonelles pénètrent essentiellement par voie orale. Elles se multiplient alors dans la muqueuse intestinale et colonisent l’intestin. Les souches pathogènes traversent les cellules intestinales et contaminent les ganglions mésentériques en 24 heures, puis, tout l’organisme. Différentes évolutions peuvent se présenter :

  • La stimulation de l’immunité locale et générale aboutit à la guérison rapide. La maladie passe alors inaperçue ou presque.
  • L’invasion du tissu lymphoïde fait des infectés des porteurs latents, susceptibles de devenir des excréteurs intermittents après la fin de la manifestation de la maladie.
  • Les organes de défense se trouvent dépassés par la virulence de la bactérie, il y a septicémie (passage du germe dans le sang) puis atteinte de différents tissus et manifestation de symptômes graves, parfois mortels.

Le pouvoir pathogène des salmonelles dépend de la souche ingérée, de la dose ingérée et de l’état de résistance de l’animal : état nutritionnel, immunodépression…

Le peripartum, une période à hauts risques

La phase autour du vêlage est une zone à hauts risques. Les animaux immunodéprimés (migration des anticorps vers le colostrum, stress du vêlage…) sont plus excréteurs et réceptifs. Chez les bovins adultes, la forme aiguë se traduit par des diarrhées très liquides entraînant rapidement une déshydratation avec une forte hyperthermie et de l’abattement. Suite à la dissémination des salmonelles dans l’organisme, elles aboutissent dans l’utérus des vaches en gestation, pouvant entraîner des avortements. Les jeunes veaux, très sensibles, présentent une diarrhée liquide hémorragique et séromembraneuse. Jusqu’à l’apparition de la diarrhée, leur température est très élevée (de 41° à 42°C). Puis ils ont des efforts de défécation, se déshydratent et paraissent épuisés. Sans traitement, la maladie est souvent mortelle. En cas de survie, les malades peuvent devenir porteurs chroniques (jusqu’à 10 % des animaux). Le taux de malades est souvent supérieur à 40 %, la mortalité peut atteindre 10 %.

Des mesures sanitaires de base essentielles à respecter

Lors d’atteinte de votre élevage par cette maladie, pour une même virulence du germe, l’impact de la maladie sera fortement dépendant des actions mises en place. D’un point de vue chronologique, les principales sont les suivantes :

  1. Faire un examen clinique précoce et complet : Lors de toute apparition de diarrhée sur un veau ou une vache, notamment aux alentours du vêlage avec une atteinte de l’état général, un examen approfondi de l’animal sera effectué dès le début d’évolution avec prise obligatoire de la température avant tout traitement.
  2. Isoler l’animal malade : Les bovins atteints excrètent de nombreux germes (1 à 100 milliards de germes par gramme de fèces). L’isolement du malade, la récupération avec élimination des matières infectieuses (notamment avorton et annexes fœtales lors d’avortements) et la désinfection de la zone contaminée représentent des mesures essentielles de prévention de contamination des congénères.
  3. Mettre en place un diagnostic de laboratoire et un traitement précoce et adapté : Au moindre doute, faîtes appel à votre vétérinaire qui effectuera un prélèvement pour examen bactériologique pour confirmer la suspicion, typer le germe et réaliser l’antibiogramme. La connaissance de ces données va permettre de déterminer l’antibiothérapie qui doit être installée de façon très précoce, être massive, soutenue (5 à 6 jours minimum) et complétée par une fluidothérapie abondante avec l’utilisation d’anti-inflammatoires pour lutter contre le choc endotoxinique. La vaccination pourra être envisagée pour protéger le reste du cheptel et éviter les récidives. Elle permet d’éviter les problèmes cliniques mais n’empêche pas le portage de salmonelles.
  4. Rechercher les sources de contamination : Les sources de salmonelles sont d’abord les animaux porteurs chroniques quelle que soit l’espèce porteuse. Après un épisode clinique, 8 à 9 % des vaches restent des excréteurs épisodiques. La dissémination s’effectue par l’eau ou par les aliments solides. La contamination inter espèces existe de façon importante, notamment entre volailles, porcs, bovins et humains. La présence de volailles représente un risque majeur de maintien et de diffusion des salmonelles dans l’environnement.
  5. Supprimer les sources de contamination : Après un épisode de salmonellose, une désinfection et une dératisation (les rongeurs peuvent être vecteurs) seront réalisées. Pour les effluents d’élevages, (lisier et le purin), une durée de 2 mois minimum doit séparer l’épandage du pâturage.

Salmonellose mesures de base

Une maladie transmissible à l’homme

Presque toutes les salmonelles sont contagieuses à l’Homme. La contamination se fait par voie orale à partir des mains souillées ou suite à la consommation de denrées animales ou végétales contaminées. La symptomatologie est dominée par des signes digestifs avec une gastroentérite parfois mortelle par suite de déshydratation.

Si vous avez diagnostiqué un cas de salmonelle dans votre élevage, vous devez :

  • avoir une hygiène très stricte (vous laver soigneusement les mains, les bottes, les désinfecter, changer de tenue après avoir soigné les animaux),
  • installer un pédiluve à destination des intervenants extérieurs,
  • informer votre laiterie si elle travaille le lait en cru,
  • en vente directe de lait cru ou de fromages : retirer les lots le temps de s’assurer par des analyses de laboratoire (autocontrôle) que la production reste saine,
  • renseigner sur l’ASDA, l’Information dans la chaîne alimentaire ou ICA si il y a eu au moins 2 cas de salmonellose bovine dans l’élevage en 2 mois.
Si vous avez eu, en deux mois, deux cas de salmonellose clinique, le premier cas ayant été diagnostiqué il y a moins de 6 mois, vous devez rayer la mention « ne présente aucun » au recto de l’ASDA et cocher la case correspondante au verso.

Si vous avez eu, en deux mois, deux cas de salmonellose clinique, le premier cas ayant été diagnostiqué il y a moins de 6 mois, vous devez rayer la mention « ne présente aucun » au recto de l’ASDA et cocher la case correspondante au verso.

Une aide technique et financière de GDS Creuse

La salmonellose peut être une maladie grave dans un élevage. Comme lors de toute problématique infectieuse, particulièrement contagieuse, le respect des mesures sanitaires de base permet de limiter fortement l’impact de la maladie. C’est une des composantes de notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! ». De plus, la salmonellose est une des maladies prises en compte dans le cadre de la mutuelle sanitaire en élevage bovin. Pour tout renseignement complémentaire, n’hésitez pas à nous contacter.

Dr Didier GUERIN
GDS Creuse

 La semaine prochaine : La lutte contre les taupes

imprimer cet article imprimer cet article