Visites sanitaires obligatoires bovines – 03 juin 2020

Visites sanitaires obligatoires en élevage.
En 2020, pour les bovins, l’utilisation des antiparasitaires

Visites sanitaires obligatoires => Des visites sanitaires obligatoires en élevages ont été instituées dans différentes filières. Pour les bovins, en 2020, elle porte sur l’utilisation des antiparasitaires.

Dans le cadre du passage d’un système d’éradication vers une épidémiosurveillance, l’Etat a décidé l’instauration d’une visite sanitaire obligatoire dans chaque élevage bovin pour surveiller et prévenir les risques sanitaires.

Les filières bovine, ovine, caprine, porcine, avicole, apicole et équine concernées

L’arrêté ministériel du 24/09/2015 fixe les éléments des visites sanitaires obligatoires. Ces visites sont réalisées par votre vétérinaire sanitaire et sont prises en charge par l’Etat. Elles ont pour but de vous sensibiliser à la santé publique vétérinaire et aux moyens d’améliorer le niveau de maîtrise des risques sanitaires de votre élevage. Elles concernent les filières bovine (objet de cet article), caprine et ovine (bonne utilisation des antiparasitaires), porcine (biosécurité), avicole (biosécurité), équine (outils de prévention contre les maladies contagieuses et vectorielles) et apicole (thématique restant à définir).

En 2020, pour les bovins, l’utilisation des antiparasitaires

Pour la filière bovine, cette visite sanitaire obligatoire annuelle est à réaliser dans tous les élevages de 5 bovins ou plus, y compris les ateliers d’engraissement dérogataires. Après, les avortements en 2014, la fièvre aphteuse en 2015, l’antibiorésistance en 2016, la biosécurité en 2017 et 2018, le bien-être animal et le transport des bovins blessés en 2019, la thématique abordée en 2020 est donc l’utilisation des antiparasitaires. L’échange entre le vétérinaire sanitaire et l’éleveur est prévu pour durer approximativement 30 mn avec un questionnaire disponible pour servir d’appui.

Un questionnaire articulé en 3 parties

Les objectifs de la visite sont les suivants :

  • Echanger avec l’éleveur sur les bénéfices et les risques (zootechniques, économiques, environnementaux, santé humaine et genèse de résistance) liés à l’utilisation des antiparasitaires.
  • Faire prendre conscience que la gestion du parasitisme bovin interne et externe n’est pas intuitive : chaque élevage est particulier, l’éleveur et le vétérinaire aborderont les problèmes parasitaires d’un élevage en utilisant des moyens de surveillance et de gestion du risque parasitaire adaptés.
  • Expliciter la notion de gestion raisonnée du parasitisme.

Le questionnaire est composé de 3 parties.

Partie 1 : habitudes de travail, sensibilisations aux enjeux

Cette partie permet de recueillir votre perception du parasitisme dans votre élevage : quels parasites sont pénalisants pour votre exploitation, quels moyens connaissez-vous pour identifier les parasites présents et parmi eux lesquels employez-vous régulièrement, comment décidez-vous des traitements à mettre en œuvre, quels sont vos choix d’antiparasitaire, quelles molécules utilisez-vous et avec quelle périodicité. Les échanges porteront également sur votre perception par rapport à vos pratiques : avez-vous le sentiment de traiter trop, ce qu’il faut ou pas assez et souhaitez-vous faire évoluer certains points dans votre gestion du parasitisme.

Partie 2 : risques liés à l’usage des antiparasitaires

Cette partie aborde plusieurs notions liées à l’usage des antiparasitaires. Tout d’abord les risques de résistance des parasites aux antiparasitaires sont décrits avec les définitions de la résistance de parasites aux anthelminthiques et des populations parasitaires refuges (cf. figure 1 : le phénomène des résistances). Est ensuite évoqué le risque environnemental. Traiter certaines catégories d’animaux est impératif mais, selon les conditions d’utilisation, certains antiparasitaires peuvent avoir un fort impact sur l’environnement et la biodiversité. Il importe d’en tenir compte au moment de la décision de la mise en place d’un tel traitement (moment, type de produit, mode d’administration, bénéfice attendu). Enfin, un point d’attention est porté sur les formulations pour-on (formulations plus dosées, variabilité de la dose absorbée, léchages entre animaux, absorption percutanée chez l’Homme…).

La résistance à une famille d’antiparasitaires dans une population de parasites correspond à l’augmentation de la fréquence des individus qui tolèrent des doses d’antiparasitaires qui tueraient normalement des parasites de la même espèce et du même stade, cette tolérance est héréditaire. Une population refuge de parasites est une sous-population qui, au moment du traitement, n’est pas exposée à la molécule antiparasitaire, donc non soumise à la pression de sélection. Cette population refuge inclut les stades larvaires présents sur les pâtures et les parasites se trouvant chez les hôtes non-traités. Cette population refuge constitue un réservoir de parasites non-sélectionnés qui maintient les gènes de susceptibilité aux antiparasitaires dans la population de vers et dilue les gènes de résistance des parasites sélectionnés par le traitement.

Partie 3 : mise en situation

L’idée est, à travers une des situations proposées (lot de veaux de 2-3 mois en bâtiment avec de la diarrhée, lot de bovins avec de la toux en août, lot de broutards avec de la diarrhée en septembre, traitements antiparasitaires en cours de première année de pâture, animaux qui se grattent en début d’hiver ou autre situation concernant l’élevage), de montrer que les traitements antiparasitaires doivent être raisonnés, notamment par l’utilisation d’examens complémentaires afin de ne pas utiliser inutilement des médicaments (coûts économique et écologique) et de ne pas mettre en danger les animaux malades (erreur de diagnostic, coûts économique et zootechnique). De plus, lorsqu’un parasite est identifié, plusieurs stratégies peuvent être envisagées.

La finalité de la visite est d’aller vers une prescription antiparasitaire raisonnée et prescrite. L’attitude à adopter est de traiter :
– Autant que nécessaire pour atteindre les objectifs économiques et zootechniques de l’élevage, assurer le bien-être animal, prévenir l’apparition de cas cliniques d’origine parasitaire et réduire les pathologies intercurrentes.
– Aussi peu que possible pour mettre en place une immunité (strongles, coccidies), limiter le coût des traitements, prévenir l’apparition de résistances, réduire leur impact environnemental et protéger la santé humaine.

Un rendez-vous incontournable de notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! »

Vous pouvez retrouver l’instruction technique pour la visite sanitaire bovine à l’adresse suivante : https://info.agriculture.gouv.fr/gedei/site/bo-agri/instruction-2020-52. Articulée avec le bilan sanitaire d’élevage (BSE) annuel nécessaire à la prescription sans examen clinique (cf. article du 11/10/2019), la visite sanitaire bovine annuelle participe au développement de l’approche sanitaire globale de votre troupeau, base de notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! ». Pour tout renseignement complémentaire, contactez votre vétérinaire sanitaire, la DDCSPP ou GDS Creuse.

Dr Didier GUERIN
GDS Creuse

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