Tuberculose bovine – 15 juin 2022

Tuberculose bovine
Une vigilance à renforcer dans un contexte régional préoccupant

La tuberculose bovine, une maladie toujours d’actualité : Parfois considérée comme une maladie du passé, l’évolution de la tuberculose bovine en Nouvelle-Aquitaine nous montre qu’il n’en est rien et que la vigilance reste de mise.

La tuberculose bovine est classée B dans le cadre de la Loi de Santé Animale, soit maladie à éradication obligatoire dans tous les pays européens, et sa gestion est pilotée par la DDETSPP.

Un agent pathogène contagieux…

La maladie est provoquée par des bactéries du genre Mycobacterium (bovis, caprae, tuberculosis). Elles infectent les bovins, mais également tous les mammifères, homme compris ; c’est une zoonose. Suite à une contamination, l’infection se développe lentement avec l’apparition de nodules caséeux. Les symptômes sont souvent peu caractéristiques en début d’évolution puis l’amaigrissement et la toux dominent. L’animal est contagieux bien avant toute manifestation clinique et même avant la présence de lésion visible. La transmission se fait principalement par contact direct entre un animal contaminé et un animal sain (1 bactérie peut suffire par voie respiratoire !).

… et très résistant dans le milieu extérieur

Le jetage, l’urine et les excréments étant contaminants, l’environnement joue un grand rôle dans la persistance de la maladie, la bactérie résistant plusieurs semaines dans l’eau ou les fumiers. Dans les zones contaminées, les facteurs de risque identifiés sont le voisinage de pâture, l’accès aux points d’eau ou l’ingestion d’aliments contaminés (herbe sur pied, pierre à sel, nourrisseur).

Une prophylaxie systématique dans certains départements…

A ce jour, la Creuse est indemne de tuberculose et n’a pas de cheptel en prophylaxie tuberculose. Dans les zones touchées, la prophylaxie concerne tous les bovins de plus de 24 mois, cet âge pouvant être abaissé à 18 mois voire 12 mois en fonction du niveau de risque identifié. L’intradermotuberculination est comparative (IDC) afin d’écarter les réactions qui seraient dues à d’autres mycobactéries (aviaire ou celle de la paratuberculose par exemple). Le vétérinaire tond la peau à deux points de l’encolure, mesure l’épaisseur des plis de peau avec un cutimètre, injecte les tuberculines aviaires et bovines et remesure les mêmes plis de peau 72h plus tard (+/- 4 h) si le moindre épaississement de la peau est détecté à la palpation. Le résultat est considéré comme négatif, douteux ou positif en comparant l’épaississement à des valeurs de référence. Lors de tout dépistage, il est de la responsabilité de l’éleveur d’assurer une bonne contention de l’animal, avec des installations et des moyens humains adaptés, le jour de l’intradermotuberculination et lors du contrôle, afin que le vétérinaire puisse pratiquer l’injection et les mesures dans de bonnes conditions.

… et une situation régionale préoccupante

25 % des élevages français étaient contaminés vers 1950 mais les prophylaxies ont permis d’abaisser ce taux à 0,016 % en 2005. Aujourd’hui, le taux d’incidence annuel reste inférieur à 0,1 % des cheptels, seuil de maintien du statut officiellement indemne de la France mais des foyers de tuberculose réapparaissent, surtout en Nouvelle-Aquitaine. En 2021, 99 foyers ont été déclarés au niveau national dont 70 en Nouvelle-Aquitaine (71 %). Ce chiffre reste globalement stable malgré les mesures mises en œuvre.

La Nouvelle-Aquitaine concentre 71 % des foyers français de tuberculose bovine.

Les différentes souches de Mybobacterium bovis sont appelées spoligotypes. Leur identification permet de retracer les sources de la contamination.

Une lutte complexe et longue

Lorsqu’un foyer est confirmé, l’abattage total est la règle pour limiter la contamination du milieu, suivi de mesures de désinfection poussées et d’un vide sanitaire. L’éleveur est indemnisé et peut ensuite reconstituer son cheptel. Mais dans les zones historiquement les plus touchées, la contamination environnementale rend la lutte complexe. A l’échelle de l’élevage, la prévention passe par la mise en place de mesures de biosécurité : isolement des animaux introduits jusqu’au résultat du contrôle, pédiluves pour tout intervenant, désinfection des bâtiments et du matériel en commun, gestion des effluents (surtout les fumiers), mise en place de double clôtures, mise à plus de 80 cm du sol des abreuvoirs, nourrisseurs et pierres de sel.

Dans les zones indemnes, une surveillance sur les mouvements…

En zone non-contaminée, l’introduction d’un bovin porteur reste le facteur principal de contamination. Le statut du cheptel de départ est contrôlé par le GDS lors de toute introduction en élevage. S’il est classé « à risque tuberculose » (voisin de foyer ou ancien foyer), un dépistage par IDC a dû être réalisé avant le départ du bovin. Par ailleurs, lors de la découverte d’un foyer, une enquête est réalisée par la DDETSPP pour identifier les cheptels en lien épidémiologique. Un dépistage en IDC peut alors être mis en œuvre sur le cheptel (lien amont) ou sur les bovins issus (lien aval). En Creuse, cela a permis d’identifier un animal porteur dans un atelier d’engraissement dérogataire, issu d’un foyer, entrainant l’abattage des animaux et la désinfection du site.

… à l’abattoir, par examen des ganglions…

Une surveillance de la tuberculose est effectuée à l’abattoir par un examen systématique chez les bovins des ganglions lymphatiques de la gorge et des poumons. Toute lésion évocatrice fait l’objet d’une suspicion, confirmée ou infirmée par des analyses complémentaires. En Creuse, en 2022, 11 suspicions de tuberculose bovine ont pour origine une détection en abattoir, aucune n’a été confirmée suite à l’analyse des lésions. Pendant la période d’investigation, les élevages sont mis sous APMS et peuvent sous certaines conditions bénéficier d’une indemnisation dans le cadre du FMSE.

… et de la faune sauvage

Dans les zones où la tuberculose s’installe, la faune sauvage se contamine au contact des bovins et de l’environnement et peut constituer un réservoir de la bactérie. Les cerfs et les blaireaux peuvent ensuite recontaminer le bétail, le cas des sangliers et des renards restant en suspens. En Creuse, le suivi de la faune sauvage est assuré dans le cadre du réseau Sylvatub, complété par une surveillance départementale organisée par la Fédération des Chasseurs de la Creuse, la DDETSPP, la DDT, le LDA et GDS Creuse (cf. article du 01/06/2022). Les contrôles effectués en 2022 ont été une fois de plus négatifs.

Une vigilance à poursuivre

Dans le contexte régional actuel, la vigilance doit être de mise, tant pour les éleveurs (connaissance du statut du cheptel d’origine, isoler tout animal introduit, avoir une parfaite contention pour l’intervention éventuelle du vétérinaire) que pour les vétérinaires (réalisation des IDC avec la plus grande rigueur) ou les opérateurs commerciaux. Les mesures de biosécurité encore insuffisamment appliquées demandent à être développées. Cela fait partie des axes de sensibilisation et de formation des GDS en relation avec les vétérinaires à destination des éleveurs. Votre vétérinaire sanitaire, la DDETSPP et le GDS restent à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

 

 

DMV Jean-Yves POIRRIER – DMV Marie-Luc JEANDAUX – DDETSPP
DMV Boris BOUBET – Christophe LE MAUX – GDS Creuse

 

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