Coccidioses bovines – 24 mars 2021

Coccidioses bovines

Gérer les facteurs de risque de votre élevage

 Facteurs de risque coccidiose => Le danger « coccidiose » est fortement lié aux facteurs de risque présents dans votre élevage qui limitent l’immunité et augmentent la pression infectieuse.

La coccidiose demeure la parasitose digestive du veau la plus courante. Les coccidies sont des protozoaires de la famille des Eimeria, on en dénombre treize espèces chez les bovins mais les plus pathogènes sont E. zuernii et E. bovis, et dans une moindre mesure E. alabamensis. Alors que les coccidies sont présentes dans 83 % des élevages, seuls 20 % sont confrontés à de la coccidiose clinique.

Une ingestion massive d’ookystes et de l’immunodéficience pour une coccidiose

De nombreux facteurs interviennent dans l’installation puis dans l’expression clinique de la coccidiose, parmi ceux-ci, deux semblent essentiels :

  • L’ingestion massive d’ookystes sporulés grâce à la capacité de multiplication de ce parasite (potentiellement, un ookyste ingéré peut engendrer trente-deux millions de nouveaux ookystes !) dans un milieu défavorable et souillé.
  • La multiplication active du parasite chez le veau grâce à la présence de stress, de déséquilibres alimentaires et de parasitisme associé, sources d’immunodéficience.

Comme pour la cryptosporidiose, on observe dans un même lot, la coexistence de veaux et/ou de jeunes bovins porteurs, excréteurs à bas bruit, non malades mais avec un impact sur la croissance. Ces derniers sont sources de contamination de sujets plus réceptifs, multiplicateurs du parasite qui, à leur tour, vont produire une contamination environnementale massive, responsable d’un « foyer » de coccidiose. La maladie ne touche au départ qu’une proportion réduite des animaux exposés puis se propage au sein du lot, avec une expression plus ou moins différée (en 1 à 2 semaines) sur plusieurs autres sujets.

Le cycle de la coccidiose est très simple mais l’infestation de l’environnement peut être exponentielle si toutes les conditions sont réunies : humidité, accumulation de litière, densité élevée dans les cases. Les signes cliniques (diarrhée, souvent hémorragique) débutent au 16ème jour mais l’impact économique est plus précoce.

Des facteurs de risques multiples et associés

Les facteurs de risques qui vont permettre l’expression de la coccidiose sont multiples, plus ou moins maitrisables et souvent associés. Ils peuvent être brièvement résumés comme suit :

  • La présence d’espèces d’Eimeria pathogènes.
  • L’âge des veaux. Il conditionne hautement la réceptivité à la coccidiose.
  • Les défauts d’hygiène. A effectif égal, la pression ookystale varie énormément avec la densité, un défaut de ventilation, l’accumulation des litières, la différence d’âge des veaux et la rotation des lots sur une même zone. Lorsque les vêlages se succèdent dans les mêmes parcs, les premiers veaux contaminent massivement la litière par l’émission d’ookystes. Ceux-ci représentent un risque infectieux majeur pour les veaux qui naissent ultérieurement.
  • Les maladies intercurrentes comme les diarrhées colibacillaires ou virales.
  • Etat nutritionnel. Un mauvais état nutritionnel va impacter l’immunité et la capacité des veaux à résister aux infections pathogènes comme la coccidiose. Les carences en sel et en oligoéléments vont favoriser le pica, facteur supplémentaire de dynamique de contamination.
  • L’accès à une eau de qualité. En plein air, les veaux vont souvent boire dans des zones qui peuvent être contaminées par des déjections.
  • Les stress. Le sevrage qui allie stress psychique et physique couplé à un changement alimentaire majeur présente une incidence particulière. Chez les veaux de moins d’un mois, l’inconfort du logement, les stress thermiques et/ou climatiques selon la saison ou les insuffisances de surfaces disponibles en stabulation sont les plus impactants.
  • Une relative prédisposition génétique. Elle peut expliquer la sensibilité plus particulière des veaux et jeunes bovins dans des élevages à facteurs de risques quasi-similaires.

Une immunité initiale passive d’intérêt collectif

Le veau reçoit d’abord de façon passive, par transfert colostral, des immunoglobulines. Cette immunité passive, au-delà de l’intérêt général pour le veau, limite la multiplication des coccidies pendant les deux premières semaines de vie et, ainsi, la dynamique de contamination. Si la prise colostrale a été insuffisante, la décroissance des anticorps d’origine maternelle est très rapide, la sensibilité augmente plus rapidement et la contagion est favorisée.

Les coccidies sont présentes dans 85 % des élevages avec des coccidioses dans seulement 20 %, d’où l’intérêt au sein d’un troupeau confronté à cette problématique, d’identifier les facteurs de risques présents qui favorisent la dynamique de contamination (augmentation de la pression infectieuse) et limitent le niveau de défenses immunitaires.

Une immunité acquise très performante

Les veaux vont facilement développer une immunité contre les infections coccidiennes. Même s’ils sont exposés à une quantité limitée d’ookystes, ils développent une immunité efficace en quelques semaines. Cette immunité est spécifique de l’espèce : un veau ayant été en contact avec Eimeria bovis par exemple, ne sera pas protégé contre une infection ultérieure par Eimeria zuernii. L’immunité va décliner si elle n’est pas continuellement stimulée par de faibles et régulières infections coccidiennes. En milieu infecté avec une pression ookystale forte, une immunité solide sera générée mais avec des risques cliniques et subcliniques élevés. Il convient donc de limiter la dynamique de contamination afin que le veau acquière son immunité sans être dépassé par la pression infectieuse. Un traitement anticoccidien trop précoce réduit l’immunité naturelle des jeunes bovins et peut donc s’avérer contreproductif. Les bovins présentent une résistance marquée aux réinfections, ne s’exprimant cliniquement que de façon exceptionnelle lors d’états d’immunodéficience ou de rupture d’immunité (mise à l’herbe, à l’engraissement…).

Une association de « malfaiteurs » avec d’autres parasites

Les conditions de développement de la cryptosporidiose sont identiques à celles d’apparition de la coccidiose. La recherche des facteurs de risque dans votre élevage et leur gestion par rapport à l’une ou l’autre des problématiques permettra d’agir sur les deux. Une coproscopie de mélange sur les veaux de 4 à 5 semaines permet la mise en évidence d’autres parasites. L’infestation par les strongyloïdes, souvent entre 10 et 21 jours, diminue les défenses immunitaires et constitue une situation à risque de coccidiose avérée. Comme pour Eimeria, l’élevage en bâtiment sur des litières accumulées, humides avec de la chaleur ambiante sont des facteurs favorisants de développement.

Une gestion sanitaire pour un résultat durable et collectif

En matière de coccidiose, les objectifs peuvent se résumer ainsi : éviter tout épisode clinique, minimiser les répercussions zootechniques avec une optimisation de la croissance en contrôlant la coccidiose subclinique et permettre l’installation d’une immunité solide et durable. Si vous êtes confronté à de la coccidiose clinique ou si vous réalisez un traitement préventif systématique, une recherche des facteurs de risques propres à votre élevage est à effectuer avec une détermination de ceux qui favorisent la dynamique de contamination (augmentation de la pression infectieuse) et ceux qui limitent le niveau de défenses immunitaires. Ensuite, un plan d’action sanitaire sera défini, qui sera éventuellement accompagné de mesures médicales face à des facteurs de risques difficilement maitrisables. C’est une étape essentielle de notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! », cela contribuera à apporter un résultat durable, efficace pour différentes pathologies de même profil épidémiologique et d’impact collectif sur l’ensemble du troupeau. Pour plus de renseignements, vous pouvez vous rapprocher de votre vétérinaire ou de nos services.

Dr Boris BOUBET – GDS Creuse

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