Plein-air intégral – 02 février 2022

Plein-air intégral
Une pratique intéressante si elle est maîtrisée

Des bovins au champ toute l’année : L’hivernage des animaux en plein-air est une pratique répandue mais qui nécessite des prérequis : terrains portants, surface adaptée, présence d’abris naturels, modalités d’abreuvement et de distribution de fourrage.

Afin de limiter les investissements, certains éleveurs choisissent de conduire leur troupeau en plein air intégral : sans bâtiment d’élevage, les animaux restent dehors toute l’année.

Une pratique minoritaire…

Le pâturage hivernal des bovins est pratiqué par 41 % des éleveurs laitiers et allaitants.  La plupart laissent quelques bovins passer l’hiver dehors, généralement des animaux à faibles besoins comme des génisses de plus d’un an, des vaches taries ou des bœufs. Seuls 8 % des éleveurs pratiquent l’élevage en plein air intégral pour l’essentiel de leur troupeau, exclusivement en élevage allaitant. Cela nécessite des animaux capables de s’adapter aux contraintes d’un milieu (climatiques, alimentaires, pathologiques…) en privilégiant des races rustiques. L’objectif premier reste l’économie de bâtiment et une gestion différente du temps de travail de l’éleveur.

… qui nécessite des parcelles adaptées

Du fait de l’exposition aux risques climatiques, il faut s’assurer d’avoir des parcelles suffisamment vastes avec présence d’abris naturels (haies, bosquets, reliefs) pour assurer aux animaux une protection contre les intempéries (pluie, neige, vent, soleil, températures extrêmes). La présence permanente d’animaux sur une parcelle provoque un piétinement important avec détérioration du couvert végétal, le taux de chargement de l’exploitation ne devrait pas dépasser 1,2, avec sur-semis sur les parcelles d’hivernage. Le plein air intégral est principalement pratiqué dans les régions de moyenne montagne, où les terrains sont bien portants tout en conservant une météo moins rigoureuse qu’en haute montagne.

Si les bovins adultes supportent bien le froid, ce n’est pas le cas des jeunes veaux. En cas de température négative, leur bilan énergétique est négatif et ils maigrissent les premiers jours. La situation est aggravée par temps de pluie, le poil perdant son pouvoir isolant. L’élevage en plein-air implique d’installer les animaux sur des parcelles avec des abris naturels ou des nourrisseurs à veaux protégés.

Des clôtures en bon état…

Lorsque les bovins sont en plein-air, il faut absolument éviter la divagation. C’est un risque accidentogène, pour les animaux comme pour les véhicules, mais également un risque sanitaire lié à des mélanges de troupeaux avec transmission possible de maladies. Pour la BVD par exemple, le voisinage reste aujourd’hui le principal facteur de risques. Il faut donc maintenir les clôtures dans un état irréprochable, électrifiées de préférence car moins dangereuses que le fil barbelé, avec une puissance suffisante. En pratique, les électrificateurs sur secteur restent les équipements les plus adaptés.

… et des dispositifs de contention adaptés

Une des principales difficultés rencontrées en plein-air concerne la contention des animaux. On observe encore trop souvent des difficultés au moment du vêlage ou un retard des soins sur les animaux du fait d’absence de moyen de contention sur le site. Il faut bien anticiper ce point en s’équipant de matériels adaptés, parcs, corrals, couloirs, cages de contention… Cela permet d’attraper les animaux facilement et en sécurité.

Une vigilance nécessaire sur l’équilibre alimentaire…

La conduite en plein air permet dans certaines conditions de valoriser les repousses d’herbe et de diminuer ainsi les quantités d’aliments à distribuer, notamment à l’automne. En revanche, les besoins hivernaux sont 10 à 15 % plus importants (environ 1 UFL) du fait de l’exposition aux intempéries, à capacité d’ingestion identique. L’apport alimentaire se limite souvent aux fourrages (foins et enrubannage principalement) car il est difficile de distribuer des aliments complémentaires dans ces systèmes. Les rations sont alors souvent déficitaires en énergie et en protéines, entrainant un retard dans les retours en chaleur et une dégradation des IVV. La distribution de fourrages peut se faire en râtelier mais en prenant en compte les phénomènes de dominance dans un troupeau. On veillera à disposer de suffisamment de places pour que tous les animaux puissent manger à leur guise et à les déplacer régulièrement. La distribution au sol avec une dérouleuse est une autre possibilité, mais cela peut entrainer du gaspillage et cela ressème les graines des plantes indésirables.

… la complémentation minérale et vitaminique, …

Pour la complémentation minérale, elle est facile pour le sel avec mise à disposition d’une pierre toute l’année, mais plus compliquée pour les macroéléments comme le calcium, le phosphore ou le magnésium. Les seaux ou cuvettes à lécher présentent des niveaux de complémentation adaptées mais les quantités ingérées ne couvrent pas la plupart du temps les besoins. Des dispositifs de libre-service comme les CulbutoND sont une alternative. Concernant les oligoéléments, il faut là également rester vigilant sur les apports et on utilisera le plus souvent des complémentations spécifiques en bolus ou en liquide dans les baquets d’eau. Cet apport est indispensable pour la santé des animaux et leur immunité. Si l’apport vitaminique est important avec l’herbe de printemps, c’est moins vrai pour l’herbe d’automne et insuffisant dans les fourrages. Comme pour les animaux en bâtiment, on complémentera en vitamine A principalement, en injection ou dans les baquets d’eau.

… et en gérant l’abreuvement

Plusieurs points d’attention sont à gérer : disponibilité de la ressource tout au long de l’année, présence de points d’eau en quantité suffisante dans les parcs, gestion du gel. L’abreuvement se faisant souvent avec de l’eau de surface (ruisseau, rivière), il faut bien s’assurer du débit (même si ce point pose moins de problème l’hiver) et de sa qualité. Rappelons qu’une eau de mauvaise qualité, ce sont des risques sanitaires (parasitisme, salmonellose, leptospirose, tuberculose dans les zones endémiques) mais également des performances zootechniques fortement impactées. Dans la mesure du possible, on ne laissera pas un accès libre à la ressource et on équipera plutôt la parcelle avec des systèmes de pompe ou de niveaux constants. En cas de doute, il est préférable de fournir aux bovins une eau sure (réseau, forage, puits…).  Les bovins étant des animaux grégaires, il faut prévoir un système de distribution qui permette à 20 % des animaux de boire en même temps.

Les bovins sont des animaux grégaires et tous leurs comportements sont liés au troupeau. Ils mangent ensemble, boivent ensemble et dorment ensemble. Cela implique d’avoir des râteliers et des abreuvoirs avec un nombre de places adapté au nombre de bovins présents sur la parcelle.

Un risque parasitaire accru

La présence permanente des animaux sur les parcelles accroit le risque parasitaire, notamment pour la grande douve et le paramphistome. Un diagnostic annuel du niveau d’infestation est nécessaire (coprologies plus sérologies) avec mise en place d’un traitement adapté aux parasites identifiés (cf. article grande douve – paramphistome)

Le plein air, est-ce vraiment mieux pour les animaux ?

Souvent vue avant tout comme un moyen de limiter les investissements et le temps de travail de l’éleveur, la conduite en plein air intégral soulève de nombreuses questions concernant le bien-être animal et la relation entre l’éleveur et son troupeau. Le sujet est complexe et doit intégrer de nombreux paramètres. Le plein air permet une amélioration des conditions de vie des animaux (moins de risques vétérinaires liés à la concentration en intérieur, possibilité d’expression du comportement naturel, …). Mais il peut s’avérer néfaste si la météo est défavorable et surtout pour les veaux dont les besoins diffèrent des adultes. Et pour l’éleveur, il faut s’assurer de conserver une surveillance et un contact très réguliers avec le troupeau pour maintenir une docilité indispensable pour une gestion en extérieur.

GDS Creuse et sa filiale Farago Creuse à votre disposition pour un plein-air maitrisé

Si le plein-air a un intérêt économique certain par l’économie de bâtiment, cela reste un élevage nécessitant technicité, observation fine des animaux et des équipements indispensables. Il n’est pas adapté à tous les territoires et demande un pilotage précis, notamment dans le suivi des performances de reproduction et des mortalités. Vous pouvez vous appuyer sur les indicateurs fournis dans votre Bilan Sanitaire d’Elevage disponible sur votre application WebGDS. Nous restons à votre disposition pour vous renseigner sur les risques encourus et notre filiale Farago Creuse vous propose tous les matériels nécessaires (clôture, contention, abreuvement…).

DMV Boris BOUBET
GDS Creuse

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