L’eau en élevage – 09 décembre 2020

L’eau en élevage
Une qualité à garantir de la ressource à la distribution

L’abreuvement en bâtiment => Au même titre que l’alimentation, un abreuvement correct de vos animaux, tant qualitatif que quantitatif, représente une base de la gestion sanitaire de votre troupeau.

L’eau est l’élément indispensable à la vie. Elle représente 60 % du poids des mammifères et une déshydratation de 15 % est mortelle. Tout problème d’abreuvement des animaux aura un impact clinique et économique direct.

Un préalable, estimer les besoins en eau de l’élevage

Les sources d’abreuvement possibles sont multiples mais quelle que soit la solution choisie, il faut s’assurer qu’elle permette un abreuvement constant tout au long de l’année. Les besoins varient en fonction du type d’animaux, de la production ou de l’alimentation. Si vous ignorez les quantités consommées sur votre exploitation, des tables permettent de donner une idée des besoins ; en allaitant, on compte en moyenne 55 litres quotidiens pour un couple mère-veau et globalement, on estime les besoins à 25 m³/UGB/an. La facilité par la proximité de la ressource ou sa gratuité ne doit pas être choisie au détriment de la qualité et donc de la santé des animaux et de la productivité du troupeau (moins de lait, moins de croissance). Une eau que l’on ne boirait pas n’est pas à distribuer aux animaux !

Quelle ressource en eau pour mon bâtiment ?

  • L’eau du réseau public

Bien que coûteuse, cette solution présente de nombreux avantages. L’organisme de gestion garantit une pression constante et une bonne qualité bactériologique jusqu’au compteur. Il ne vous reste qu’à s’assurer de la qualité de votre réseau de distribution au sein de votre élevage.

  • Les eaux de source, puits ou forage

C’est certainement la meilleure solution mais elle nécessite de vérifier le débit avant tout projet d’aménagement complémentaire. Cela demande de chiffrer les besoins en eau de l’exploitation, en prenant en compte la consommation des animaux mais également les besoins annexes comme le nettoyage des bâtiments ou du matériel. Hormis le coût d’installation, cette solution nécessite un suivi et un entretien réguliers : analyse annuelle de l’eau, sortie et entretien de la pompe immergée tous les 2 ou 3 ans, vérification du forage. Un couplage au système d’adduction du réseau est indispensable afin de prévenir toute pénurie en cas de problème.

  • Les eaux de surface

Les eaux de surface (rivière, étang, mare…) présentent des risques pour l’abreuvement des animaux. Le niveau et la qualité bactériologique varient énormément au fil des saisons. Cela expose les bovins à la salmonellose, leptospirose, paratuberculose, aux viroses digestives ou au parasitisme. Des solutions de traitement efficaces sont cependant envisageables avec un coût d’installation et d’entretien variable.

Une qualité à vérifier régulièrement par analyse

Toute eau d’origine privée demande à être analysée. Pour obtenir un résultat interprétable, une démarche rigoureuse est nécessaire. Sur les installations existantes, deux prélèvements sont conseillés : un au départ du captage et un au point le plus éloigné sur l’installation. Le prélèvement peut être fait par l’éleveur, mais il est préférable de faire appel à un technicien spécialisé. Des paramètres et des normes ont été édictés pour l’eau potable, puis des recommandations ont été transposées pour l’eau de boisson des bovins. Pour la bactériologie, il est nécessaire de faire le lien entre limite dangereuse pour l’animal, signes cliniques et baisse de performances. En cas d’excès de fer, fréquent sur les forages, l’installation d’un déferriseur protègera votre installation des dépôts.

Il n’y a pas de norme de potabilité animale car l’exigence va dépendre du type de production mais des recommandations ont été édictées. Les résultats présentés sont réels, l’analyse ayant été faite dans un élevage avec de gros problèmes sanitaires.
On ne peut pas donner une eau comme celle-là aux animaux !

Un inventaire des solutions possibles…

En cas de mauvaise qualité bactériologique, la première étape passe par un examen du site. On cherchera à identifier la source de contamination des puits ou des forages : mauvaise conception de l’ouvrage sujet aux eaux d’infiltration, présence à proximité de déjections animales, défaut d’entretien des installations. Si une eau profonde est contaminée, cela signifie qu’elle n’est plus consommable mais surtout que le captage défectueux a entrainé une contamination de la nappe encore plus préjudiciable. La mise en conformité d’installations anciennes nécessitant souvent des travaux importants, il conviendra de bien étudier le rapport bénéfice/coût par rapport au raccordement au réseau ou à la création d’un nouveau captage via un forage ou un puits.  

… le traitement en continu en dernier ressort

Si la contamination perdure après la mise en place des mesures d’aménagement, un traitement en continu peut être proposé. En fonction des paramètres physicochimiques de l’eau et du niveau d’exigence, plusieurs systèmes sont possibles : chlore, UV, peroxyde d’hydrogène… Mais, il est plus facile de désinfecter une eau propre à la base !

Un réseau de distribution adapté

L’objectif est de garantir une disponibilité en eau permanente aux animaux. En bâtiment, nous sommes confrontés à plusieurs contraintes :

  • Maintien du débit dans les abreuvoirs – Cela passe obligatoirement par l’installation d’un système de distribution compartimenté, pour garantir une pression même en bout de circuit et avec des débits de tuyau suffisants (25 mm minimum au niveau du point de distribution). L’objectif est de garantir un débit permanent d’environ 15 litres/minute.
  • Protection contre le gel – Plusieurs solutions sont envisageables, de l’abreuvoir chauffant aux dispositifs à niveau constant. Il faut garder à l’esprit que les bovins aiment boire une eau tempérée, si elle est trop froide, la consommation baisse.
  • Hiérarchie des animaux – C’est un problème majeur en stabulation libre. Pour que toutes les vaches puissent boire quand elles ont soif, prévoyez un abreuvoir pour 10 à 15 gros bovins.
  • Accès à l’eau pour les veaux – Dès le premier jour, les veaux doivent avoir accès à une eau très propre car ils sont plus sensibles aux contaminations bactériennes. Cela passe par l’installation d’abreuvoirs spécifiques dans les cases à veau. Sans eau, le risque de diarrhée néonatale est multiplié par 7.

GDS Creuse et Farago Creuse, vos partenaires qualité de l’eau

Dans le cadre de nos missions sanitaires, GDS Creuse a défini avec le laboratoire départemental d’Ajain un « kit analyse d’eau » en élevage (cf. encadré). Nous sommes à votre disposition pour interpréter les résultats et vous conseiller sur les solutions adaptées. Farago Creuse, épaulée par des entreprises spécialisées, met à disposition des techniciens qualifiés afin de vous aider dans l’aménagement de vos bâtiments et les solutions de traitement de l’eau. Si vous souhaitez réaliser un captage, rénover une ancienne installation ou analyser l’eau que vous distribuez à vos animaux, n’hésitez pas à nous contacter pour plus de renseignement.

Dr Boris BOUBET – GDS Creuse
Aurélien LEGRAND – Farago Creuse

 

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