Préparation au vêlage – 07 septembre 2022

Préparation au vêlage
2 mois avant le vêlage, le rendez-vous incontournable

Une vache en bonne santé pour un vêlage réussi : Le vêlage est une étape capitale pour une vache allaitante, son veau étant son unique production de l’année. Vous mettrez donc tout en œuvre pour que la vache soit en bon état général afin qu’elle ait un veau en bonne santé, une lactation la meilleure possible et un retour en chaleur rapide.

Les besoins de la vache varient considérablement suivant le stade de gestation ou de lactation. Dans le même temps, les ressources alimentaires changent suivant les saisons.

Des besoins alimentaires qui s’accroissent progressivement, …

La vache allaitante est adaptée à des fluctuations d’état et une variation de poids de l’ordre de 15 % pendant l’année peut être tolérée, notamment en période estivale ou en fin d’hiver. C’est moins vrai en fin de gestation où toute variation de plus de 5 % aura un impact ultérieur. Sur cette période, la vache a des besoins de plus en plus élevés, pour assurer la croissance du fœtus puis la production de lait. Pour l’énergie, ils sont augmentés de 1 à 2 UF pendant les 2 mois précédant le vêlage, soit des besoins de 7 à 9 UF suivant la race, l’état d’entretien ou le gabarit (et de 700 à 850 grammes de PDI par jour). C’est donc dans les 2 derniers mois de gestation qu’il convient de rester le plus vigilant.

… une capacité d’ingestion qui diminue…

La ration des bovins doit prendre en compte trois paramètres principaux : la fibrosité pour faire ruminer, les apports énergétique et protéique. Le premier point pose rarement de problèmes avec les rations classiques à base de foin ou d’enrubannage. En revanche, si un fourrage moyen distribué seul peut satisfaire les besoins d’une vache en milieu de gestation, il sera très insuffisant en fin de gestation car la capacité d’ingestion descend autour de 11 kg du fait du volume du veau. Et plus un fourrage est fibreux, plus il est encombrant ! En plein air, s’il n’y a pas beaucoup d’herbe, c’est là que les meilleurs fourrages doivent être distribués. En bâtiment, une complémentation s’imposera souvent avec une analyse de la ration afin de déterminer quel aliment corrigera au mieux le déficit, céréale, tourteau ou aliment complet, avec une période de transition alimentaire.

Les besoins sont maximums en fin de gestation et début de lactation, mais la capacité d’ingestion est réduite avant vêlage. C’est la période où il faudra distribuer les meilleurs fourrages, en veillant à la qualité de l’eau.

… et des idées reçues à combattre

Certains ont peur d’alimenter correctement les vaches dans le dernier mois de gestation par crainte de faire grossir le veau ou d’avoir des vêlages difficiles. Cela peut être vrai en cas de suralimentation, comme lors de la mise à l’herbe ou d’apport excessif d’aliment complémentaire, mais il n’y a aucun impact avec une ration raisonnée. En revanche, un déficit énergétique de 20 % conduira à une augmentation des diarrhées sur les veaux avec un doublement de la mortalité néonatale et un déficit de 30 % à un triplement de la mortalité des veaux ! Par ailleurs, la vache ne revenant en chaleur que lorsqu’elle est en phase de reprise de poids, cela va augmenter d’autant l’intervalle vêlage-saillie fécondante. Ce phénomène explique la problématique des génisses qui retardent car elles ont une capacité d’ingestion plus faible et des besoins plus importants du fait de leur croissance.

Une minéralisation à raisonner…

Si l’apport de sel est indispensable toute l’année, la minéralisation peut être gérée sur les périodes de besoin spécifique. Pour le calcium et le phosphore, une distribution sur les 4 mois entourant le vêlage est souvent suffisante en élevage allaitant. Le choix de la composition se fera en fonction de la ration. Globalement, sur nos terrains granitiques et avec des rations à base d’herbe, l’accent sera mis sur le calcium plus que sur le phosphore. Pour les vaches en bâtiment, une distribution quotidienne de 100 à 150 gr de minéraux est la bonne solution. En plein air, cette correction est plus compliquée. Si les seaux à lécher présentent des compositions intéressantes, la quantité ingérée est le plus souvent très inférieure aux besoins, l’appétence ne se faisant que par le sel ou la mélasse.

… en intégrant le BACA…

Le Bilan Alimentaire Cation Anion est un élément souvent méconnu mais responsable de très nombreux problèmes cliniques : fièvre vitulaire, prolapsus utérin, œdème mammaire, non délivrance… Cela découle d’un déséquilibre d’apport entre les cations (principalement sodium et potassium) et les anions (chlore et soufre). Des rations à base d’herbe ou de luzerne, riches en potassium, vont entrainer une alcalose métabolique responsable de ces troubles et que l’on peut objectiver facilement par la mesure des pH urinaires à l’aide de bandelettes. De manière empirique, avec des rations herbe, il est intéressant d’apporter des anions pour corriger le BACA, la solution la plus simple consistant à donner aux vaches en fin de gestation 50 à 100 g/j de chlorure de magnésium sous forme de cure, dans l’eau ou la ration.

… sans oublier les oligoéléments

Bien que présents en très faible quantité dans l’organisme (il y a 12 mg de cobalt dans un bovin !), les oligoéléments jouent un rôle déterminant dans la santé des animaux, par leur pouvoir anti-oxydant, leur rôle dans le fonctionnement des hormones ou l’immunité. On les trouve en quantité variable dans les AMV (Aliment Minéral et Vitaminé), mais souvent insuffisante pour certains. Les carences les plus importantes observées sur nos sols granitiques concernent le sélénium, l’iode et le cuivre. Une analyse sanguine permettra d’estimer les besoins et une correction spécifique sera mise en place (prise en charge à 50 % par GDS Creuse pour ses adhérents si les prélèvements sont envoyés au laboratoire départemental d’Ajain).

Les oligoéléments jouent un rôle déterminant dans le métabolisme des animaux et plus largement sur leur santé. A l’aide d’analyses sanguines, on peut estimer les statuts des 6 principaux : cuivre, zinc, sélénium, iode, cobalt, manganèse. Les prélèvements sont faits sur 5 vaches et acheminés au LDA d’Ajain (les analyses sont sous-traitées au LDA 85). GDS Creuse prend en charge 50 % des profils métaboliques.

Une eau de qualité tout au long de l’année

Souvent négligée, l’eau est un facteur majeur de la ration. Au-delà des risques sanitaires, une eau de mauvaise qualité conduit à une baisse de l’ingestion pouvant aller jusqu’à 30 %. Ce point est donc particulièrement important en fin de gestation. L’eau peut également interférer dans l’assimilation des oligoéléments (présence importante de fer par exemple).

Un parasitisme bien géré…

Les parasites internes des bovins spolient les animaux à plusieurs niveaux : baisse de croissance et de production mais également forte consommation d’oligoéléments et baisse des défenses immunitaires. Ce rendez-vous des 2 mois avant le vêlage permet de faire le point. Où les animaux ont-ils pâturés ? Que donnent les résultats d’analyses coproscopiques et sérologiques (cf. kit parasitaire GDS Creuse) ? Quel est le niveau d’immunité des vaches concernées ? En fonction de ces éléments, un traitement pourra éventuellement être instauré.

… et une maitrise des agents pathogènes

La fin de gestation est une période à risque pour le fœtus, on veillera à manipuler les animaux avec précaution et à limiter les contacts des mères avec le voisinage ou des animaux introduits. Si vous avez été confronté sur les dernières campagnes à des pathologies (diarrhée néonatale, BVD, avortements…), cela peut être l’occasion de réfléchir à la mise en place d’une vaccination en concertation avec votre vétérinaire, en prenant en compte l’historique de l’exploitation. Il faut bien garder à l’esprit que cette vaccination ne sera fonctionnelle que si l’ensemble des mesures précédentes ont été mises en œuvre, car elle va dépendre de la réponse immunitaire de la mère.

En résumé, une gestion globale pour un vêlage réussi

La préparation au vêlage est un moment déterminant dans la conduite d’un troupeau allaitant. Elle fait intervenir presque tous les éléments d’une bonne gestion sanitaire (alimentation, minéralisation, parasitisme, immunité, biosécurité) pour obtenir un veau sain et résistant à la naissance et des colostrums de qualité. Le bilan annuel avec votre vétérinaire, appuyé sur votre bilan sanitaire prérempli WebGDS, vous permet d’analyser et d’adapter la gestion sanitaire de votre élevage. Nous vous accompagnons d’un point de vue technique et financier. Pour plus de renseignements, consultez l’onglet « Actions BOVINS – Vêlage – Santé du veau » ou n’hésitez pas à nous contacter ou votre vétérinaire traitant, ou votre technicien de la Chambre d’Agriculture pour les aspects alimentaires.

DMV Boris BOUBET
GDS Creuse

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