La parafilariose bovine – 19 juin 2015

La parafilariose bovine
Des cas observés actuellement en Creuse

« Sueurs de sang » => Ces dernières semaines, des trainées de sang coagulé ont été observées sur plusieurs bovins, essentiellement des taureaux, dans différents élevages. Il s’agit de la parafilariose bovine, aussi appelée « maladie des sueurs de sang ».

 

La parafilariose bovine est une maladie parasitaire du printemps/été due à la présence, au développement et à la migration dans le tissu conjonctif sous-cutané et intermusculaire d’un nématode, la filaire Parafilaria bovicola. Elle se manifeste par la formation de nodules hémorragiques cutanés, surtout sur les parties antérieures et dorsales de l’animal (plaies d’été d’où son appellation de « maladie des sueurs de sang »), ainsi que par des lésions sous-cutanées et musculaires ayant l’apparence de contusions. Le parasite est transmis aux bovins par des mouches.

Une répartition mondiale, une présence en France, plutôt en zones allaitantes

Cette affection est rencontrée dans de nombreuses régions du globe comme l’Afrique (sud, Maroc, Tunisie…) ou l’Asie (Inde, Philippines…). Enzootique en Suède, Bulgarie et Roumanie, elle évolue en France depuis plus d’un demi-siècle avec une répartition mal connue. Des cas ont été décrits dans le Sud-ouest (Piémont Pyrénéen), le Massif Central, en Franche-Comté et en Bourgogne.

Une saisonnalité marquée avec un pic d’observation de mai à juillet

Les 1ers saignements apparaissent au printemps et disparaissent en fin d’été. En Suède, un pic de saignements s’observe en mai avec une diminution en juin et une légère reprise en juillet avant une complète disparition. Parallèlement, on remarque une saisonnalité des saisies pratiquées sur les carcasses pour parafilariose. En relation avec le cycle (cf. encadré), l’incidence lésionnelle est faible d’août à décembre pour augmenter à partir de janvier pour atteindre un maximum de février à mars. Ce niveau maximum est maintenu pendant 6 mois avant de diminuer à partir de juillet. Ce pic d’observation des saignements au printemps s’expliquerait par les éléments suivants : long développement chez le bovin, biologie des mouches, apparente nécessité d’un ensoleillement suffisant comme stimulus à la ponte du Parafilaria bovicola.

Une observation majoritaire sur les jeunes taureaux

La fréquence des animaux atteints augmente à partir de 2 ans jusqu’à 4 ou 5 ans. Les mâles sont beaucoup plus souvent atteints et plus sévèrement touchés que les femelles. Les génisses sont plus atteintes en 1ère saison de pâture et les vaches adultes ne présentent que très rarement des symptômes. Ceci est très certainement en relation avec le développement d’une immunité sous influence d’hormones sexuelles. Par contre, certaines vaches immunisées peuvent être porteuses saines et indirectement contaminer les taureaux nouvellement introduits.

Les nodules hémorragiques avec « sueurs de sang », signes visibles de la maladie

Les bovins atteints présentent sur la peau des nodosités dures et indolores de la taille d’un pois à une noisette. Ce sont des tuméfactions remplies de sang dans lesquelles sont encapsulés des vers femelles. Lors de la ponte, les femelles créent un orifice cutané par lequel s’échappe un filet de sang laissant une tramée de sang coagulé longue de 15 à 30 cm. Ensuite le nodule s’affaisse et disparaît. Si les nodules sont nombreux et s’ouvrent dans un laps de temps réduit, l’ensemble prend l’aspect de « sueurs de sang ». Les surinfections bactériennes sont rares, certaines nodosités peuvent se transformer en abcès sous-cutanés. L’état de santé des animaux infestés est, le plus souvent, normal avec un bon état général et un appétit conservé. Parfois, un animal (souvent un taureau) peut apparaître « raide », gêné dans ses déplacements avant l’apparition des signes locaux. Les points de saignement sont répartis des 2 côtés de l’animal avec une localisation préférentielle dans la moitié supérieure du corps en relation avec la nécessité de l’ensoleillement pour la ponte des femelles.

La parafilariose se manifeste par la formation de nodules hémorragiques cutanés, principalement sur les parties antérieures et dorsales de l'animal. Ce sont des tuméfactions remplies de sang dans lesquelles sont encapsulés des vers femelles (ver filiforme, blanc nacré, de 3 à 7 cm de longueur sur 0,35 à 0,5 mm de diamètre). Lors de la ponte, les femelles créent un orifice cutané par lequel s’échappe un filet de sang.

La parafilariose se manifeste par la formation de nodules hémorragiques cutanés, principalement sur les parties antérieures et dorsales de l’animal. Ce sont des tuméfactions remplies de sang dans lesquelles sont encapsulés des vers femelles (ver filiforme, blanc nacré, de 3 à 7 cm de longueur sur 0,35 à 0,5 mm de diamètre). Lors de la ponte, les femelles créent un orifice cutané par lequel s’échappe un filet de sang.

Un traitement des bovins identifiés avec de la clinique le plus précocement possible

Le traitement est basé sur l’ivermectine sous sa forme injectable à la dose de 200 microgrammes par kilogramme de poids vif. Une injection par voie sous-cutanée en début de période de saignement permet l’arrêt des hémorragies cutanées et prévient la formation de nouveaux nodules. La prescription du médicament sera réalisée par le vétérinaire traitant après consultation du bovin et confirmation du diagnostic. Au-delà du temps d’attente du médicament, afin de limiter les saisies partielles pour parage et épluchage des zones atteintes, un délai de deux mois pour l’abattage est indiqué, temps nécessaire pour la résorption des lésions et la limitation des séquelles. En l’absence de traitement, la parafilariose prend l’allure d’une maladie récurrente, s’exprimant chaque année sur le même animal, jusqu’a trois ou quatre ans de suite d’où l’intérêt d’une intervention thérapeutique dès l’observation des 1ers symptômes.

Une parasitose sporadique sous-diagnostiquée

En France, il est très difficile de préciser la prévalence réelle de cette parasitose. Comme le montrent les remontées de printemps de ces dernières années, elle existe mais reste sporadique. Sa méconnaissance fait penser que la parafilariose bovine demeure très certainement sous-diagnostiquée. Les saignements sont souvent attribués à des blessures (barbelés, coups de cornes) ou à des piqûres d’insectes. De plus, ces saignements sont généralement de courte durée et peuvent donc passer inaperçus. La ressemblance des lésions avec des contusions suite au transport des animaux ainsi que le faible nombre de vers présents sur les carcasses, justifie aisément qu’aucun abattoir en France ne recherche le parasite à l’inspection des carcasses.

Dr Didier GUERIN
GDS Creuse

La semaine prochaine : La cysticercose

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