La tuberculose bovine – 05 février 2020

Tuberculose bovine
Une vigilance à maintenir

La tuberculose bovine, un retour au premier plan => Parfois considérée comme une maladie du passé, l’actualité de la tuberculose bovine en Nouvelle-Aquitaine nous montre qu’il n’en est rien et que la vigilance s’impose.

Provoquée par une bactérie très résistante dans le milieu extérieur, la tuberculose bovine fait un retour inquiétant pour toute la filière en Nouvelle-Aquitaine depuis plusieurs années.

Un agent pathogène particulièrement résistant

La bactérie responsable de la tuberculose, Mycobacterium bovis, infecte principalement le bovin, mais également tous les mammifères, homme compris ; c’est une zoonose. Suite à une contamination, l’infection se développe lentement avec l’apparition de nodules caséeux. Les symptômes sont souvent peu caractéristiques en début d’évolution puis l’amaigrissement et la toux dominent. La transmission se fait principalement par contact direct entre un animal contaminé et un animal sain (1 bactérie peut suffire par voie respiratoire !). L’environnement joue également un grand rôle, la bactérie résistant plusieurs semaines dans l’eau ou les fumiers. Dans les zones contaminées, les facteurs de risque identifiés sont le voisinage de pâture, l’accès aux points d’eau ou l’ingestion d’aliments contaminés (herbe sur pied, pierre à sel, nourrisseur).

Une lutte complexe et longue

Lorsqu’un foyer est confirmé, l’abattage total est la règle, suivi de mesures de désinfection poussées et d’un vide sanitaire. L’éleveur est indemnisé et peut ensuite reconstituer son cheptel. A l’échelle de l’élevage, la prévention passe par des mesures simples : isolement des animaux introduits jusqu’au résultat du contrôle, pédiluves pour tout intervenant, désinfection des bâtiments et du matériel en commun, gestion des effluents (surtout les fumiers), mise à plus de 80 cm du sol des abreuvoirs, pierres à sel et nourrisseurs. Dans les zones historiquement les plus touchées comme la Côte d’Or ou la Camargue, l’assainissement a fini par porter ses fruits. C’est la preuve que des mesures sanitaires avec un dépistage rigoureux permettent de réduire l’incidence de cette maladie.

Une situation régionale préoccupante

En France, 25 % des élevages étaient contaminés vers 1950. Les prophylaxies ont abaissé ce taux à 0,016 % en 2005. Aujourd’hui, le taux d’incidence annuel reste inférieur à 0,1 % des cheptels, seuil de maintien du statut officiellement indemne mais des foyers de tuberculose réapparaissent, surtout en Nouvelle-Aquitaine. En 2019, 92 foyers ont été déclarés au niveau national dont 68 en Nouvelle-Aquitaine (74 %) (cf. carte 2019).

Une prophylaxie systématique dans certains départements

Dans les zones touchées, la prophylaxie concerne tous les bovins de plus de 24 mois (18 mois en Dordogne). La Haute-Vienne est en dépistage biennal avec des zones en suivi annuel et une partie de la Corrèze est aussi en suivi annuel. L’intradermotuberculination est désormais comparative (IDC) afin d’écarter les réactions qui seraient dues à d’autres mycobactéries (aviaire ou celle de la paratuberculose par exemple). Le vétérinaire tond la peau à deux points de l’encolure, mesure l’épaisseur des plis de peau, injecte les tuberculines aviaires et bovines et remesure les mêmes plis de peau 72 heures plus tard si le moindre épaississement de la peau est détecté à la palpation. Le résultat est considéré comme négatif, douteux ou positif en comparant l’épaississement à des valeurs de référence.  L’acte d’intradermotuberculination nécessite une parfaite contention des bovins avec des installations et des moyens humains adaptés.

 

En Creuse, une surveillance sur les mouvements avec une application particulière aux intradermotuberculinations à réaliser…

A ce jour, la Creuse est indemne de tuberculose et n’a pas de cheptel en prophylaxie tuberculose. En zone non-contaminée, l’introduction d’un bovin porteur reste le facteur principal de contamination. Le dépistage se concentre sur les animaux ayant un délai de transfert entre le cheptel de sortie et celui d’arrivée supérieur à 6 jours et se fait en intradermotuberculination simple (IDS) avec l’injection de la seule tuberculine bovine. Pour certaines exportations, des IDC sont exigées. Lors de tout dépistage, il est de la responsabilité de l’éleveur d’assurer une bonne contention de l’animal le jour de l’intradermotuberculination et 3 jours plus tard lors du contrôle, afin que le vétérinaire puisse pratiquer l’injection et les mesures dans de bonnes conditions. Les suspicions déclarées à la DDCSPP en 2019 ont fait l’objet de recontrôles qui se sont révélés négatifs.

Lors de vos ventes, sur les ASDA, la date de sortie est complétée. Lors des introductions, comparez cette date avec la date d’arrivée dans votre troupeau. Si le délai dépasse 6 jours, l’animal devra être testé en intradermotuberculination simple et restera isolé comme pour toute introduction.

à l’abattoir, par examen des ganglions…

Une surveillance de la tuberculose est effectuée à l’abattoir par un examen systématique chez les bovins des ganglions lymphatiques de la gorge et des poumons. Toute lésion évocatrice fait l’objet d’une suspicion, confirmée ou infirmée par des analyses complémentaires. En Creuse, en 2019, 30 suspicions de tuberculose bovine ont pour origine une détection en abattoir, aucune n’a été confirmée suite à l’analyse des lésions.

… et de la faune sauvage

Dans les zones où la tuberculose s’installe, la faune sauvage se contamine au contact des bovins et peut constituer un réservoir de la bactérie. Les cerfs et les blaireaux peuvent recontaminer le bétail, les sangliers et les renards semblent être des culs-de-sac épidémiologiques. En Creuse, le suivi de la faune sauvage est assuré dans le cadre du réseau Sylvatub, complété par une surveillance départementale organisée par la Fédération des Chasseurs de la Creuse, la DDCSPP, le LDA et GDS Creuse (cf. article du 26/06/2019). Tous les contrôles effectués ont été négatifs.

Une vigilance à poursuivre

Dans le contexte régional actuel, la vigilance doit être de mise, tant pour les éleveurs (isoler tout animal introduit, vérifier les délais de transfert à l’introduction, privilégier la provenance directe du cheptel d’origine, avoir une parfaite contention pour l’intervention du vétérinaire) que pour les vétérinaires (réalisation des IDS ou IDC avec la plus grande rigueur). Les mesures de biosécurité encore insuffisamment appliquées demandent à être développées. Cela fait partie des axes de sensibilisation et de formation des GDS en relation avec les vétérinaires à destination des éleveurs.

Pour plus d’informations, consultez la page tuberculose (https://www.plateforme-esa.fr/page/thematique-tuberculose) sur la plateforme ESA (épidémiosurveillance santé animale). Votre vétérinaire sanitaire, la DDCSPP et le GDS restent à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

Dr Bénédicte MARTINEAU – Dr Marie-Luc JEANDAUX – DDCSPP
Dr Boris BOUBET – Christophe Le Maux – GDS Creuse –
www.gdscreuse.fr

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