Diarrhées néonatales 2/3 – Dynamique de contamination – 16 novembre 2012

La dynamique de contamination
La connaître pour adapter sa prévention

« Le microbe n’est rien, le terrain est tout »
Selon l’importance des facteurs favorisants dans un élevage, le développement de maladie(s) va être plus ou moins important au sein de l’effectif. La connaissance du mécanisme va permettre d’adapter sa prévention.

Des germes comme le virus syncytial, les cryptosporidies ou les coccidies sont présents dans tous les élevages alors que les grippes, diarrhées néonatales ou coccidioses ne se rencontrent que dans 20% des troupeaux. Ces phénomènes épidémiques se développent en présence de facteurs favorisants. Leur identification permet d‘adapter durablement sa prévention avec la mise en place de mesures sanitaires. Ce phénomène est illustré avec deux exemples : les diarrhées néonatales et les grippes sur les jeunes veaux.

Les diarrhées néonatales, une progression au cours de la saison de vêlages

Dans un élevage confronté à des diarrhées néonatales, la saison débute souvent avec pas ou peu de diarrhées qui touchent un nombre réduit de veaux et guérissent facilement. Au fur et à mesure du déroulement des vêlages, le nombre et la gravité des diarrhées augmentent pour arriver à un taux de veaux malades pouvant atteindre 100% avec une aggravation des symptômes, une apparition des rechutes et de la mortalité. Ce phénomène résulte de la dynamique de contamination. C’est un processus à connaître afin de pouvoir mettre en place une politique de lutte et de prévention adaptée.

Une origine de la contamination multiple avec un historique défavorable aggravant

L’origine des germes responsables de diarrhées est double. Certaines vaches sont porteuses saines. Ces germes sont émis au niveau des bouses, notamment, autour du vêlage (période de déficit immunitaire de la vache avec passage des anticorps vers le colostrum). Le taux de vaches porteuses saines sera d’autant plus important qu’elles se trouvent dans un élevage régulièrement confronté à des diarrhées néonatales. Par contamination orale, les veaux, en particulier à la naissance, vont se contaminer et devenir porteurs sains. Au cours de la saison de vêlage, le nombre de porteurs augmente en présence de facteurs favorisants de contamination pour pouvoir atteindre dans certains cas 70%. La deuxième origine de contamination résulte de la présence de germes au niveau de l’environnement où se trouvent les veaux. La majorité des germes à l’origine de diarrhée néonatale sont résistants dans le milieu extérieur. Ils peuvent persister dans une stabulation d’une saison de vêlage à l’autre et donc être à l’origine de nouvelles contaminations en début de nouvelle saison. A l’abri dans des matières organiques (fumier), les colibacilles résistent plusieurs semaines, les virus plusieurs mois et les cryptosporidies plusieurs années !

Le veau : un relais multiplicateur très efficace, élément moteur de la dynamique de contamination

Dans la dynamique de contamination, le veau représente l’élément moteur. A la naissance, aucun germe n’est présent dans son tube digestif. Il va se coloniser avec les germes de son environnement absorbés par voie orale. Dans un milieu sain, ce sont des germes banaux qui vont s’installer et qui sont nécessaires pour son fonctionnement. Ces germes se multiplient, pour occuper la totalité de l’intestin. Ils sont ensuite, en partie expulsés dans les fèces. En cas de présence de germes pathogènes, ceux-ci suivent le même développement et donc se trouvent en plus grand nombre.

Une phase insidieuse peu visible avant l’explosion de la maladie

Dans une première phase de la saison de vêlage, les premiers veaux multiplient les germes pathogènes présents sans présenter de signe de maladie car le niveau de protection est suffisant. Progressivement, lorsqu’on atteint la limite du seuil de protection, en particulier sur les veaux les plus faibles, les premiers signes de diarrhées apparaissent. Ces premiers veaux malades guérissent le plus souvent rapidement. Cependant, un veau en phase maladie excrète plus d’un milliard de germes par gramme de fèces, alors que 100.000 suffisent à contaminer un veau. On arrive alors à une phase d’accélération de la contamination. On observe de plus en plus de veaux malades, avec des diarrhées de plus en plus difficiles à guérir. L’augmentation de la gravité découle de l’augmentation de la pression d’infection et de la virulence des germes, en particulier des virus, du fait du passage en série sur plusieurs veaux. Dans le 3ème tiers de la saison de vêlage, plus de 60 % des veaux sont malades avec de longues durées de guérison et des taux de rechute élevés.

Les 1ères actions en matière de prévention : désinfection, vêlages en zones propres et isolement des malades

Entre les saisons de vêlage, dans un élevage confronté à des diarrhées néonatales, une désinfection systématique des bâtiments d’élevage est à effectuer. Les fumiers issus de ces stabulations ne seront pas épandus sur des prairies ou après mise en tas, minimum de 6 mois. Les germes de la diarrhée étant résistants dans le milieu extérieur, une contamination des prairies entraîne une augmentation des vaches porteuses saines à l’origine de nouvelles contaminations aux vêlages suivants. Au cours de la saison de vêlage, afin de limiter la contamination du veau à la naissance, on recherche la réalisation d’un vêlage dans un milieu propre, bien paillé et le moins contaminé possible. Cela implique de proscrire les naissances dans des milieux infectés, comme un local qui sert d’infirmerie ou les box à veaux. Sachant que la contamination induite par les veaux malades (de 1 à 1.000 milliards de germes par gramme de fèces) est énorme, la contamination du veau nouveau-né sera automatique. Dès l’apparition de diarrhée, le box de vêlage sera nettoyé et désinfecté le plus souvent possible et le veau malade sera isolé.

Ensuite, rechercher les facteurs de risque propres à son élevage

La connaissance de la dynamique de contamination permet, d’une part, d’enlever quelques idées reçues (apparition d’une épidémie en quelques jours) et d’autre part de mettre en place des mesures de prévention adaptées de 1ère intention qui peuvent être simples pour certaines d’entre elles. L’action sera à poursuivre avec la recherche des facteurs de risque propres à son élevage. Cela implique de réaliser une approche spécifique, ce sera l’objet du prochain article. Pour tout renseignement complémentaire, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou GDS Creuse.

Dr Didier GUERIN
GDS Creuse

 

 

 

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