Le vêlage
Intervenir… mais pas trop !
Un veau en pleine forme : Le vêlage est une étape déterminante dans la santé du veau et la rentabilité économique de l’élevage, surtout en allaitant. L’obtention d’un veau viable et capable de vivre sans aide le plus rapidement possible représente une priorité. Cela demande un suivi adéquat du vêlage, des soins au nouveau-né et une gestion de l’après-vêlage.
Après avoir fait le point sur les éléments indispensables lors de la préparation au vêlage (article du 07/09/2022), nous allons nous intéresser aux différentes phases du vêlage.
Le vêlage, un processus naturel
Fort heureusement, la grande majorité des vêlages se déroule sans assistance. Votre objectif est de faire en sorte que le vêlage se passe bien, d’une part pour la vache en limitant les risques de blessures de l’appareil génital pendant le vêlage et de métrites ultérieures, et d’autre part pour le veau en limitant les mortinatalités et les phénomènes d’anoxie (insuffisance d’oxygénation). Cela implique de bien connaitre le déroulement d’un vêlage normal et de suivre quelques règles de conduite de base.
Mettre la vache dans un environnement tranquille et observer sans déranger…
Pour anticiper la date du vêlage, on pourra s’appuyer sur l’enregistrement de la date de saillie ou de l’examen échographique. La température corporelle normale de la vache se situe entre 38,5°C et 39,2°C, elle commence à s’élever 3 à 5 jours avant le vêlage et diminue le jour du vêlage. Le relâchement des ligaments sacro-sciatiques et de la queue, la plénitude mammaire, la tuméfaction de la vulve et l’écoulement du mucus cervical apparaissent dans les 24 à 72 heures précédant le vêlage. A l’approche du vêlage, la vache recherche un endroit calme et présente des symptômes particuliers : couchers et relevés répétés, contractions de l’abdomen, soulèvements de la queue. L’expulsion de la poche des eaux signe une expulsion du veau dans les 2 à 6 heures. Tout facteur de stress va perturber la mise-bas : préparation insuffisante, non-dilation de col, utérus atone. Cela va influencer le post-vêlage avec une dégradation de la production lactée, de l’involution utérine et de la reprise de la fonction cyclique ovarienne. Dès les signes prémonitoires du vêlage, une attention particulière est à apporter avec une surveillance renforcée sans déranger l’animal. Un local ou box de vêlage permet d’isoler la vache. Il sera suffisamment grand (surface minimale de 15 m² et pas de côté inférieur à 3 m), paillé, éclairé, bien ventilé, strictement réservé aux vêlages et soigneusement nettoyé.
Important!
Biosécurité :
- J’isole la vache dans une case dédiée et propre
- Je mets des gants lorsque je fouille mes vaches
- Mon matériel de vêlage est nettoyé entre chaque intervention
… en pouvant s’appuyer sur des outils d’aide à la surveillance
Les outils d’aide à la détection des vêlages sont basés sur la mesure des modifications physiques concomitantes à l’expulsion du veau (température vaginale, position de la queue) ou des contractions musculaires abdominales avant et pendant le vêlage. La sensibilité, la spécificité et la valeur prédictive positive de détection sont à prendre en compte. Sont également à considérer la solidité, le prix (un capteur par animal, d’où un coût pouvant être élevé lors de vêlages groupés) et la facilité d’utilisation. Le seul bémol est que ces outils demandent la manipulation des vaches avant la date supposée du vêlage pour leur mise en place. La vidéosurveillance permet une surveillance à distance sans manipulation des vaches pour installer un capteur mais nécessite une observation régulière. Attention, les vêlages dystociques et la nécessité d’intervenir ne sont pas prédits par ces outils.
Des dystocies variées aux conséquences notables
Lorsqu’un problème survient à la vache et/ou à son ou ses veaux, le vêlage est dit anormal ou dystocique. « Dystocie » signifie textuellement naissance difficile. Il s’agit de tout vêlage qui a ou aurait nécessité une intervention extérieure. Les conséquences des dystocies peuvent être, pour la mère, une mortalité, une douleur, une stérilité et des maladies puerpérales augmentées et, pour le veau, des risques d’anoxie, une augmentation des taux de mortalité et de morbidité néonatale. Il convient donc de repérer ces situations le plus précocement possible… mais sans être trop interventionniste !
N’intervenir qu’en cas de nécessité, …
Si la vache présente des coliques depuis plus de deux heures sans évolution, si la phase de dilatation dure plus de six heures ou la phase d’expulsion plus de trois heures, une exploration sera effectuée. Elle sera réalisée avec propreté, douceur et méthode sur une vache debout et débouchera sur une décision d’attente, d’intervention ou d’appel du vétérinaire. L’accouchement est de longue durée chez la vache, principalement chez les primipares et les sujets âgés. La séparation des cotylédons maternels d’avec les cotylédons fœtaux s’opère assez lentement permettant des échanges circulatoires fœto-maternels jusqu’au moment de la sortie. Ceci explique qu’un temps d’accouchement prolongé interfère peu sur la survie du produit. Le cordon ombilical se rompt lui-même dès que le veau a complètement franchi l’ouverture vulvaire.
… intervenir alors rapidement, …
Lors de décision d’intervention, elle doit déboucher rapidement sur la naissance du veau. Si le veau est ou peut être mis en position normale et les tests de traction sont favorables (avec la traction de 2 personnes, pouvoir engager simultanément dans le bassin la tête et les 2 membres antérieurs), l’extraction peut être entreprise. Une aide mécanique est parfois indispensable. Les vêleuses permettent d’exercer une force de traction pouvant s’élever jusqu’à 450 kg contre 70 kg pour les contractions de la vache. Dans toutes les autres situations, il sera fait appel au vétérinaire.
… et s’occuper de la mère dès la fin du vêlage
Le vêlage a débuté sur une vache debout. L’après vêlage doit se réaliser de même. Si la vache s’est couchée au cours du vêlage, on procédera à son relevé. Une fois la vache debout, il sera observé l’éventuelle présence d’hémorragie qui nécessite un pincement immédiat avec les doigts et un appel urgent du vétérinaire. Une exploration vaginale et utérine sera effectuée pour vérifier l’absence de lésions et l’éventuelle présence d’un second veau notamment si le premier est de petit format. Enfin, on veillera à mettre à disposition de la vache eau et nourriture, le vêlage étant éprouvant pour l’animal.
Sitôt le vêlage fait, on veillera à ce que le veau réagisse normalement et que la vache ne présente pas de complication. On lui mettra à disposition eau et nourriture, le vêlage étant éprouvant pour l’animal.
Le vêlage, un facteur déterminant de la productivité numérique et de la reproduction
Si la productivité numérique est sous la dépendance de causes multiples (alimentation, bâtiments, gestion du troupeau, statut immunitaire, relation mère/veau…), le vêlage, son déroulement et les premiers soins aux veaux sont une étape déterminante. Un vêlage difficile (césarienne, extraction forcée) se traduit par des pertes directes sur les produits (mortalité des veaux multipliée par cinq). Les problèmes au vêlage vont également avoir un impact sur la mère : retard de l’évolution utérine et du retour en chaleur, production diminuée, taux de réforme deux à trois fois plus élevé, allongement du délai de mise à la reproduction et fertilité plus faible. Cela entraine un impact majeur sur le taux de gestation, l’intervalle vêlage-vêlage (IVV) et le taux de mortalité des veaux. Toute intervention, même minime, entraîne un allongement de l’IVV de 10 à 40 jours suivant les conditions de naissance. Vous pouvez retrouver tous ces indicateurs dans votre BSE prérempli, disponible sur votre compte WebGDS. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter. Et la semaine prochaine, nous aborderons les éléments de la santé du veau dans les premiers mois.