Plaquettes bois – 24 octobre 2018

 

La litière plaquettes bois.
Une alternative ?

 

Nouveaux matériaux de litière => Avec la sécheresse, le prix des fourrages augmente, paille comprise. Des solutions alternatives pour les litières sont à investiguer en prenant en compte les caractéristiques de chaque matériau et l’éventuel risque sanitaire.

 

A cause de la hausse du prix et des stocks de paille insuffisants, des éleveurs sont tentés par de nouveaux matériaux pour les litières : sciure, copeaux, plaquettes… Cet article vous propose un point sur la solution bois.

Un matériau disponible, pratique et économique…

Avant de se décider à passer commande, vous vous assurerez que le fournisseur pourra honorer l’approvisionnement tout au long de l’hiver. Ainsi, pour les sous-produits du bois, de nouveaux usages apparaissent comme les granulés. Si le marché est favorable, la scierie pourra être tentée de fournir un autre client à un moment donné. La manutention est un autre aspect à prendre en compte. Même si le matériau a été obtenu à un prix intéressant, son stockage, sa distribution peuvent nécessiter des équipements qui ne sont pas présents sur l’exploitation ou demander un temps de distribution important. L’économie devient alors toute relative.

La taille de la plaquette va influer sur le confort des animaux et la vitesse de dégradation dans les fumiers. Une taille comprise entre 3 et 5 cm est idéale.

… avec des caractéristiques adaptées…

Le facteur d’absorption d’un matériau de litière est sa capacité à retenir l’humidité du fumier et de l’urine. Il indique le poids d’eau qu’un kilogramme de matériau peut retenir. A titre indicatif, la paille est autour de 2, la sciure autour de 2,5 et les copeaux autour de 2. Cette capacité varie en fonction de l’humidité même du matériau et des conditions de stockage. Les vaches ont tendance à éviter les litières humides, ce qui peut réduire leur temps de repos ou condamner certaines zones de la stabulation.

… sans impact sur la santé des animaux…

La santé des animaux est un facteur crucial si on envisage le passage à un matériau de remplacement. La présence de contaminants bactériologiques, physiques ou chimiques peut créer un risque sanitaire pour les animaux ou l’éleveur. L’ingestion de litière, normale avec de la paille, peut poser problème avec d’autres matériaux. La litière de fougère historiquement très utilisée entrainait de l’hématurie chronique conduisant à la mort de l’animal. Le confort sera également à évaluer, le matériau devant offrir un capitonnage non abrasif. Des études ont mis en évidence que la durée du repos et, donc le bien-être et la productivité, varie en fonction du degré de confort du matériau de litière.

… ni lors de l’épandage

Le passage d’une litière paille à une litière à base de bois peut avoir des effets sur le compostage car le rapport carbone/azote augmente. La vitesse de dégradation ne sera pas la même et certains matériaux peuvent se lier à des éléments nutritifs comme l’azote et en priver les cultures. Il faut également prendre en compte l’impact environnemental, la sciure ou les copeaux de bois étant riches en tanins et ayant tendance à acidifier les sols.

Les plaquettes pour valoriser les déchets de bois

Dans nos régions bocagères, l’entretien des haies hautes et des lisières de bois génère des déchets pouvant être valorisés en plaquettes. Les branches coupées à l’automne sont passées à la déchiqueteuse à couteaux avant un mois. Les plaquettes sont acheminées vers un lieu de stockage où elles vont chauffer puis sécher. Le lieu de stockage sera idéalement couvert et bien aéré. L’emploi des plaquettes comme litière nécessite 3 mois minimum de stockage. Plus elles seront sèches, meilleur sera le facteur d’absorption. Le coût de production varie selon les exploitations et la ressource utilisée, la rentabilité peut être intéressante lorsque le prix de la paille dépasse 100 euros la tonne. La rentabilité est en revanche plus compliquée s’il faut acheter les plaquettes.

Plusieurs solutions de litière…

La plaquette peut être utilisée seule ou en sous-couche d’une aire paillée. Dans tous les cas, on mettra une sous-couche de 8 à 10 cm, complétée par d’autres plaquettes ou de la paille quand les animaux commencent à être sales. L’épandage se fera au godet et peut nécessiter un peu de manutention pour l’étaler correctement. Selon le système choisi, le rythme de curage va varier, de quinze jours à plus d’un mois. En cas d’usage mixte avec de la paille, la constitution d’une sous-couche très aérée peut prédisposer à une augmentation plus rapide de la température favorable aux développements bactériens. Il convient de surveiller régulièrement les températures de litière et, dès que l’on se rapproche de 35°C, programmer un curage.

Le CIIRPO a mené un essai sur 3 lots de brebis, un sur aire paillée, un sur plaquettes et un sur millefeuille paille/plaquettes. Six critères étaient suivis, les boiteries, la NEC, la propreté, l’humidité de la laine, les problèmes pulmonaires et le temps de repos. Il n’a été noté aucune différence significative après 45 jours. Le temps passé par l’éleveur est en revanche doublé avec utilisation des plaquettes, du fait de l’épandage à la main. Le coût s’est avéré aussi supérieur mais les plaquettes avaient été achetées.

… sans impact sur les animaux

Les expérimentations menées en ovin et en bovin sont globalement satisfaisantes. Les animaux apprécient le couchage sur cette litière, il n’y a pas d’impact sur les performances zootechniques, pas de blessure et un niveau de propreté jugé plutôt supérieur. Il semble même être observé moins de mammites et de gros nombrils sur les veaux.

Un matériau globalement intéressant

Les plaquettes constituent un matériau intéressant pour les litières : peu poussiéreuses, bonne capacité d’absorption, animaux propres. Il y a cependant quelques inconvénients : lieu de stockage adapté, litière froide et sombre si elle est utilisée seule, volume nécessaire très important (4 mètres cube de plaquettes remplacent 1 tonne de paille). Du fait d’une teneur élevée en écorce, les plaquettes contiennent plus d’azote et n’ont pas l’effet acidifiant du sol des déchets de bois. Le fumier sera cependant plus riche en carbone d’où la nécessité de bien le composter avant épandage.

Une production qui se développe

La filière plaquette est en plein développement, avec une mécanisation accrue, des investissements de CUMA et la valorisation d’un travail d’entretien qui était de toute façon effectué. Elle favorise le développement de haies hautes au détriment des haies basses, avec un impact favorable sur la biodiversité et un coût d’entretien diminué. Au-delà de l’intérêt pour les litières, les plaquettes peuvent être utilisées pour le chauffage domestique avec une possibilité de commercialisation en circuit court et de nouveaux débouchés économiques pour les éleveurs. Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter les sites internet suivants : https://afac-agroforesteries.fr/wp-content/uploads/2015/02/Guide-bois-format-réduit.pdf et http://idele.fr/contact/publication/idelesolr/recommends/bien-utiliser-la-litiere-plaquette-dans-mon-elevage.html

Dr Boris BOUBET
GDS Creuse

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