Fièvre Porcine Africaine (FPA) – 03 août 2022

Fièvre Porcine Africaine (FPA)
Un virus aux portes de la France

 

FPA, une vigilance accrue pour les éleveurs de suidés : La fièvre (ou peste) porcine africaine est une maladie virale qui touche les porcs et les sangliers et qui se révèle généralement mortelle. Avec sa diffusion dans plusieurs pays européens, la mise en place des mesures de biosécurité en élevage est plus que jamais nécessaire.

La maladie est provoquée par un virus de la famille des pestivirus, qui infecte tous les suidés mais sans danger pour l’homme.

Une évolution clinique le plus souvent foudroyante

Après une incubation de quelques jours (variable de 2 à 14 jours), les signes cliniques de la FPA apparaissent. Ils sont semblables à ceux de la peste porcine classique et les deux maladies sont habituellement distinguées grâce à un diagnostic de laboratoire. Les symptômes sont les suivants : fièvre, perte d’appétit, manque d’énergie, avortements, hémorragie interne et hémorragies visibles sur les oreilles et les flancs. Une mort subite peut même survenir. Les souches virulentes du virus sont généralement fatales (le décès survient dans les 10 jours après infection) et on retrouve souvent les cadavres à proximité des points d’eau (fièvre). Cependant, les animaux infectés par des souches bénignes de FPA peuvent ne pas présenter de signes cliniques typiques. Il n’existe à ce jour aucun vaccin ni traitement.

Une transmission et une propagation multifactorielle

Les principaux vecteurs du virus sont les animaux infectés (y compris leur dépouille) et les produits alimentaires. Dans une zone saine, l’introduction de la maladie peut se faire par l’achat d’un animal porteur venant d’une zone contaminée, par la distribution à des suidés de produits carnés provenant d’animaux infectés, notamment de la charcuterie séchée (persistance du virus 150 j dans le jambon ou le saucisson) ou par le contact avec n’importe quel article contaminé par le virus (vêtements, véhicules, autres équipements…). Une fois la FPA implantée sur un territoire, les sangliers sauvages sont les principaux vecteurs, notamment vers les élevages de porc plein air si les mesures de biosécurité ne sont pas respectées. La contamination peut également se faire par l’eau ou des personnes en contact avec des sangliers comme les chasseurs.

Une évolution en Europe qui semble inexorable

Comme son nom l’indique, la fièvre porcine africaine est endémique en Afrique subsaharienne sur les suidés sauvages (phacochères…). En 2007, les premiers foyers européens du virus sont apparus en Géorgie. Depuis, sa progression semble inexorable. A partir de la Russie et la Biélorussie, la maladie s’est propagée à l’Union Européenne. La Lituanie a pour la première fois signalé des cas de FPA chez des sangliers en janvier 2014. Ensuite, ce fut le tour de la Pologne en février 2014, puis de la Lettonie et de l’Estonie en juin et septembre de la même année.

Une première alerte en Belgique

Apparue en Belgique en septembre 2018, la maladie a largement circulé dans la population de sangliers sauvages, avec 833 cas positifs confirmés. Des mesures de dépeuplement des élevages, de mise en place de clôtures tout autour du périmètre et d’élimination des sangliers de la zone ont été mises en place. La Belgique a recouvré son statut de pays indemne le 20 novembre 2020, preuve que l’application des mesures sanitaires sur un foyer relativement localisé permet son éradication.

Une avancée régulière dans l’est de l’Allemagne…

La découverte d’une laie accidentée porteuse de la maladie en novembre 2019 à l’ouest de la Pologne et de nombreux cas dans les semaines suivantes laissaient craindre le passage en Allemagne. Malgré toutes les mesures mises en œuvre, le virus a franchi la frontière en 4 points. Parmi les explications à cette diffusion, on a observé du vandalisme sur les clôtures et certaines zones proches de rivières notamment sont très difficiles à sécuriser. Depuis, la diffusion est lente mais régulière et 4.165 cas ont été déclarés au 20 juillet 2022.

… et de nouveaux foyers en Italie et dans l’ouest de l’Allemagne

Si la progression de la maladie dans l’est de l’Allemagne est liée à la faune sauvage, l’apparition en 2022 de foyers en Italie ou dans des élevages à l’ouest de l’Allemagne est très certainement due à des activités humaines (distribution, volontaire ou involontaire, de déchets carnés contaminés ou à des contacts avec des supports contaminés). Les cas allemands sont préoccupants par la proximité avec la frontière française, mais plusieurs points semblent rassurants ; les élevages ont été dépeuplés et il ne semble pas y avoir eu contamination de la faune sauvage à proximité. Il en est autrement en Italie où la présence des sangliers en zone péri-urbaine rend la gestion extrêmement compliquée. Plus de 110 cas ont été confirmés sur des sangliers dans le Piémont, à 80 km de la frontière française. Autour de Rome, un premier foyer dans un petit élevage a été confirmé.

Des mesures spécifiques mises en place en France dans les zones frontalières…

En région PACA (départements 04, 05, 06 et 83) et en Alsace, la première étape est un recensement des élevages et la vérification de leur niveau de biosécurité via l’audit Pigconnect. Concernant les sangliers, en Alsace, le Rhin devrait constituer une barrière naturelle difficilement franchissable. En revanche, à la frontière italienne, deux corridors écologiques favorables aux déplacements de sangliers ont été identifiés et sont surveillés plus spécifiquement. Enfin, une action de communication et de sensibilisation à destination du grand public a été mise en place (spots radios, affichage sur les aires d’autoroute, insertions presse…).

… et pour tous, la mise en place des mesures de biosécurité dans nos élevages

Suite à la découverte du cas belge, un arrêté biosécurité porcine a été promulgué le 16 octobre 2018 en France. Depuis le 1er janvier 2019, toute détention de porcs ou sangliers doit obligatoirement être déclarée. Cette déclaration s’impose aussi aux particuliers qui détiennent un porc pour leur consommation personnelle ou en tant qu’animal de compagnie. Depuis le 1er janvier 2021, les éleveurs doivent avoir mis en place un système de protection autour de la zone d’élevage empêchant tout contact avec des sangliers sauvages. Les modalités pratiques sont détaillées dans l’instruction technique du 15 mai 2019 et présentées lors des formations obligatoires biosécurité porcine.

Les deux actions principales concernent :

  • la gestion du contact « groin – groin », avec un écart de 25 cm minimum entre clôture extérieure et intérieure.
  • la mise en place de sas sanitaires pour gérer le risque d’introduction de la maladie par l’homme.

Si vous n’êtes pas encore formé, vous pouvez vous rapprocher de vos structures locales qui organisent régulièrement de nouvelles sessions et vous pouvez demander à faire évaluer la biosécurité de votre élevage par une personne habilitée Pigconnect.

Un risque sanitaire majeur et aléatoire

Si le risque d’introduction de la maladie est accru dans les zones frontalières de foyer, il ne faut pas oublier que le virus peut surgir à n’importe quel endroit du territoire du jour au lendemain ; la France a un réseau très dense de voies de communication et est au carrefour des échanges européens. Cela nécessite une vigilance de tous, éleveurs dans la gestion de leur élevage, chasseurs avec la notification immédiate de sangliers trouvés morts, promeneurs avec l’interdiction de laisser accessibles à des sangliers des déchets carnés. Pour plus de renseignements, vous pouvez vous rapprocher de votre vétérinaire ou de nos services.

 

 

 

DMV Boris BOUBET et Aurélie DEFRENAIX
ASPNA et
GDS Creuse