Suivi sanitaire de la faune sauvage en Creuse – 01 juin 2022

Le suivi sanitaire de la faune sauvage en Creuse

Résultats 2021/2022 – Perspectives 2022/2023

Faune sauvage creusoise : Les animaux sauvages étant potentiellement vecteurs de maladies pour les animaux domestiques et l’Homme, un suivi régulier a été mis en place il y a 26 ans. La situation est globalement satisfaisante en Creuse mais des pathologies comme la brucellose porcine et l’échinococcose nécessitent une vigilance particulière respectivement de la part des éleveurs de porcs plein air et de tout citoyen.

Le groupe de travail DDETSPP23, DDT23, LDA d’Ajain, GDS Creuse et Fédération Départementale des Chasseurs de la Creuse a poursuivi sa surveillance pour la saison 2021/2022, grâce aux chasseurs assurant la collecte de matériel biologique sur des animaux prélevés à la chasse. Tout le monde tient à fortement remercier ce réseau de chasseurs – préleveurs. Le suivi triennal (tuberculose sur les chevreuils, brucellose sur les sangliers) repris au niveau régional pour les cerfs (tuberculose), l’actualité sanitaire (Aujeszky sur les sangliers) et les obligations règlementaires (trichine sur sangliers) ont axé les recherches. Pour la trichine, de nouveau, les 45 résultats sont négatifs.

Un suivi tuberculose de la faune sauvage avec les réseaux SAGIR et SYLVATUB…

La situation épidémiologique de la tuberculose bovine en France montre une très faible prévalence en élevage mais avec une proportion importante des cas en Nouvelle- Aquitaine (70 des 99 foyers nationaux). Dans les zones où la maladie est implantée, des animaux sauvages peuvent se retrouver infectés. Pour identifier le plus précocement possible une infection de la faune sauvage, un réseau de surveillance (Sylvatub) est mis en place. Le niveau départemental est fonction du risque vis à vis de cette maladie. Le niveau 3 est appliqué dans les départements où elle présente une prévalence relativement élevée et où il est nécessaire de caractériser davantage la circulation de la maladie dans la faune sauvage. Le niveau 2 est appliqué selon les éléments suivants : mise en évidence récente de cas de tuberculose bovine dans la faune sauvage, détection de foyers bovins de façon régulière ou avec une augmentation d’incidence ou proximité de zones classées en niveau 3. Le niveau 1 est attribué aux autres départements dont la Creuse.

… des actions complémentaires en Creuse …

En raison de la situation particulière de la tuberculose dans notre région et de la sensibilité du cheptel creusois en élevage plein air majoritairement, le choix a été fait de mettre en place une surveillance spécifique dans le cadre du suivi triennal. Sur la campagne 2021/2022, des prélèvements ont été effectués sur 73 chevreuils, tous les résultats se sont avérés négatifs.

Le suivi 2021/2022 concernait des pathologies sur les cerfs, les chevreuils et les sangliers. La seule menace identifiée reste la brucellose porcine avec une prévalence importante sur les sangliers.

… et au niveau du Massif Central

Souhaitant mettre en place un suivi sanitaire, l’Observatoire Cerf du Massif Central (OCMC) s’est inspiré du schéma creusois. Les dépistages sont mis en place dans le Cantal, la Corrèze, la Creuse, la Haute-Loire et la Lozère, ainsi que pour deux départements partenaires, l’Aveyron et le Tarn. Pour cette campagne, le dépistage concernait la surveillance de la tuberculose bovine. 41 prélèvements ont été analysés pour la Creuse, tous les résultats se sont avérés négatifs.

Une surveillance brucellose porcine sur les sangliers

Identifiée de longue date sur les sangliers, la prévalence de la brucellose porcine est évaluée tous les 3 ans. La situation est stable, avec un taux de positivité d’environ 50 %. Cela vient rappeler la nécessité pour les élevages de suidés en plein-air de mettre en place toutes les mesures de biosécurité et notamment la mise en conformité des clôtures. Cette maladie étant une zoonose, les personnes manipulant des sangliers doivent respecter les mesures d’hygiène de base.

… et Aujeszky après des alertes sur les sangliers

En raison de cas de maladie d’Aujeszky dans des élevages de sangliers de l’Allier en 2020 et 2021, un élevage en Corrèze en 2021 et la contamination de plusieurs chiens de chasse, un suivi est effectué pour cette maladie depuis 2 campagnes. Une attention particulière a été portée aux zones voisines d’élevages de suidés en plein air et à la limite Est du département. 39 prélèvements ont été effectués et aucun résultat positif n’est ressorti.

Une étude sur l’échinococcose alvéolaire sur les renards

C’est une maladie parasitaire due à un petit ténia, Echinococcus multilocularis. Les renards principalement mais également les chiens et occasionnellement les chats se parasitent en consommant des campagnols (hôtes intermédiaires). Les carnivores excrètent ensuite des « œufs » très résistants dans le milieu extérieur qui peuvent souiller avec leurs déjections les fruits, les végétaux ou leur pelage. L’homme peut alors devenir un hôte accidentel, par la proximité avec les renards ou le contact direct avec les chiens ainsi que la consommation de produits souillés. Un échantillon de 100 prélèvements uniformément répartis sur le département de la Creuse a été programmé. Avec une prévalence de 47 % sur 62 renards, les premiers résultats confirment la présence de ce parasite sur notre territoire.

Pour 2022/2023, le contrôle trichine, le maintien de la surveillance Aujeszky et un sondage SDRP sur les sangliers

La recherche de la trichine va être poursuivie du fait des obligations réglementaires relatives à leur consommation. Compte-tenu de l’alerte persistante sur la maladie d’Aujeszky, la surveillance va se poursuivre avec là aussi 50 prélèvements analysés, couplée à une analyse SDRP pour vérifier l’absence de circulation de cette maladie dans la population sauvage.

Pour les chevreuils, une surveillance de la BVD

Les chevreuils étant une espèce théoriquement sensible au virus de la BVD, leur statut sérologique est suivi tous les 3 ans. Jusqu’à présent tous les résultats se sont avérés négatifs ce qui confirme que la faune sauvage n’est pas un facteur de risque pour les bovins. Pour cette campagne, 100 prélèvements seront à nouveau analysés.

Une évaluation du niveau d’infestation parasitaire des cervidés

Nous avions constaté ces dernières années une contamination parasitaire relativement élevée sur les chevreuils, avec l’émergence de nouveaux parasites des bovins qui semblent s’adapter aux cervidés (ostertagia par exemple). Cette surveillance sera également étendue aux cerfs du Massif Central dans le cadre de l’OCMC.

La sérothèque départementale, un outil pour la recherche

Depuis 2009, les prélèvements sanguins acheminés au LDA d’Ajain sont stockés afin de permettre une reprise ultérieure si des recherches sur une pathologie venaient à être décidées. A ce jour, 1.198 échantillons sont conservés, dont 408 de chevreuils, 359 de cerfs et 229 de sangliers.

 

 

Le suivi sanitaire de la faune sauvage, un outil utile pour tous

La surveillance sanitaire de la faune sauvage, en place en Creuse depuis 1996, permet le recueil de données au regard du statut du gibier en matière de zoonoses et de maladies communes aux espèces sauvages et domestiques. Il représente un outil d’alerte éventuelle pour les gestionnaires de la faune sauvage et de la santé humaine et animale, d’où sa poursuite avec son adaptation en fonction des besoins. Pour les éleveurs, la seule menace identifiée reste la brucellose porcine avec une prévalence importante sur les sangliers. N’hésitez pas à nous contacter pour tout commentaire, suggestion ou demande.

Dr B. BOUBET (GDS Creuse)
S. QUINIO (FDC 23)
Dr P. GILLI-DUNOYER (DDT)
Dr ML. JEANDAUX (DDETSPP)
Dr E. GUILLEMOT (LDA)

 

imprimer cet article imprimer cet article