Impacts d’hiver de la fièvre catarrhale
Les neuropathologies du jeune veau
Le virus de la fièvre catarrhale, sérotype 8, est capable d’atteindre par voie transplacentaire le fœtus d’une mère infectée et provoquer diverses conséquences dont des malformations du système nerveux central.
Parmi les trois phases de l’impact de la fièvre catarrhale (phase clinique, pertes de production et atteinte de la sphère génitale), la 3ème s’avère la plus conséquente en élevage bovin avec l’observation actuelle de troubles neurologiques sur des veaux victimes de la transmission transplacentaire du virus.
Une transmission transplacentaire avec un impact conséquent en Creuse
Le mode principal de transmission du virus de la fièvre catarrhale fait intervenir des moucherons du genre Culicoïdes. Cependant, pour certains sérotypes dont le 8, la transmission transplacentaire représente un mode complémentaire de contamination virale. De récentes observations ont montré que le taux de passage transplacentaire pouvait atteindre 10% des naissances. Selon le moment de l’infection de la mère gestante, l’issue peut être différente pour le fœtus :
- Une infection dans le 1er tiers de gestation peut conduire à une mortalité embryonnaire ou fœtale.
- Une infection dans le 2ème tiers de gestation peut être à l’origine de malformations du système nerveux.
- Durant le dernier tiers de gestation, le passage transplacentaire du virus induit une réponse immunitaire chez le fœtus devenu immunocompétent.
Des mortalités embryonnaires et des avortements en nombre
A l’été 2008, notre position au front de l’épizootie a entrainé une atteinte conséquente de la fonction de reproduction pour les animaux qui n’ont pas pu être vaccinés précocement et ceci d’autant plus que l’élevage se trouve au nord-est du département. Dans le cadre du suivi départemental mis en place par la Chambre d’Agriculture, la DDCSPP et GDS Creuse, on observe une baisse des naissances de 4,6% soit 3.226 veaux sur les 5 derniers mois de 2008. Cette baisse intervient alors que depuis 3 ans, c’était une période qui présentait une augmentation du nombre de naissances du fait de la progression des vêlages d’automne. D’autre part, le nombre de déclarations d’avortements a été multiplié par deux dans les mois de juillet à septembre, période de pleine exposition à l’épizootie pour notre département.
La naissance en cours de veaux avec des malformations nerveuses
Les impacts de la transmission transplacentaire du virus de la fièvre catarrhale, sérotype 8, dans le 2ème tiers de la gestation se découvrent avec les vêlages qui se déroulent actuellement. Chez le veau, la période la plus critique se situerait entre le 70ème et le 140ème jour et pour l’agneau, entre le 50ème et le 80ème jour de gestation. Suite à l’infection de femelles gestantes par le virus de la fièvre catarrhale, sérotype 8, des veaux nouveau-nés présentent de sévères troubles du développement de l’encéphale, intéressant plus particulièrement les hémisphères cérébraux, qui apparaissent comme des sacs remplis de liquides (hydranencéphalie). Le cervelet est dans la plupart des cas épargné ou bien au contraire totalement absent. Les nouveau-nés présentent des signes nerveux comme de l’opisthotonos, des troubles du comportement, ou encore une cécité.
Les indemnisations centrées sur les nouveau-nés, actuelles principales victimes collatérales de la fièvre catarrhale
Comme indiqué dans notre article du 16 janvier, depuis le 18 décembre, les mortalités ne sont plus indemnisées sauf lors d’euthanasie des animaux sur ordre de l’administration. Cette mesure s’avère utile pour ces nouveau-nés avec des symptômes nerveux dont l’origine peut être liée à une transmission transplacentaire du virus de la fièvre catarrhale. Pour être prise en compte, lors de symptômes évocateurs, le vétérinaire sanitaire de l’exploitation remplira une fiche de suspicion, fera un prélèvement de sang pour analyse virologique fièvre catarrhale avant l’euthanasie. L’animal doit être identifié. La visite de suspicion et l’analyse fièvre catarrhale seront prises en charge dans le cadre de la police sanitaire. En cas de résultat virologique positif, l’euthanasie sera également prise en charge et l’animal indemnisé. Le montant de ces indemnités reste identique à savoir : 100 euros par animal de l’espèce bovine de race laitière et âgé de moins de 8 mois, 228,67 euros par animal pour les autres animaux de l’espèce bovine et 45,73 euros par animal des espèces ovine et caprine euthanasié sur ordre de l’administration. Toutefois, pour les cheptels de sélection, ce plafond peut être porté à 91,47 euros par animal des espèces ovine et caprine euthanasié. Si d’autres animaux du même élevage se trouvent dans une situation identique, l’analyse ne sera plus nécessaire, la prise en charge concernera la visite de suspicion, l’euthanasie et l’indemnisation de l’animal. Les apports de soins à ces animaux rentrent dans le cadre de la CSSA.
Un suivi de l’impact clinique du virus de la fièvre catarrhale qui se poursuit, la prévention vaccinale à réaliser
Les impacts cliniques de l’épizootie fièvre catarrhale, sérotype 8, subis par notre département en 2008 continuent à se faire douloureusement sentir dans cette période de vêlages hivernale. Face à cette situation, je vous invite :
- A mettre en place le système d’indemnisation décrit ci-dessus, en relation avec votre vétérinaire sanitaire, dès qu’une suspicion existe au sein de votre élevage.
- A nous remonter les informations concernant votre élevage au travers du questionnaire que vous avez reçu avec votre GDS Creuse Mémo (également disponible sur www.gdscreuse.fr) ou en complément si vous l’avez déjà retourné et que de nouveaux éléments sont intervenus.
- A mettre en place de façon appliquée la vaccination même si les conditions de réalisation sont difficiles. Je reviendrais de manière plus détaillée sur ce dernier point dans le prochain article.
Le GDSCC reste à votre disposition, n’hésitez pas à nous contacter pour tout renseignement complémentaire ou faire part de toute difficulté.
Dr Didier GUERIN
GDS Creuse