Atelier d’engraissement en bâtiment dérogataire (Carte Jaune) – 13 septembre 2023

Atelier d’engraissement en bâtiment dérogataire
Un durcissement pour les animaux non indemnes d’IBR

 

Réglementation IBR : Suite à l’entrée en vigueur de l’arrêté ministériel du 05/11/2021 « fixant les mesures de prévention, de surveillance et de lutte contre la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) », une seconde mesure est effective depuis le 01/09/2023 pour tous les bovins entrants dans un atelier d’engraissement en bâtiment dérogataire (carte jaune) présent sur le même site qu’un atelier allaitant et/ou laitier (carte verte).

La lutte contre l’IBR s’est structurée collectivement dans les années 90 avec la mise en place des appellations, puis en 2006 avec le dépistage obligatoire et en 2016 avec le premier arrêté ministériel. Avec l’entrée en application de la LSA le 21/04/2021, la France s’est engagée à acquérir le statut indemne avant 2027. Pour cela, il faudra 99,8 % de cheptels indemnes (moins de 300 cheptels non indemnes) et moins de 0,1 % de bovins infectés soit moins de 17.000. Pour atteindre cet objectif, de nouvelles mesures s’appliquent aux ateliers dérogataires.

Des règles aux mouvements qui évoluent pour les ateliers carte jaune …

Jusqu’à présent, les ateliers d’engraissement en bâtiment dédié (ASDA jaune) bénéficiaient de mesures dérogatoires aux contrôles aux mouvements (pas de prise de sang, possibilité d’introduire des bovins de tous statuts). L’Instruction Technique (IT) encadrant les introductions dans ces ateliers est parue le 10/01/2023 et une nouvelle mesure vient d’entrer en vigueur depuis le 01/09/2023. Les ateliers dérogataires présents sur le même site qu’un atelier carte verte ont dû faire un choix : soit n’introduire que des bovins indemnes d’IBR (statut « TOUT indemne »), soit mettre en place à l’introduction une vaccination systématique par le vétérinaire sanitaire de l’atelier de tous les animaux avec un vaccin marqueur (statut « TOUT vacciné »).

… avec un impact pour l’atelier carte verte

Pour les ateliers qui ont fait le choix de n’introduire que des animaux indemnes d’IBR, cela va permettre de lever le statut « à risque » sur le cheptel allaitant et/ou laitier associé (à l’exception des troupeaux laissés « à risque » du fait de la présence d’un centre de rassemblement) et si son statut est « indemne d’IBR » depuis plus de 3 ans, il deviendra éligible à l’allègement pour le suivi de la prophylaxie annuelle IBR.

Un suivi quotidien des anomalies …

Les ateliers dérogataires vont être informés de chaque anomalie relevée et des mesures à mettre en place en relation avec le vétérinaire sanitaire. Les documents nécessaires seront transmis au fil de l’eau et dès retour des justificatifs de l’action réalisée, les ASDA jaunes seront délivrées et le statut « TOUT indemne » ou « TOUT vacciné » restera attribué à l’atelier dérogataire. Si les mesures prévues ne sont pas respectées, le statut « à risque » sera automatiquement réattribué à l’atelier carte verte, il ne sera plus éligible à l’allègement pour la prophylaxie et à terme, son appellation pourra être suspendue puis retirée et enfin non conforme jusqu’à réalisation des mesures correctives.

… et une mise en application en 2 temps

Début février 2023, nous avons contacté individuellement tous les ateliers dérogataires de notre département qui détiennent sur le même site un atelier allaitant et/ou laitier. Des échanges ont eu lieu concernant la mise en place progressive de cette nouvelle mesure et nous avons également recensé tous les opérateurs (intégrateurs, apporteurs, commerciaux …) qui interviennent dans ces ateliers. Entre le 01/03/2023 et le 31/08/2023, une phase de « sensibilisation » a eu lieu. Des courriers d’information ont été transmis systématiquement aux ateliers dérogataires concernés si une ou plusieurs anomalies ont été relevées avec copie au vétérinaire sanitaire et aux opérateurs afin que chacun puisse identifier les anomalies constatées. Depuis le 01/09/2023, nous sommes entrés dans la phase d’application de cette nouvelle mesure.

Les mouvements sont le principal facteur de risque de contamination des cheptels. Pour une bonne maitrise, il est primordial de respecter la séparation des circuits.

Une visite annuelle de maintien obligatoire…

Lors de chaque création, une première visite de mise en place et de validation est réalisée par le service santé animale de la DDETSPP. Ensuite, une visite annuelle obligatoire de maintien dans chaque atelier dérogataire doit être réalisée par le vétérinaire sanitaire et le compte-rendu de cette dernière doit nous être transmis (ou à la DDETSPP) pour vérification, enregistrement et facturation en tiers payant GDS Creuse.

… et une vigilance accrue sur les circuits

La gestion de tous les mouvements d’animaux reste une composante essentielle de la biosécurité et reste également un axe d’action majeur pour éviter l’introduction de nouvelles maladies. Cette nouvelle mesure ne prend pas en compte le risque lié aux contaminations lors du transit et impose donc un suivi sans faille et une grande rigueur lors des opérations de chargement / déchargement. Pour tout mouvement, une réflexion spécifique et un travail commun s’avèrent indispensables avec les opérateurs pour faciliter leur suivi.

La Creuse bien placée pour atteindre les objectifs, pour les cheptels indemnes …

Au 01/09/2023, sur 2.251 cheptels détenant des bovins, 2.194 avaient un statut « indemne d’IBR » dont 2.077 avec le statut « indemne d’IBR allègement ». Il ne reste plus que 4 cheptels détenant des animaux positifs IBR en Creuse, les autres n’étant pas qualifiés pour défaut de prophylaxie ou des contrôles d’introduction non réalisés. Avec 97,5 % de cheptels indemnes, notre département confirme donc sa situation très favorable. Cela facilite les circuits commerciaux entre éleveurs mais il est nécessaire de rester vigilant vis-à-vis d’autres maladies (BVD, tuberculose…).

… et pour les bovins infectés

Les 221 animaux infectés encore présents doivent faire l’objet d’une vaccination régulière certifiée par le vétérinaire sanitaire. Pour limiter les risques de réexcrétions, une hyper-immunisation est effectuée avec vaccination tous les 6 mois. En France, on enregistre tous les ans l’apparition de nouveaux animaux contaminés dans 20 % des élevages infectés. Cela vient rappeler que la vaccination est un outil intéressant mais la seule solution fiable à long terme est la réforme de tous les animaux infectés d’un cheptel. Lorsque leur nombre, parmi les bovins de 12 mois ou plus, est inférieur à 10 % (ou lorsque le troupeau ne détient qu’un bovin infecté), les animaux doivent être éliminés avant la fin de campagne, soit avant le 31/05/2024. Pour les élevages plus fortement impactés, l’État va mettre en place de nouvelles mesures incitatives dans les mois qui viennent avec des aides à l’élimination.

La finalisation de l’assainissement IBR en vue pour 2027

Près de 30 ans après la mise en œuvre des premiers plans IBR, la reconnaissance du statut indemne de la France est un objectif atteignable. A terme, ce sera une facilitation encore améliorée des circuits commerciaux vis-à-vis de cette maladie, y compris aux échanges et à l’export. Les règles administratives concernant les différentes maladies n’ont qu’un objectif, assurer une sécurité pour l’élevage. Ce qui est souvent vécu comme une contrainte n’est en fait que l’application de règles sanitaires visant à protéger votre élevage. C’est à chacun de se les approprier, afin de s’assurer de ne pas introduire de pathologie. Chaque situation a ses particularités, cela montre la nécessité d’une discussion spécifique avec votre opérateur, votre vétérinaire sanitaire ou nous lors de chaque mouvement.

Pauline PERREAUT – Aurélie PERRIER
Christophe LE MAUX
GDS Creuse

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