La cysticercose ou ladrerie bovine
Une zoonose sous haute surveillance
« Le ver solitaire » => La cysticercose ou ladrerie bovine est due à la présence de larves de cestodes dans la musculature. Ces larves appartiennent à l’espèce Tænia saginata, qui, à l’état adulte, est parasite de l’intestin grêle de l’homme (T. saginata est souvent dénommé « ver solitaire »).
Maladie connue depuis longtemps, toujours présente, la cysticercose ou ladrerie bovine fait l’objet d’un dépistage codifié afin de rompre le cycle de contamination bovin-homme.
Un cycle bovin-homme
La contamination des bovins se fait par ingestion d’œufs de Tænia saginata libérés en très grand nombre dans l’environnement à partir de personnes hébergeant des vers solitaires. Les œufs éclosent dans le tube digestif des bovins et libèrent de petites larves qui vont se localiser dans les muscles avec des zones d’élection : myocarde, muscles masticateurs, langue, paroi musculeuse de l’œsophage ou diaphragme. Chaque larve prend la forme d’un grain de riz (2 x 6-8 mm), de coloration rosée, disposé entre les fibres musculaires. Ce type de larve, appelé cysticerque, est formé en 3 mois après ingestion de l’œuf de T. saginata. La présence de cysticerques n’a pas de répercussion, ni sur l’état général, ni sur la croissance des jeunes bovins. L’éleveur ne s’en rend donc pas compte.
Une zoonose, le tæniasis, un « ver solitaire » de 5 à 10 m de long
L’Homme peut héberger 2 espèces de ténias, T. saginata à partir du bovin et T. solium à partir de porc. Il s’infeste en consommant de la viande crue ou peu cuite. En 3 mois, la forme adulte du tænia est formée dans l’intestin grêle, T. saginata atteignant la taille de 5 à 10 mètres. Des segments de 1 cm sont éliminés par voie anale, chacun contenant des milliers d’œufs très résistants et directement infestants pour les bovins. Ces œufs peuvent souiller la pâture, le fourrage ou l’eau de boisson. Le nombre de tæniasis humains avoisinerait les 100.000 cas annuels. Ces renseignements constituent un élément privilégié dans le cadre de l’information sur la chaîne alimentaire (ICA) relative à la cysticercose (cf. illustration et article du 25/07/2018). Lors de cas groupés de cysticercose bovine, une enquête peut être diligentée dans l’exploitation d’origine.
Un dispositif général de lutte basée sur la rupture du cycle
II n’existe aucun traitement de cette maladie sur le bovin. Casser le cycle de la cysticercose implique un contrôle sanitaire des viandes pour éviter l’infestation humaine mais également protéger les bovins de la contamination par des œufs de Tænia saginata. Cela passe par une sensibilisation des éleveurs et des autres usagers de la nature (chasseurs, randonneurs, ramasseurs de champignon…) au risque qu’ils font courir s’ils défèquent dans un pré. Cela nécessite également le dépistage et le traitement des personnes parasitées, notamment les éleveurs. Pour les bovins, il faut limiter l’accès aux pâtures ou aux fourrages provenant de zones à risques (pâtures avec dispersion du contenu de fosses septiques, à proximité des voies ferrées ou des routes très fréquentées) et éviter l’abreuvement des animaux avec des eaux infestées.
Un arbre de décision pour les viandes ladres prévu par arrêté
La recherche de la cysticercose à l’abattoir est réalisée systématiquement sur les bovins. L’inspection post-mortem s’effectue avec un examen visuel, palpations et, éventuellement, incisions sur les lieux d’élection des cysticerques :
- Masséters externes (deux incisions parallèles à la mandibule de chaque côté) et internes, sauf pour les bovins de moins de 6 semaines.
- Langue et œsophage (examen visuel et palpations).
- Cœur (examen visuel et palpations, une incision longitudinale).
- Diaphragme (examen visuel).
Une carcasse atteinte de cysticercose est celle dans laquelle est décelé un cysticerque vivant ou en voie de dégénérescence, ou une lésion calcifiée qu’il n’est pas possible de rapporter avec certitude à une autre cause que la cysticercose. La découverte de telles lésions entraîne obligatoirement la consigne des viandes, c’est-à-dire de la carcasse et des abats rouges (cœur, langue, œsophage, tête), puis un examen approfondi (immédiat ou après réfrigération dans le local de consigne).
Un examen approfondi « renforcé » lors de suspicion
Cet examen approfondi de la carcasse repose sur des contrôles visuels, des palpations et des incisions obligatoires, ainsi que d’éventuelles incisions complémentaires. L’examen approfondi a pour but d’apprécier le niveau d’infestation de la carcasse (discrète ou massive) et de rechercher des cysticerques vivants car ils sont infestants. Il comprend en particulier un examen visuel approfondi des lieux d’élection (masséters, langue, œsophage, cœur), ainsi que des hampes et de l’onglet. Le cœur, lieu d’élection préférentiel de la cysticercose et site de détection particulièrement efficace des larves, fait l’objet de sections en quatre parties au moins de façon à multiplier les surfaces d’examen.
L’examen approfondi comprend également le contrôle visuel de toutes les surfaces musculaires visibles, notamment à proximité des insertions osseuses et des aponévroses.
Un assainissement par le froid ou une saisie totale
Lorsque l’infestation de la carcasse est discrète (inférieure à un cysticerque vivant ou en voie de dégénérescence, ou à une lésion calcifiée par dm²), les organes ou les parties de carcasse porteurs des lésions sont saisis à l’abattoir ou à l’atelier de découpe. Le reste de la carcasse peut être assaini par le froid (température inférieure ou égale à 10°C à cœur, 10 jours minimum). En revanche, lorsqu’il a été mis en évidence, en quel lieu que ce soit, plus d’une lésion par dm², la carcasse est retirée de la consommation humaine dans sa totalité. Le vétérinaire officiel de l’abattoir s’assure de la transmission à l’exploitant du secteur alimentaire qui a envoyé l’animal, de l’information de la présence d’une ou de plusieurs larves de cysticerques dans les viandes. Le motif porté sur le certificat de saisie sera « cysticercose musculaire généralisée », « cysticercose musculaire localisée, forme dégénérée » ou « cysticercose musculaire localisée, forme vivante ».
La mutuelle sanitaire GDS Creuse et le FAR Nouvelle-Aquitaine
Depuis des années, GDS Creuse indemnisait ses adhérents pour cysticercose et tiquetage. Depuis le 01/01/2019, la mutuelle sanitaire fait une prise en charge de 20 % des pertes liées à 7 motifs de saisie, dont la cysticercose, qui peut être complétée par l’indemnisation FAR (cf. article du 29/07/2020). Pour tout renseignement sur le FAR, contactez INTERBEV Nouvelle-Aquitaine (far@interbev-nouvelleaquitaine.fr ou au 05 57 85 40 10). En cas de saisie d’abattoir, vous pouvez échanger avec votre vétérinaire pour comprendre le motif de saisie et voir si des mesures sont à mettre en place, ou vous rapprocher de nos services. Dans la continuité de notre série, le prochain article sera consacré au tiquetage musculaire.